2ème partie et fin L'Université algérienne a fait l'objet d'une série d'analyses et de critiques, publiées sur les colonnes de la presse écrite nationale. Elle l'est plus que toute autre institution, à cause de son importance stratégique. Voilà ce qui explique les mandats interminables renouvelés sans contrôle à tous les niveaux de responsabilité. Certains sont en poste, depuis plus de 10 à 15 ans et ont vu passer plus d'un ministre. Cette situation empêche l'éclosion d'une véritable gestion démocratique indispensable à l'innovation intellectuelle et au respect strict des règles fondamentales de l'évaluation pédagogique. Les textes réglementaires sont souvent ouvertement défiés. C'est l'allégeance qui dicte les choix des responsables. On se retrouve ainsi, malgré les récents textes promulgués par la tutelle, sur des situations où un maître assistant désigné, «chef de département » entrain d'évaluer le rendement de travail d'un Professeur, à travers les une fiche de notation. Les exemples ne manquent pas à ce sujet. Rapport Paix sociale-Evaluation Dans ce contexte, que devient l'exercice professionnel des enseignants compétents et intègres? Quel est le sens du recours? Comment combattre l'inertie et encourager une dynamique capable de propulser l'enseignement supérieur algérien au niveau international? Le nivelage par le bas et la Loi des nombres engendrent une piètre figure du système universitaire algérien. Sur le plan déontologique, beaucoup de choses restent à faire et la nouvelle charte, récemment élaborée par la tutelle risque de ne pas être respectée à l'ombre d'une administration hégémonique, bafouant toutes les règles au bénéfice de la culture des relations et des interventions. L'étudiant a appris à corrompre l'enseignant. On assiste souvent à des taux de succès qui ne dépassent guère 20% à 30%, à l'issu des examens du contrôle continu et qui en l'espace de peu de temps se transforment, à l'issu des examens de synthèse et des examens de rattrapage, à des taux avoisinants les 100%. Dans cette atmosphère, l'enseignant est livré à lui-même et ne bénéficie d'aucune protection au sein de l'enceinte universitaire. Ainsi, la complaisance s'installe, juste pour assurer la paix sociale ou pour travailler moins. Mais qu'est ce qui a généré ces comportements étranges et indécents apparus ces dernières années? La réponse est à chercher également du côté des enseignants sur le plan de leurs compétences pédagogiques, leurs responsabilités scientifiques et administratives et surtout de leur niveau de qualification en matière d'évaluation. Cette dernière constitue dans les pays développés, la clef des compétences de l'enseignant et il doit l'acquérir soit par une formation spécialisée, soit par l'encadrement d'un pédagogue expérimenté et plus ancien comme, c'était le cas jadis. L'ancien encadre le nouveau et ainsi de suite. Par conséquent, une moralité s'installe, ce qui crée une atmosphère propice au respect de la déontologie professionnelle. Cela ne peut plus se produire aujourd'hui, car les structures pédagogiques sont corrompues. Dans certains cas, c'est le responsable administratif qui désigne le président du Comité pédagogique et occulte de facto les prérogatives des enseignants. Ainsi, le Comité pédagogique fonctionne et se gèle selon la volonté du responsable. Comment peut-on concevoir un Comité pédagogique ou un Conseil scientifique présidé par un enseignant sans expérience, devant ses aînés et quelques fois devant ses professeurs ? De telles situations ont poussé à l'abandon beaucoup de nos professionnels reconnus sur le plan international. Rapport Budgets-Evaluation Ils ont quitté le pays au vu du laisser-aller systématisé. Le peu qui reste subit les affres du système et est souvent taxé de tous les qualificatifs. Les budgets d'équipements pédagogiques alloués par la tutelle sont supposés faire face aux insuffisances observées dans les moyens nécessaires à la transmission des savoirs. Dans les filières technologiques, ces budgets sont conséquents. Ils doivent actualiser les outils et moyens matériels très souvent dépassés. La définition des équipements à acquérir et leur choix est une opération si importante et délicate qu'elle est souvent déléguée à ceux qui ne maîtrisent pas les objectifs initiaux, justifiant l'allocation des budgets d'équipements pédagogiques ou encore à ceux qui ne maîtrisent pas l'utilisation de ces moyens, par défaut de compétence. Les cahiers de charges élaborés manquent souvent de rationalité et de précision et jouent dans plusieurs cas en défaveur de l'établissement acquéreur. Le résultat est un impact négatif direct, sur les tâches pédagogiques de l'enseignant et de sa capacité à évaluer véritablement. Ainsi, on se retrouve souvent avec l'acquisition de moyens technologiques dépassés, ou déjà existants à l'Université, ou au contraire, l'acquisition de matériels hypersophistiqués inutilisables pédagogiquement. L'accès aux savoirs pratiques et aux sciences expérimentales devient tout simplement utopique. Que peut-on attendre de nos ingénieurs, de nos architectes, de nos médecins, de nos biologistes, ou encore de nos informaticiens qui se débrouillent quasiment toujours avec des outils logiciels piratés. Là encore le but du jeu des responsables est de réaliser des opérations financières, sans se soucier de l'impact et on se retrouve à générer de la médiocrité avec l'argent de l'Etat. La schizophrénie des bilans par les chiffres. Que faire ? L'autorité morale doit se reconquérir à la lumière des textes en vigueur, souvent détournés par des responsables administratifs avides, pour diriger à leurs guises et selon leur «bon sens». Beaucoup d'entre eux considèrent leur ancienneté pour de l'expérience. Les commissions de contrôle sous l'autorité de la tutelle, ne sont pas très flexibles et sont loin d'être indépendantes. L'Université algérienne n'a jamais réfléchi à l'analyse de ses besoins en matière d'évaluation et semble inapte, à générer des solutions ou une ingénierie viable faute d'incapacité de décentralisation, d'autonomie ou encore d'identification de ses réelles compétences. Les rapports aux enseignants sont biaisés, les étudiants n'interrogent pas et ne s'interrogent plus, la gestion des temps n'est pas maitrisée, la compétence de l'écoute est dissipée et les contraintes de tous genres sont systématiquement produites. Il est connu par tous, que l'évaluation pédagogique relève aujourd'hui du strict « bon sens», de la majorité des enseignants, sans méthode ou démarche professionnelle. L'arbitraire règne. Professeur à l'ENSET d'Oran Directeur du Laboratoire de Recherche LTE