Entre le marivaudage des politiques et le pragmatisme des économiques : Après la guéguerre qui a duré plus de deux années, les relations algéro - françaises reviennent crescendo au bon fixe. En effet, le milieu des affaires français en Algérie a connu dernièrement des métamorphoses inédites. Ceci est opéré dans le seul but de faire grimper le thermomètre des relations bilatérales, aplanies naguère par les dossiers qui fâchent, relève-t-on. Pour en finir avec les surenchères du passé, l'Algérie et la France veulent, semble-t-il, mettre de nouvelles assises à leurs associations…multiples. A cet effet, le milieu des affaires français en Algérie, a été radicalement métamorphosé depuis le réchauffement, coïncidant avec la dernière rencontre des Présidents Bouteflika et Sarkozy, à Nice. Récemment, trois nouveaux conseillers du Commerce extérieur de la France (CCEF) viennent d'être installés en Algérie. Ces émissaires de l'Elysée vont mettre leurs expérience et connaissance au profit des pouvoirs publics français et des potentiels investisseurs. Il s'agit de Christophe Richard, DG de Bergerat Monnoyeur, importateur d'engins de chantier et membre du Rotary Club d'Alger ; Giselle Le Nozer, représentante d'Air France à Alger depuis novembre 2009; et Igor Zyemit, DG de Michelin Algérie. Ces installations entre le cadre des nouvelles réformes, entreprises à l'encontre des représentations du milieu d'affaires français en Algérie. Pour rappel, la Chambre française de Commerce et d'industrie en Algérie (CFCIA) a été transformée en Chambre de Commerce et d'industrie algéro - française (CCIAF). D'après des sources, ces dernières métamorphoses sont des exigences imposées par Alger pour en finir avec l'«affairisme» des français en Algérie. Du côté de l'Hexagone, on parle de rendre les représentations françaises plus confirmées et plus pragmatiques. Dans la foulée, le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) a lui aussi remanié sa commission Maghreb, remplaçant son président Jean-Pierre Gonon par l'avocate Maya Kellou, directrice internationale du cabinet Fidal. Cinq dossiers qui fâchent et la LFC09 Le réchauffement soudain des relations, après une longue traversée glaciale, pourrait être un effet sporadique de l'Histoire compliquée et enchevêtrée des deux nations. Pour le moment, les politiques sont enthousiastes et ne ménagent aucun effort. Avec la visite de Claude Guéant à Alger le 20 juin, et celle attendue de Jean-Pierre Chevènement en septembre, les dossiers fâcheux en suspens, pourraient être fermés à jamais…Mais quels dossiers ? En fait, cinq dossiers sont à l'origine du froid glacial dans les relations franco-algériennes. Alger reproche à Paris la relance de la polémique sur la responsabilité de l'armée algérienne dans la mort des sept moines du monastère de Tibéhirine (Sud d'Alger), officiellement tués par le Groupe islamique armé ; l'arrestation en août 2008 du diplomate algérien Mohamed Ziane Hassani à l'aéroport de Marseille dans le cadre de l'enquête sur l'assassinat d'un opposant algérien à Paris en 1987 ; l'attitude des entreprises françaises qui «préfèrent vendre en Algérie et investir au Maroc et en Tunisie» et la circulation des personnes. Le cinquième dossier est le contentieux historique de la prise de position favorable au Royaume marocain par la France quant au Sahara occidentale. S'ajoute à ces dossiers la demande algérienne de repentance de la France sur la période coloniale. Mais pour Sarkosy, les critiques ne peuvent être que d'ordre économique. Elles concernent surtout les mesures prises par Alger en 2009, pour réduire ses importations et le recours aux entreprises étrangères pour la réalisation de ses projets. Les Français se plaignent également d'être exclus des grands contrats algériens d'armement et des projets d'infrastructures de base qui ont profité aux groupes russes, chinois et espagnols. Dans tous les cas de figure, la France reste le premier fournisseur de l'Algérie, avec des exportations annuelles de l'ordre de 5 milliards de dollars.