Prononcez «Algérie», on vous répondra «Madjer». Blatter : «J'espère que la tenue du Mondial ne sera pas remise en cause par les grèves.» Invité à animer, hier matin, une conférence de presse en compagnie de sept autres légendes du football appelés à participer au tirage au sort ce soir, Zinédine Zidane a parlé de la France, à qui il a souhaité «le tirage le plus dur possible afin que les joueurs soient motivés et entrent rapidement dans la compétition», mais aussi de l'Algérie, son pays d'origine : «J'espère que l'Algérie fera quelque chose de bien dans cette Coupe du monde car c'est mon pays d'origine.» Ça a été dit devant des dizaines de journalistes, dont plusieurs chaînes de télévision du monde entier. A présent, c'est sûr : le monde entier sait que l'Algérie est en Coupe du monde. ------------ Prononcez «Algérie», on vous répondra «Madjer» Au Brésil, pays du football, on connaît surtout le football. D'ailleurs, on connaît la géographie grâce surtout au football. Quand vous croisez un Brésilien, prononcez juste le mot «Algérie» et les gens vous répondront par un seul mot : «Madjer». L'ancien international algérien est une marque déposée ici, surtout qu'il a joué au FC Porto, club qui compte des millions de fans au Brésil (le Portugal est l'ancien colonisateur du Brésil). ------------ Le tirage à Costa do Sauipe Le tirage au sort se déroulera à la Costa do Sauipe, un complexe touristique de haut standing très prisé par les sportifs de haut niveau et les artistes. Les prix des chambres est très élevé et celui des services encore plus. Il a été choisi afin de faire la promotion internationale de ce lieu et de cette région, appelée à devenir le fer de lance du tourisme de luxe au Brésil. Chaleur et humidité Si la pluie bat son plein ces derniers jours dans le nord de l'Algérie, signe de l'arrivée prochaine de l'hiver, c'est l'été ici, au Brésil. D'ailleurs, les températures sont assez élevées à l'est et au nord-est. Hier, il a fait 34°. Le problème est moins dans la chaleur que dans l'humidité. On transpire sans même bouger. Une heure de décalage entre Costa do Sauipe et Rio On connaît les décalages horaires entre les pays, on découvre les décalages horaires au sein d'un même pays. Certes, ce n'est pas nouveau, surtout aux Etats-Unis où la distance importante entre la côte est et la côte ouest fait qu'il y a trois heures de décalage entre les villes des deux régions. C'est la même chose au Brésil, où il existe un décalage horaire entre les villes suivant leur situation géographique. Ainsi, il y a une heure de différence entre Rio de Janeiro et Salvador de Bahia, dont dépend la Costa do Sauipe. Même pour le mobile, il faut... l'indicatif de la ville On sait que, dans tous les pays du monde, il faut tenir compte de l'indicatif de la ville où se trouve une personne si on veut l'appeler sur un téléphone fixe. Au Brésil, il y a une particularité : il y a un indicatif pour chaque région même quand on appelle une personne sur son téléphone... mobile. Cela donne lieu parfois à des situations loufoques : on appelle quelqu'un en utilisant l'indicatif de l'endroit où il est censé se trouver, mais ont peut le rater s'il s'est déplacé vers une autre région. Vraiment, ils sont uniques, ces Brésiliens ! ------------ Les Brésiliens ne parlent que le portugais et un peu d'espagnol Ce ne sera pas facile de communiquer au Brésil. Nous en avons un petit aperçu depuis que nous sommes arrivés dans le pays. C'est simple : les Brésiliens parlent le portugais, leur langue officielle, et un peu l'espagnol, puisque les deux langues appartiennent à la même famille linguistique et que le Brésil est entouré de pays hispanophones. A part ça, rien ! Même dans les aéroports et les banques, l'anglais est quasi absent Pourtant, en ce troisième millénaire, l'anglais est devenu une langue très répandue de par le monde du fait de l'influence de la technologie et des arts et elle est parlée par beaucoup de jeunes, y compris dans les pays développés non anglophones tels l'Allemagne, la Suisse, le Japon ou la Corée du Sud, mais nous avons croisé très peu de jeunes pouvant parler la langue de Shakespeare ou même la baragouiner. A peine comprennent-ils quelques mots ou notions. Même à l'aéroport international de Rio de Janeiro ou dans celui de Salvador de Bahia, pourtant au cœur d'une région touristique, les anglophones se font raress y compris dans les... bureaux d'information et les banques. Cela a été relevé par beaucoup d'étrangers présents à la Costa do Sauipa pour le tirage au sort de la Coupe du monde et a été porté à la connaissance de la FIFA et du comité d'organisation local. Emir, un Brésilien francophone... qui déteste le foot Aussi paradoxal que celui puisse paraître, le seul jeune Brésilien parlant assez correctement l'anglais que nous avons croisé – et qui nous a beaucoup aidés - est Emir, un étudiant en communication qui parle aussi le français puisqu'il a passé six mois à Paris. Le paradoxe est qu'il ne connaît rien... au foot. Bizarre pour un Brésilien ! «Le football, ça ne me dit vraiment rien. Je préfère les arts», nous a-t-il révélé, un peu confus. Nous le croyons sans problème puisqu'il ne savait même pas que son pays abrite aujourd'hui le tirage au sort du Mondial. Espérons que les supporters algériens qui iront au Mondial n'auront pas à communiquer uniquement avec des gestes. ------------ Blatter : «J'espère que la tenue du Mondial ne sera pas remise en cause par les grèves» A l'issue de la réunion du Comité exécutif de la FIFA, la dernière de l'année, Jospeh Sepp Blatter, président de la FIFA, et Jérôme Valcke, secrétaire général, ont animé hier une conférence de presse au centre média de Costa do Sauipe. Plusieurs sujets ont été évoqués, dont ceux relatifs aux préparatifs du Mondial-2014 et à la polémique née des conditions de travail déplorables imposées par les autorités qataries aux travailleurs étrangers des chantiers des stades où devrait se dérouler le Mondial-2022. «Les Qataris doivent assumer leurs responsabilités comme nous assumons les nôtres» C'est d'ailleurs par ce point que Blatter a débuté son allocution de préambule : «Nous avons évoqué, lors de la réunion du Comité exécutif, de ce qui est appelé le cas du Qatar 2022. Après des discussions et des constats faits sur le terrain, faits même par l'Union européenne, nous sommes arrivés à la conclusion que chacun doit assumer ses responsabilités.» Pour expliciter davantage son propos, il a déclaré que «la FIFA assume sa part de responsabilité, mais les autorités qataries et les compagnies qui s'occupent des chantiers du Mondial doivent assumer leurs responsabilités eux aussi». En conclusion, il a annoncé qu'une «réunion doit avoir lieu entre toutes les parties afin de voir où nous allons. Nous devons réunir les meilleures conditions de travail et trouver des solutions». «Le Brésil doit organiser le Mondial car nous n'avons pas de plan B» A propos des menaces de grève brandies par des travailleurs des chantiers des stades devant abriter la Coupe du monde 2014 au Brésil, suite au décès tragique de deux travailleurs sur l'un des chantiers, Blatter a préféré apaiser les esprits : «Nous avons entendu parler des actions de protestations envisagées. Nous espérons une issue sage à ce problème. Il ne faut pas que l'organisation du Mondial soit menacée car, à ce stade, nous n'avons pas de plan B si le Brésil n'est pas prêt. En tout cas, nous espérons qu'il n'y aura plus d'accidents dans les chantiers.» «La sécurité des personnes dépend de la discipline de chacun» Au sujet de la sécurité durant la Coupe du monde, le président de la FIFA responsabilise les supporters : «Dans une compétition sportive, l'aspect sécuritaire est le plus important car le sport est un domaine dominé par l'émotion et la passion. La sécurisation du Mondial sera chapeautée à tous les niveaux : au niveau gouvernemental, au niveau des villes, au niveau des aéroports... La sécurité d'un groupe peut être assurée si tous les membres de ce groupe sont disciplinés et appliquent les directives.» Valcke : «Les sélections auront 1,5 million de dollars pour leur préparation» De son côté, Jérôme Valcke a annoncé que «la dotation pour les sélections connaîtra une augmentation de 37% par rapport à la précédente Coupe du monde». Ainsi, elle passe de 420 millions de dollars à 576 millions de dollars. «De cette somme, 70 millions de dollars seront répartis aux clubs ayant des internationaux concernés par la Coupe du monde à titre de compensation», a-t-il ajouté. Les primes pour les sélections participantes vont de 8 millions d'euros pour celles qui seront éliminées au premier tour à 35 millions de dollars pour le vainqueur final de la compétition. Pour ce qui est de la prime allouée avant la compétition aux sélections à titre de contribution à leur budget de préparation, «elle de passe de 1 million à 1,5 million de dollars», a révélé le secrétaire général de la FIFA. «Il peut y avoir des pauses dans les matches pour se désaltérer» Autre point évoqué dans la conférence de presse : les horaires de certains matches qui se joueront durant la journée, voire même à 12h, et les incidences qu'elles pourraient induire sur la santé des joueurs, surtout en cas de fortes chaleurs. Valcke s'est montré rassurant : «Il peut y avoir des pauses pour se désaltérer. Cette mesure fait désormais partie des règles du jeu depuis quelque temps. Il existe trois personnes qui pourront prendre la décision de faire des arrêts pour permettre aux joueurs de boire : le coordinateur du match, responsable de la coordination entre les différents intervenants dans un match, l'arbitre et le médecin. Ces trois personnes décideront, suivant les conditions climatiques, qu'il y ait un ou deux ou trois arrêts ou même plus durant un match. Il y a des pays où des matches se jouent à midi et il n'y a eu aucun problème. Je me rappelle même que la finale du tournoi de football des jeux Olympiques de Pékin s'était jouée à 13h. Donc, il n'y a pas lieu de s'inquiéter. La santé des joueurs est prise en compte.»