De notre envoyé spécial en Afrique du Sud : Farid Aït Saâda Il a beau cacher l'objet de la réunion extraordinaire du Comité exécutif de la FIFA qu'il a convoquée pour hier derrière plusieurs points à l'ordre du jour, dont les paris dans le football et les problèmes d'arbitrage, Joseph Blatter, patron du football international, n'en avait pas moins un seul but à travers cette réunion urgente : examiner les graves incidents ayant précédé le match Egypte-Algérie du 14 novembre dernier au Caire et envisager des mesures à l'égard de la Fédération égyptienne de football. C'est que le président de la FIFA ne décolère pas depuis que les télévisions du monde entier ont montré des internationaux algériens, partis disputer un match sous l'égide de la FIFA, être blessés jusqu'au sang par des lancers de pierres. Trahi par des Africains, un camouflet On ne le mesure peut-être pas assez, mais c'est toute l'autorité de Blatter qui a été remise en question suite à ce grave incident. Alors qu'il s'est battu pour que l'organisation de la Coupe du monde échoit à un pays africain, qu'il a affronté de terribles pressions de la part des pays européens notamment afin de renoncer à son projet et qu'il fait tout pour défendre l'image d'une Afrique moderne, disciplinée, civilisée et portée vers les valeurs du sport et du fair-play, voilà que des incidents graves éclatent dans un pays… africain. Selon des confidences de cadres de la FIFA, Blatter aurait ressenti cela presque comme un camouflet. Et d'où viennent les incidents ? De l'Egypte, le pays champion d'Afrique en titre et auteur de performances remarquables durant la Coupe des Confédérations l'été passé. Procédure disciplinaire = sanctions Lutter contre les ennemis de l'Afrique et se faire poignarder par des Africains, voilà qui est difficile à supporter. C'est pour cela que, pour l'exemple d'abord et pour le principe ensuite, la FIFA a décidé de frapper. En annonçant, à travers un communiqué officiel, l'ouverture d'une procédure disciplinaire à l'encontre de la Fédération égyptienne de football, l'instance dirigeante du football a donné le ton. Pour les initiés, lorsque Blatter annonce une procédure disciplinaire, c'est qu'il y a assez de preuves à charge et une telle procédure se conclut inévitablement par des sanctions. C'est d'ailleurs cela qui fait courir les Egyptiens depuis deux semaines : essayer de monter un «dossier» contre l'Algérie pour tenter d'atténuer les sanctions de la FIFA. Blatter, ami des faibles, mais pas trop En suspendant, il y a deux semaines, l'Irak de toute compétition suite à la mise à l'écart, par les pouvoirs publics irakiens, de la direction démocratiquement élue de la Fédération irakienne de football, Blatter avait montré qu'il a beau être l'ami des «faibles» (entendre par là les petites nations de football, notamment celles de l'Afrique et de l'Asie sur lesquelles il s'était appuyé pour être réélu), il n'en est pas moins prêt à sévir lorsque le respect de la discipline et de l'ordre l'exigent. Ce qui s'est passé au Caire est justement perçu, par Blatter, comme un manquement grave à l'ordre, voire à un désordre qui fait mauvais effet dans la gestion mondialisée qu'il a initiée dans le football. Et qui fait désordre doit être remis à l'ordre, à plus forte raison lorsque, en dépit du désordre provoqué, il ne s'est même pas imposé sur le terrain… F. A-S.