Capello «J'ai pris le temps de très bien étudier le jeu de l'Algérie» Les choix de Fabio Capello sont contestés en Russie. Certes, il est clair qu'aucune personne en ce monde, quels que soient sa fonction, son rang et sa nationalité, ne fait et ne fera l'unanimité absolue dans son domaine car la nature humaine est, par essence, contestataire, mais l'opposition au sélectionneur italien de la Russie est entrée, cette semaine, dans le domaine public. L'objet des contestations ? Le choix des joueurs pour la Coupe du monde. Dzyuba réclamé par les médias Au-delà de la décision de se passer des services d'Andry Arshavin et celle de convoquer Maxim Belyaev, une «omission» fait particulièrement du bruit en Russie : celle d'Artem Dzyuba. Ce dernier, attaquant du FC Rostov, est actuellement le meilleur buteur du championnat de Russie avec 12 buts, ce qui fait qu'il est réclamé par une partie de l'opinion publique et, surtout, par les techniciens locaux. Si cela était resté juste dans le domaine du souhait, ça n'aurait pas dérangé Capello qui, depuis sa nomination à la tête de la sélection russe, a fait l'objet de plusieurs critiques auxquelles il n'avait pas jugé bon de répondre. Son entraîneur, Bozovich, accuse Capello d'avoir été influencé Or, une personne vient de crier plus fort que les autres, allant même jusqu'à porter des accusations à l'encontre du sélectionneur : Miodrag Bozovich, entraîneur du FC Rostov. Dans des déclarations aux médias, il a estimé que la non-convocation de Dzyuba en sélection est non seulement injuste, mais qu'elle avait été dictée à Capello par des personnes malintentionnées qui lui auraient brossé un portrait négatif du joueur. Il n'en fallait pas plus pour titiller Capello et le pousser à une réaction verbalement «musclée», hier, lors de la conférence de presse précédant le match amical Russie-Arménie qui se jouera aujourd'hui. «J'ai pris seul la décision de ne pas le convoquer» En réponse à la question qui lui a été posée à ce sujet, le coach a rétorqué : «Dans toute ma carrière et même durant toute ma vie, personne ne m'a jamais dicté ma conduite, sauf mon père. Jamais je n'ai cédé aux injonctions d'un président, d'un dirigeant, d'un entraîneur ou d'un joueur. Je dis bien jamais !» Et de poursuivre, après une courte pause. «J'ai pris seul la décision de ne pas convoquer ce joueur, sans aucune influence de quiconque, et je sais très bien pourquoi je l'ai fait. Je ne vais pas m'arrêter à un seul joueur. J'ai une Coupe du monde à préparer. Alors, je demande à mes collègues entraîneurs de respecter mon travail et mes choix autant que je respecte les leurs.» Dzyuba, un Ibrahimovic au caractère indolent et instable En fait, plusieurs explications sont avancées pour expliquer la non-convocation de ce joueur qui a inscrit 12 buts en championnat de Russie depuis le début de la saison et dont la longiligne silhouette rappelle celle de Zlatan Ibrahimovic. L'explication sportive est que ce joueur, bien qu'en forme depuis le début de la saison, n'est pas régulier. Il peut aligner trois grands matchs, puis se montrer amorphe dans les cinq suivants. L'autre explication est que ce joueur est connu pour son manque de rigueur. C'est le genre indolent, à toujours prendre les choses à la légère et rire et faire des farces tout le temps, ce qui n'est pas forcément le caractère que préfère Capello qui le connaît bien pour l'avoir sélectionné- sans le faire jouer- pour le match contre l'Irlande du Nord comptant pour les éliminatoires du Mondial-2014. Une autre explication est avancée en off, loin des médias : son père étant d'origine ukrainienne, les Russes auraient demandé au sélectionneur de ne pas le convoquer, à cause de la grave crise politique qui secoue actuellement les relations entre la Russie et l'Ukraine. Un argument plutôt tiré par les cheveux et qui convainc peu de monde. Capello «J'ai pris le temps de très bien étudier le jeu de l'Algérie» Lors de la conférence de presse animée hier par Fabio Capello à l'académie de football du FC Krasnodar, Fabio Capello a répondu à une question posée par l'envoyé spécial du Buteur et à une autre d'un journaliste belge présent pour couvrir le match Russie-Arménie. Prié de nous dire s'il s'attendait à une équipe d'Algérie plus forte que celle qui lui avait imposé le nul lors du Mondial-2010, alors qu'il était sélectionneur de l'Angleterre, surtout que des joueurs algériens évoluent cette année dans de grands clubs (Inter, Udinese, Naples, Valence, Tottenham...), l'entraîneur italien a répondu : «Je n'ai pas oublié ce match-là. C'est pour ça que j'ai pris le temps de très bien étudier le jeu de la sélection algérienne. Je respecte l'Algérie et je me rappelle très bien du match dont vous me parlez. C'est forcément une bonne équipe car toutes les sélections qualifiées pour la Coupe du monde seront redoutables. Nous devons respecter toutes les équipes et, à ce titre, nous respectons aussi la sélection d'Algérie.» «J'ai joué contre la Belgique alors qu'elle était forte, voilà que je l'affronterai comme entraîneur alors qu'elle est très forte !» Notre confrère belge lui a demandé, de son côté, s'il considérait la Belgique comme le favori de la poule, comme le croient les observateurs. «Nous aurons quelqu'un pour superviser la Belgique dans tous les matchs de préparation qu'elle disputera. C'est une équipe à prendre très au sérieux. Elle possède des joueurs qui évoluent dans de grands clubs et qui sont au sommet de leur forme à un moment aussi important. J'avais joué contre la Belgique lorsque j'étais joueur et c'était une sélection forte à l'époque (sa première sélection avec l'Italie avait été dans un match perdu contre la Belgique en 1972, ndlr). Ce pays a eu un passé en Coupe du monde, avant de connaître une période de stagnation. Malheureusement pour moi, je vais l'affronter, alors qu'elle est redevenue très forte (rire).» Il y a du Halilhodzic chez Capello Si Vahid Halilhodzic surprend, parfois, par ses choix et ses méthodes, Fabio Capello n'en étonne pas moins beaucoup de gens en Russie. En fait, les deux entraîneurs possèdent de nombreux points communs dans leur façon de diriger leurs sélections respectives et aussi dans leur philosophie de choix et de décisions. Un long speech lundi pour édicter aux joueurs une ligne de conduite Tout comme l'a fait Halilhodzic lundi soir avec les Verts au centre technique de Sidi Moussa, Capello a adressé un long discours à ses joueurs le même jour à leur lieu de regroupement à Krasnodar. Objectif : «Dire aux joueurs des choses importantes qu'ils doivent comprendre dès à présent.» Et d'expliquer : «Quand on veut réussir dans une Coupe du monde, il y a des détails qui comptent. Déjà, il faut que les joueurs prennent conscience de l'importance d'une Coupe du monde. Chaque détail doit être pris au sérieux. Je leur ai édicté la ligne de conduite qu'ils doivent suivre pour franchir avec succès la dernière étape de la préparation précédant le Mondial.» Une liste élargie de 36 et une liste de convoqués de 26 Autre point commun avec Halilhodzic : il a établi une liste élargie de 36 joueurs, puis en a convoqué 26 seulement. Pour lui, c'est une manière de garder tout le monde en alerte et d'expliquer à ceux qui sont convoqués qu'ils pouvaient perdre leur place à n'importe quel moment. C'est aussi une manière de se donner les moyens de faire un choix ciblé à la dernière minute, suivant la forme des joueurs durant la dernière semaine précédant le début du stage. La Russie aussi a son «Benlamri» ! Le sélectionneur de l'Algérie en a souvent pris pour son grade, pour ne pas avoir convoqué des joueurs réclamés par les médias et une partie de l'opinion publique. Au début, c'était Karim Ziani, Djamel Abdoun et Faouzi Chaouchi. Dernièrement, c'est la non-convocation de Djamel Benlamri qui est incompréhensible en Algérie. Eh bien, sachez que la Russie a aussi son «Benlamri» ! Il s'agit de l'attaquant Artem Dzyuba, meilleur buteur du championnat local, que Capello a convoqué une seule fois sans le faire jouer, avant de l'ignorer. L'entraîneur italien ne veut rien entendre à ce sujet, refusant de se faire dicter ses choix, et il est fort à parier que, comme Halilhodzic, c'est bien lorsque les médias réclament un joueur qu'il s'entête à ne pas l'appeler. Belyaev convoqué avec... zéro minute de temps de jeu Les sélectionneurs de l'Algérie et de la Russie partagent leur propension à convoquer des joueurs qui jouent peu ou pas en club. Le cas russe a pour nom Maxim Belyaev. Depuis le début de la saison, ce défenseur central du Lokomotiv Moscou a joué... zéro minute. Zéro minute, après 19 journées de championnat ! Sa convocation, alors que se profile la Coupe du monde, rend les journalistes russes dingues, mais Capello a livré son explication qui vaut ce qu'elle vaut : «Même s'il ne joue pas dans son club, c'est un joueur très intéressant. Je l'ai appelé afin de le voir de plus près.» Caprice ou acte réfléchi ? On ne le sait pas. Peut-être que Halilhodzic pourra nous donner un début d'explication... La Russie s'envolera pour le Brésil le 7 juin C'est l'attaché de presse de la sélection de la Russie qui nous l'a confirmé : la sélection de Russie s'envolera pour le Brésil le 7 juin. Ce sera au lendemain du dernier match amical prévu dans sa préparation contre le Maroc, à Moscou. Capello chipe Pintus à Deschamps Antonio Pintus est un physiothérapeute à la compétence reconnue. Le sélectionneur de la France, Didier Deschamps, a voulu l'avoir dans son staff médical pour la Coupe du monde 2014, lui qui le connaît très bien pour l'avoir eu à ses côtés lorsqu'il avait entraîné Monaco, la Juventus et l'Olympique de Marseille. Cependant, il y a un homme qui connaît Pintus encore mieux que Deschamps : Fabio Capello. «Il sera notre nouveau préparateur physique. Il a travaillé avec moi à l'AC Milan pendant huit ans. Il a l'expérience des grandes compétitions et je suis convaincu que son apport sera précieux pour la préparation de l'équipe», a-t-il annoncé, hier, en conférence de presse. La Russie affronte l'Arménie aujourd'hui La Russie entame son cycle de préparation pour le Mondial-2014 en affrontant, aujourd'hui, l'Arménie, au Kuban-Stadium de Krasnodar. Tout comme l'écrasante majorité des sélections qualifiées pour la Coupe du monde, il n'y a qu'aux dates FIFA que le sélectionneur Fabio Capello peut regrouper ses joueurs et les tester. «C'est une équipe en forme, avec des attaquants rapides et habiles» Prié de s'expliquer sur le choix de l'Arménie comme adversaire pour le match d'aujourd'hui, Capello a présenté l'argument de la force offensive de cette équipe. «La sélection arménienne est en forme ces derniers mois. De plus, elle possède des attaquants rapides et habiles qui peuvent créer des problèmes à n'importe quel adversaire. Je suis sûr que ce match nous sera utile. Pour la préparation du Mondial, nous aurons des sparring-partners dont le style de jeu se rapproche de celui de nos adversaires du premier tour», a-t-il affirmé. Le match à Krasnodar pour éviter le froid de Moscou La rencontre a été domiciliée à escient dans la ville de Krasnodar située à près de 1200 kilomètres au sud-ouest de Moscou. Le choix de cette ville est motivée par deux facteurs : le froid glacial qui sévit actuellement à Moscou, avec des neiges et une température en soirée qui peut aller jusqu'à -10°, et l'existence à Krasnodar d'une très belle infrastructure, l'académie de sport du FC Krasnodar, la plus grande en Russie et l'une des plus grandes au monde, dont Capello a voulu faire profiter ses joueurs. D'abord, le sélectionneur de la Russie a tenu à féliciter les responsables de l'académie pour les excellentes conditions de travail mises à sa disposition.