«Beaucoup de choses ont été dites à propos de mon entourage, mais comme on dit : «Ce qui ne te tues pas te rends plus fort.» «C'est grâce à ma famille, ma femme et mes enfants que j'ai pu surmonter cette dure épreuve.» Arrivé hier matin à Alger vers 10h10 en provenance de Lyon, Faouzi Ghoulam est de retour en sélection. Humble, le latéral gauche de Saint-Etienne revient dans cet entretien exclusif accordé au Buteur sur sa dure période d'avant-saison. Le jeune Stéphanois, qui amorce un come-back fulgurant en Ligue 1 avec son équipe, nous parle aussi de 5 grosses prestations sorties depuis son retour parmi l'équipe première contre Valenciennes qui avait coïncidé avec une reluisante victoire ramenée de l'extérieur. L'Algérien évoque, bien sûr, avec force détails le match important qui attend les Verts, le 12 octobre prochain à Ouagadougou. Vous êtes de retour au premier plan, un commentaire sur cette dure épreuve que vous avez vécue pendant plusieurs semaines... J'ai passé une période assez délicate cet été, après mon départ avorté, mais bon, comme on dit chez nous : «Ce qui ne te tues pas te rends plus fort», donc voilà, on apprend de nos épreuves, c'est le mektoub. C'est Dieu qui décide. Hamdoulilah, je suis bien revenu. Et si on parlait de ce revers d'hier face à Monaco, (entretien réalisé dimanche à Alger)... En ce moment, il est vrai qu'on se fait rattraper, car on est battus à chaque fois dans les moments cruciaux de la rencontre, alors qu'on laisse passer des occasions en or de tuer le match. Cela s'est encore reproduit hier (samedi) face à Monaco. C'est rageant ! Qu'est-ce qu'on ressent lorsqu'on a en face un Falcao ou un Ibrahimovic, que vous avez aussi affronté la saison dernière ? C'est une excellente expérience de pouvoir se frotter à des joueurs d'exception, comme Falcao ou Zlatan. On progresse rapidement, parce que c'est devant des joueurs de cette envergure qu'on découvre le plus haut niveau. Qu'est-ce qui vous a vraiment frappé chez un joueur comme Falcao ? Quand on voit les titres qu'il a gagnés, et le voir comment il se donne sur le terrain, on est frappé. Il est arrivé comme une star à Monaco, mais il est combatif, tout en étant au service de ses camarades. Cela nous montre tout le boulot qu'il nous reste à faire. Halilhodzic a décidé de vous faire appel pour le match face au Burkina, comment ressentez-vous cela ? Je suis content d'être là. La sélection m'a beaucoup manqué. Je tiens à dire que j'ai toujours été à la disposition du pays. Si on fera appel à moi, je me donnerai à fond pour honorer l'Algérie, sinon je redoublerai d'efforts pour être convoqué de nouveau. C'est ce qui s'est passé cette fois-ci avec votre retour, si on comprend bien, vous avez bien appris la leçon... Je suis titulaire avec mon club, et j'espère continuer à faire de bonnes prestations, pour mettre le coach en difficultés dans ses choix, afin de donner plus de concurrence à notre Equipe nationale et lui offrir la possibilité de compter sur les meilleurs joueurs dans chaque poste. Vous alignez 5 titularisations avec votre club, en plus de votre apport offensif, on sent que vous avez progressé sur le plan défensif, n'est-ce pas ? Cela fait plus de 3 ans que je bosse pour cet aspect-là avec le staff technique, à Saint-Etienne. Dans le football, quand on ne perd pas beaucoup de ballons, on défend moins. Après, j'essaie de bien fermer mon couloir, parce que j'ai compris que c'est beau d'être décisif offensivement, mais il est primordial de défendre. Donc, je fais de mon mieux pour satisfaire mon entraîneur à Saint-Etienne et le coach en Equipe nationale. On se rappelle de votre première titularisation avec l'ASSE, vous étiez jeune, c'était face à Valenciennes (1-1), et là vous retrouvez votre meilleur niveau contre VA, c'est une drôle de coïncidence... Eh oui ! C'est vrai, hamdoulilah, c'est une bonne coïncidence on va dire. Il était dit et décidé que je commence face à Valenciennes et que je reprenne ma place après tout ce que j'ai vécu contre cette même équipe. En cette période délicate, avez-vous douté un instant ? Non, pas du tout. Mon entourage était là pour me soutenir. Après, J'ai entendu beaucoup de choses sur mon entourage qui ne sont pas du tout vraies. J'ai mal vécu cette période, mais bon, on est des musulmans, on est des croyants, je me suis accroché, et j'ai travaillé seul pour garder la forme. Aujourd'hui, je suis en train de récolter les fruits de mon sérieux, parce que là, je me sens très bien sur le terrain. Mentalement, j'ai réussi à surmonter cette épreuve délicate grâce au soutien de ma famille, ma femme et mes enfants aussi. Maintenant que vous êtes à Alger, quel sentiment éprouvez-vous ? Que ce soit la première ou la dernière sélection, c'est toujours une fierté de défendre les couleurs de mon pays. Ça, c'est indéniable, surtout que cette fois, on a une place en Coupe du monde à arracher, inch'Allah. Justement, pour assurer la qualification, il faudra effacer le Burkina Faso, l'Algérie a du coup évité les ténors de l'Afrique, est-ce un acquis ? Ce n'est pas un acquis, si on pense comme ça, cela sous-entend que le Burkina Faso est une mince affaire. Non, à mon avis, cette équipe n'a pas été vice-championne d'Afrique pour rien. Comment se présente alors ce match aller face au Burkina ? Très difficile avec les contextes qu'on connaît en Afrique. Les conditions là-bas ne sont pas faciles à gérer, mais si on veut aller au Mondial, il faudra surmonter tous les obstacles. On le sait, il faudra sortir un match costaud pour se qualifier. Certains pensent que c'est un match qui se jouera sur le mental, est-ce votre avis ? Ecoutez, c'est un match en aller-retour, donc tout peut évoluer rapidement. La qualification peut se concrétiser à Ouagadougou comme elle peut se jouer au retour. Il va falloir être sérieux et appliqué jusqu'au bout. Que connaissez-vous de cette équipe du Burkina Faso ? C'est une très bonne équipe, avec de bons joueurs qui évoluent en Europe et dans de bons clubs en France. Donc, il ne faudra pas les sous-estimer. Je ne connais pas particulièrement les joueurs du Burkina, mais je les ai vus jouer, ils sont bons et athlétiques, mais nous aussi, on a de bons joueurs aussi. Il ne faut pas se focaliser sur eux. Si on est prêts le jour du match, tout devrait bien se passer. Le fait de jouer le match retour à Blida sera-t-il décisif pour l'Algérie ? Vous savez, on ne pourra en parler que lorsqu'on aura joué le match aller. Concentrons-nous plutôt sur ce 1er match qu'on livrera à Ouaga. On sait que vous avez vécu avec les tripes la qualification de l'EN face à l'Egypte en 2009, avez-vous envie de refaire ce coup-là ? Ah oui, c'est sûr qu'on a envie de vivre de tels moments. Franchement, on a envie de donner de la joie au peuple algérien qui a été derrière nous. Deux fois présent dans l'équipe type de la Ligue 1, et trois belles notes de match, c'est l'exigence de Halilhodzic pour revenir assez vite en Equipe d'Algérie... Le coach a été toujours là pour nous conseiller. Après, c'était un objectif personnel de revenir en forme et retrouver du temps de jeu. Je savais que pour espérer prétendre à une place en sélection, il fallait être titulaire avec son club. Je travaille au quotidien sur les points où je suis en difficultés pour rester performant avec mon club et être utile pour l'Algérie. Après la CAN ratée, on sent que vous avez envie de vous racheter en offrant au peuple une qualification... La CAN reste un mauvais souvenir, difficile à vivre, mais là, on doit passer à un autre cap et répondre aux attentes du peuple. Vous êtes en dure concurrence en sélection, des appréhensions ? La concurrence rend une équipe plus forte, surtout lorsqu'elle est saine, et c'est le cas en Equipe nationale. Donc, je n'ai aucune appréhension. On a un groupe exceptionnel avec beaucoup de qualité, donc forcément, la concurrence devient très féroce. Quel est votre poste de prédilection ? En sélection, je peux jouer dans tous les postes. A partir du moment qu'on a ce sentiment de vouloir mourir pour son pays, il n'y a aucun problème, et on se donne à fond là où le coach nous demandera de jouer. Des clubs italiens, espagnols et autres anglais ont voulu vous engager, ne regrettez-vous pas d'avoir raté un transfert cet été ? Je ne regrette rien. Comme je l'ai dit, c'est le mektoub. Je suis heureux à Saint-Etienne, je suis stéphanois et fier de jouer pour cette équipe. Ce qui m'est arrivé cet été fait partie du passé, je me concentre sur mon club. Un message à passer aux supporters algériens, contents pour votre retour... Je suis très fier d'entendre ça. Maintenant, c'est à moi d'être au top physiquement et mentalement pour continuer à jouer et leur procurer du plaisir. On sait qu'ils comptent sur nous, qu'ils sachent que s'il faudra mourir sur le terrain pour qualifier l'Algérie au Mondial, on le fera sans aucune hésitation.