Pour la première fois depuis qu'il a été désigné à la tête du Conseil national économique et social, Mohamed Seghir Babès tient un langage plutôt critique à l'égard de la concrétisation des résolutions du Pacte économique et social signé il y'a quatre ans entre les trois partenaires, le gouvernement, le patronat et l'UGTA. Il est vrai, le président du CNES ne nous a pas habitués à user d'un tel ton, lui qui s'est toujours montré très «prudent» dans ses déclarations et ses constats. Dans une déclaration faite au quotidien arabophone Echourouk, M. Babès envisage d'organiser début septembre une session du conseil consacrée à l'évaluation des résultats de ce Pacte qui selon toute vraisemblance n'a pas eu l'effet escompté lors de sa mise en place. Le président du CNES estime d'ailleurs que plusieurs de ces objectifs n'ont pas été concrétisés sur le terrain. Le document établi pour une durée de quatre années comportait douze objectifs majeurs à atteindre dans plusieurs secteurs d'activité, en dehors des hydrocarbures et tendait à instaurer une paix sociale, nécessaire à la bonne marche des réformes et des plans de développement entrepris par l'exécutif. Selon le président du CNES, les organes de surveillance et de contrôle du CNES ont noté un net retrait par rapport au Pacte économique et social pourtant approuvé et signé en grande pompe par les trois partenaires. Pour Babès, ce pacte est, certes, de la théorie mais il vise à encourager les investissements, améliorer la compétitivité des entreprises privées et publiques, permettre la mise à niveau pour une économie productive en dehors du secteur des hydrocarbures, stimuler la concurrence et la création d'emplois, la lutte contre l'économie informelle, etc. par rapport à tout cela, le président du CNES affiche son insatisfaction devant le peu de résultats enregistrés par le système mis en place. Et lorsque Babès parle du rôle de l'Etat dans la mise en œuvre du Pacte et de sa responsabilité dans le constat négatif dressé, on ne peut être que surpris par le nouveau langage du président du CNES. Que cache cette sortie ? Pas facile à décrypter. En tout cas, c'est la première fois qu'il se montre aussi virulent à l'égard de la politique du gouvernement et des résultats enregistrés jusqu'ici. « Avec ces résultats, pour les moins, mitigés du pacte économique et social quatre années après sa signature, les indicateurs économiques démontrent, selon lui, une détérioration du climat des affaires, une incapacité à enrayer le chômage, à améliorer le pouvoir d'achat et à lutter efficacement contre le fléau de l'informel auquel sont en butte les entreprises productrices qu'elles soient publiques ou privées ». Voila ce qui a le mérite d'être très clair comme position. Reste à savoir quelle sera la réaction de l'exécutif à ces déclarations surprenante de quelqu'un qui nous a plutôt habitué à la langue de bois lorsqu'il s'agit d'évoquer la politique et les réformes entreprises par le gouvernement.