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Seedorf : «Zico incarnait le football que j'aimais»
Publié dans Le Buteur le 27 - 08 - 2013

«En 1986, quand la France a battu le Brésil en Coupe du monde, j'ai pleuré de rage» «La discipline tactique est beaucoup plus forte en Europe, au Brésil il y a plus de qualité individuelle» «Au Brésil, si un attaquant se retrouve avec deux défenseurs sur le dos, il va essayer de les éliminer. Aux Pays-Bas, la consigne est de donner le ballon derrière»
Il a traversé l'océan sans savoir à quoi s'attendre. Au terme d'une saison où il avait été peu utilisé par Massimiliano Allegri et où il n'avait pas obtenu le temps de jeu qui était le sien normalement à l'AC Milan, à savoir une cinquantaine de matchs par saison, Clarence Seedorf a décidé d'aller voir ailleurs. Il a ainsi rejoint Botafogo, avec un statut de héros accompagné de la responsabilité de montrer l'exemple à un effectif jeune. À son arrivée à l'aéroport, une foule immense l'attendait avec une gigantesque banderole sur laquelle était floqué le visage de la nouvelle recrue. L'adaptation n'a pas été difficile. Seedorf parlait déjà le portugais, appris aux côtés de Roberto Carlos, son coéquipier au Real Madrid pendant quatre ans. «Je ne connais personne qui parle autant que lui au téléphone», raconte le Néerlandais avant d'éclater de rire. À Rio de Janeiro, où il venait en vacances depuis plusieurs années, Seedorf avait déjà ses habitudes. Par exemple, le riz aux haricots rouges, l'un des plats les plus simples et typiques du Brésil, n'a pas de secret pour lui. «J'en mange tous les jours. C'est un plat incontournable.» Le football pratiqué par Botafogo depuis l'arrivée de la star néerlandaise est aussi simple et savoureux que ce fleuron de la gastronomie brésilienne. O Glorioso a remporté le dernier championnat de l'Etat de Rio de Janeiro et après 17 journées, il est à la lutte pour la place de leader du championnat du Brésil. Le patron de l'entrejeu de Botafogo répond aux questions de FIFA.com pour commenter, entre autres, les excellentes prestations de son équipe depuis son arrivée.
Clarence Seedorf, on entend souvent dire que vous êtes le plus Brésilien des footballeurs étrangers qui évoluent dans le Brasileirão. Partagez-vous ce sentiment ?
Oui, je me sens un peu Brésilien. Et c'est un compliment. Les faits sont là pour le prouver : les meilleurs footballeurs viennent du Brésil. Il y a peu de pays où l'on voit autant de gens porter des maillots de foot dans la rue. Pratiquement tout le monde, indépendamment du rang social, est fier de porter le maillot de son club. Au Suriname, on suit beaucoup la Seleção, mais aussi les Pays-Bas. En 1986, quand la France a battu le Brésil en Coupe du Monde, mon père a dû me sortir de la maison pour me calmer. Je pleurais de rage. C'était le dernier tournoi de Zico. Il incarnait le football que j'aimais.
Le football brésilien est-il si différent du football européen ?
La principale différence se situe au niveau de la discipline tactique, de l'application des consignes. La discipline est beaucoup plus forte en Europe. Ici en revanche, il y a plus de talent pur, plus de qualité individuelle. Mais attention, je ne dis pas non plus qu'il n'y a pas de qualité individuelle en Europe ou de sens tactique au Brésil. En dehors du terrain, ce sont deux mondes complètement différents. En Europe, vous voyagez au maximum quatre heures, par exemple pour un match de Ligue des champions. En championnat, les trajets durent au maximum 1h30. Ici, c'est beaucoup plus long. Pour aller de Porto Alegre à Bahia, il faut 4h30. Sur le plan logistique, c'est plus difficile. En plus, il faut gérer les différences de température entre le nord et le sud. Ce sont de vraies difficultés au niveau de l'adaptation.
Cette discipline européenne vient-elle de la formation ou du fait que les entraîneurs soient plus exigeants ?
C'est une question d'organisation. Sur le plan tactique, le Brésil est aussi bien organisée que les autres, sinon il n'arriverait pas à gagner. Le football international est ainsi. Mais l'Europe a une certaine culture, dans laquelle l'éducation est un peu rigide alors qu'ici, en Amérique du Sud, elle est plus libre. Quand un pays sud-américain rencontre des difficultés ou se retrouve en situation de crise, il y a plus de créativité ici. Au Brésil, il existe une discipline, mais avec un parfum sud-américain. Tout le monde doit défendre de la même manière. Certaines équipes défendent un peu plus haut, d'autres un peu plus bas, mais toujours de façon compacte. C'est le mot-clé. C'est plus sur le plan offensif qu'on remarque la différence tactique entre l'Europe et le Brésil. En Europe, la plupart des entraîneurs ont des schémas extrêmement précis sur le plan offensif, mais plus vous allez vers le sud, plus les joueurs ont la liberté d'utiliser leur créativité. Prenez la Hollande ou le Danemark d'un côté, et l'Espagne de l'autre. Ça n'a rien à voir sur le plan offensif. Dans le sud de l'Europe, il y a beaucoup plus de liberté pour changer de position et rechercher l'exploit individuel. Au Brésil, vu qu'il y a beaucoup de qualité individuelle, les entraîneurs vous donnent également cette liberté. Ils incitent leurs joueurs à se projeter vers l'avant. Si un attaquant se retrouve avec deux défenseurs sur le dos, il va essayer de les éliminer. Aux Pays-Bas, si vous êtes pris par deux adversaires, la consigne est de donner le ballon derrière. C'est une autre mentalité. Je ne pense pas que l'une soit meilleure que l'autre mais ce qui est certain, c'est que je me sens plus proche du football brésilien.
Vous avez remporté le dernier championnat Carioca et vous êtes à la lutte pour la première place du Brasileirão. Comment expliquez-vous le succès de Botafogo ces derniers temps ?
Le travail, toujours le travail. Nous formons un groupe qui a la volonté de progresser, et vite. Nous avons la chance d'avoir un entraîneur qui réalise un travail merveilleux. Il y a de la qualité et beaucoup de jeunes, mais des jeunes qui font la différence car ils ont envie de progresser. En fait, c'est quelque chose de rare de voir autant de jeunes joueurs progresser aussi rapidement. Normalement dans une équipe, vous avez de la réserve pour pouvoir toujours disposer d'un onze solide. Cela dit, tout le monde sait que nous n'avons pas la profondeur d'effectif de clubs comme Corinthians, Grêmio ou l'Internacional. C'est pourquoi les jeunes de Botafogo doivent progresser très rapidement. Je pense que l'année qui commence sera la bonne. Mais on verra. Regardez ce qui s'est passé avec Fluminense. L'année dernière, ils ont survolé les débats, mais cette saison, ils sont en difficulté. J'ai découvert au Brésil ce que signifiait une équipe équilibrée. Nous récoltons le fruit de nos efforts. Nous formons un groupe solidaire, où chaque joueur aide tous les autres. Cela se traduit par un football positif, avec la balle au sol et des actions construites. À chaque match, nous nous créons beaucoup d'occasions.
En tant que leader de l'équipe, vous avez une certaine responsabilité dans l'évolution de ces jeunes joueurs. Comment gérez-vous cela ?
Les gens ne voient que les 90 minutes du match, mais derrière ça, il y a des heures et des heures de conversation avec les jeunes, de questions surtout. Quand vous posez des questions à un nouveau coéquipier, ou à un coéquipier tout court, il commence à réfléchir. Faut-il leur dire tout ce qu'ils ont à faire ? Sur le terrain, oui, c'est mon rôle. Mais en dehors, mon attitude est différente. Je dois les aider à grandir par eux-mêmes. Je suis passé par là. Comme pour eux, mon évolution a été très rapide et compliquée en même temps. En dehors du terrain, les conversations tournent autour de cela. J'essaie de leur faire comprendre certaines choses pour qu'ils comprennent leur propre évolution.
Nom : Clarence Clyde Seedorf
Nationalité : néerlandaise
Date et lieu de naissance : 1er avril 1976 à Paramaribo (Surinam)
Taille : 1,77 m
Poste : Milieu de terrain
Parcours
Avant 1992 : AS Almere1 (Pays Bas)
1992-1995 : Ajax Amsterdam (Pays-Bas) ; (80, matches, 11 buts)
1995-1996 : Sampdoria (Italie) ; (32 matches, 3 buts)
1996-2000 : Real Madrid (Espagne) ; (160 matches, 20 buts)
2000-2002 : Inter Milan (Italie) ; (93 matches, 14 buts)
2002-2012 : Milan AC (Italie) ; 432 matches, 62 buts)
Depuis 2012 : Botafogo (Brésil) ; (55 matches, 20 buts)
Avec la sélection
1994-2008 : Pays-Bas : 86 sélection, 11 buts (1ère sélection à Rotterdam : Pays-Bas - Luxembourg : 5-0, le 14 décembre 1994)
Palmarès
- Vainqueur de la Coupe intercontinentale : 1998 (Real Madrid)
- Vainqueur du Mondial des clubs : 2007 (AC Milan)
- Vainqueur de la Supercoupe d'Europe : 2003, 2007 (AC Milan)
- Vainqueur de la C1 : 1995 (Ajax Amsterdam), 1998 (Real Madrid), 2003, 2007 (AC Milan)
- Vainqueur de la Supercoupe d'Italie : 2011 (AC Milan)
- Champion d'Italie : 2004, 2011 (AC Milan)
- Champion d'Espagne : 1997 (Real Madrid)
- Vainqueur de la Coupe d'Italie : 2003 (AC Milan)
- Finaliste de la C1 : 2005 (AC Milan)
- Finaliste de la Coupe d'Italie : 2000 (Inter Milan)
- 1er match en D1 : Sampdoria - AS Roma : 1-1 le 27/08/1995


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