«J'ai joué pour l'EN, pas pour 200 millions ou 200 milliards» Lazhar Hadj Aïssa ne se sent pas floué lorsque la FAF a décidé de ne pas lui verser comme les autres joueurs la prime de la qualification au Mondial. Sa déception, c'est d'avoir été renvoyé de la sélection par la faute, dit-il, d'une personne qui a colporté des mensonges sur lui auprès du sélectionneur. Tout ça, il nous le dit à cœur ouvert dans l'entretien qui suit. * Tout d'abord, revenons, si vous le voulez bien, sur la finale retour de la CAF que vous avez perdue au profit du Stade Malien ; quel est le sentiment qui prévaut chez vous après coup ? Je suis amer. Il est très difficile d'arriver si prêt de l'objectif et revenir bredouilles. On s'est arrachés pour aller en finale et voilà que nous flanchons au moment où il fallait tout donner. Je ne comprends pas ce qui nous est arrivé. On était nuls, c'est certain ! La Coupe de la CAF est le trophée qui nous manquait à tous. C'est dur de passer à côté. * Comment expliquez-vous les raisons de cette défaite ? Je pense que l'erreur aura été d'avoir cherché à tout prix à défendre notre avance de deux buts, alors que l'idéal aurait été de recommencer un autre match. C'est-à-dire oublier le match aller et jouer carrément pour gagner. Nous, on s'est contentés de les regarder jouer. Le plus embêtant est que les buts étaient tout ce qu'il y a de bête ! Il faut dire les choses telles qu'elles sont : on a failli tactiquement. * On a beaucoup parlé de l'Entente qui n'a jamais raté une finale ; ceci n'a-t-il pas eu d'effet de relâchement sur les joueurs ? En effet, ça a eu son effet. On a cru que le trophée n'allait pas nous échapper, d'autant que les deux buts inscrits à l'aller représentait un matelas confortable. * Certains disent que votre entrée en jeu était tardive, pensez-vous que vous étiez en mesure de changer la physionomie du match si vous étiez entré plutôt ? Assurément. Moi-même, je pensais que j'allais entrer juste après la pause, mais le coach a préféré patienter jusqu'à ce que nous soyons menés deux à zéro. Là, c'était trop tard ! * Mechiche doit-il assumer seul la responsabilité de cet échec ? Je n'ai pas envie de faire de commentaires à ce sujet. Le président a décidé de se séparer du coach et c'est sa décision. * Dans un autre registre, comment avez-vous réagi à la décision de la FAF de ne pas vous octroyer la prime de qualification de l'EN au Mondial ? Indifféremment. Mes coéquipiers m'avaient déjà informé que je n'allais pas percevoir ma prime. Que voulez-vous que j'y fasse. Je n'allais tout de même pas prendre les armes contre le sélectionneur et le président de la fédération pour m'avoir foulé ! * Vous l'expliquez-vous au moins ? Je n'ai même pas pris cette peine. A quoi bon ? L'essentiel pour moi est que l'Algérie se soit qualifiée. Ça, ça vaut tout l'or du monde. * Est-ce aussi parce que la prime qui vous revenez de droit, du moins conformément au barème des primes tracé par la FAF, est estimée seulement à 200 millions ? Ça n'a jamais été une question d'argent. Si tel était le cas, j'aurais accepté toutes ces offres qui me parviennent à coup de dizaine de milliards. Je crois en ce principe qui veut que l'argent qui ne t'es pas destiné n'entrera jamais dans tes poches. Ma ketbetch ! Le problème n'a jamais été le montant de la somme de la prime. 200 millions ou 200 milliards, ça ne change rien à ma position sur cette question. On m'avait déjà privé de la prime du match gagné face à l'Egypte, alors que j'avais pris part à tous les stages ayant précédé ce match et je n'ai rien dit. Ça ne m'a même pas froissé. Idem pour cette fois. Ce qui me chiffonne, cela dit , c'est la manière avec laquelle on m'a privé de la sélection. * Vous sentez-vous floué ? Oui ! Lorsque je repense à la manière avec laquelle on m'avait écarté du groupe, oui, je me sens floué. Le sélectionneur a été trompé par une personne qui avait tout fait pour m'évincer de la sélection. Et là où en sont les choses, cette personne doit être fière d'elle ! * Ça doit être un joueur ? Il se reconnaître de lui-même. C'est celui qui est allé dire à Saâdane que j'ai énergiquement contesté son choix de ne pas m'avoir retenu dans la liste des 18 face à l'Egypte à Blida. Et que j'ai jeté une bouteille d'eau contre le mur par dépit, et j'en passe… Cette personne se reconnaîtra d'elle-même. Je n'ai pas à le nommer pour ne pas lui donner plus d'importance qu'elle ne mérite. Je ne lui pardonnerai jamais ! * Quel était son intérêt de vous voir renvoyé ? Allez le savoir. Il ne m'a jamais porté dans son cœur. Il m'a toujours vu de travers. Ce qui me chiffonne dans tout ça, c'est qu'on m'a renvoyé sans qu'on m'ait laissé la chance de me défendre. C'était sans rémission, si je puis dire. La preuve… * Vous voulez dire que vous n'avez jamais contesté votre non convocation face à l'Egypte ? J'étais déçu, un peu énervé même. Je ne le cache pas. J'aimais ce genre de défis. Je voulais jouer face à l'Egypte. Ceci a fait que j'étais déçu lorsque j'ai vu que mon nom ne pas figurer sur la feuille de match. Mais je n'ai jamais dit ou fait ce que cette personne était allée raconter au sélectionneur. Je n'ai jamais demandé qu'on me remette mon passeport ou qu'on ne m'appelle plus. C'est faux ! Je le dis et je le répète. * Avez-vous des témoins ? Tous les joueurs étaient présents et ils peuvent en témoigner. * Mais il y a des joueurs qui ont raconté une toute autre version ? La personne qui est derrière ma mise à l'écart de la sélection n'est pas un joueur et ne me demandez pas de la nommer, car je préfère garder ça pour moi. Il se reconnaîtra de lui-même. Sinon, j'avais de très bons rapports avec les joueurs. L'ambiance était parfaite. Je m'y plaisais beaucoup. * Ça vous a fait quoi de voir vos ex-coéquipiers à la télé accueillis tel des héros à Alger ? J'étais content. Pour eux. Pour le peuple. C'était grandiose. Je n'allais tout de même pas mettre une coquille et faire mon Calimero ! Je passerai pour qui si je ne faisais que penser à ma petite personne. J'étais très content pour les joueurs, après la qualif' à Khartoum. J'étais aussi content pour le pays. Cela faisait 24 ans qu'on l'attendait ce Mondial. * Pensez-vous pouvoir revenir un jour en sélection ? Oui, je l'espère, en tous les cas. Je ne sais pas quand, ni comment, mais je souhaite très sincèrement réintégrer très prochainement le groupe, car je n'ai jamais supporté ma mise à l'écart. J'ai pris goût à cette sélection, et mon souci est de durer. J'espère qu'on me donnera la chance de prouver à tout le monde que cette image qu'on avait voulu véhiculer de moi est fausse. Je ne suis pas une pleurnicheuse. Même à Sétif, je ne conteste jamais les choix du coach, alors que je pouvais le faire. Entretien réalisé par Choueib K.