Les jours passent et se ressemblent presque tous au Mexique qui connaît toute une vague d'assassinats ces derniers temps, des assassinats que tout un chacun attribue à la guerre que se livrent les cartels de la drogue. Quatorze assassinats au moins ont été «signés» par les cartels de la drogue depuis la fin de semaine dans la région de la célèbre station touristique d'Acapulco, sur la côte mexicaine du Pacifique. La côte n'est plus cette zone réservée aux stars et starlettes. En l'espace de quelques jours, elle est comme devenue un champ de bataille, une morgue aux portes ouvertes à longueur de journée. Ce n'est pas le fameux Far-West, mais ça chauffe drôlement un peu partout. La parole est aux armes, toutes catégories confondues. La loi du plus fort. La foi des plus convaincus que seule la drogue peut sortir les Mexicains de la misère. Les corps de quatre hommes tués par balles, ligotés, yeux bandés, ont été découverts sur une route des plages d'Acapulco, accompagnés de messages caractéristiques des avertissements entre bandes rivales. Deux autres cadavres, eux aussi ligotés, yeux bandés et accompagnés de messages, gisaient sur le parking d'un supermarché de la grande avenue côtière d'Acapulco. Six autres corps, des hommes âgés de 22 à 39 ans tués par balles selon la police, ont été trouvés sur l'autoroute qui mène à Acapulco, et deux autres cadavres, enfin, près d'un village proche. L'Etat de Guerrero, dont Acapulco est la vitrine touristique, est ensanglanté par la rivalité entre le cartel de «La Familia» (La Famille) et le gang des «Zetas», créé à la fin des années 90 par d'anciens militaires des forces spéciales mexicaines. On laisse même entendre que le massacre de 72 émigrants clandestins est l'œuvre de ces deux gangs, chacun voulant « s'approprier » la région car très rentable parce que située près de la frontière avec les Etats-Unis, une frontière passoire, il faut le reconnaître. Au Mexique, la «guerre des cartels» qui met aux prises sept grands groupes de trafiquants de drogue a fait 28 000 morts depuis la prise de fonction du président Felipe Calderon, en décembre 2006. Ce bilan officiel, entre règlements de comptes et affrontements entre trafiquants et forces gouvernementales, n'a cessé de s'alourdir malgré le déploiement spécial de 50 000 militaires en renfort de la police à travers le pays. Tout le monde s'insurge contre cette nouvelle vague d'assassinats qui a tendance à déstabiliser de plus en plus le Mexique ou environ le tiers de la population surtout celle des zones rurales- vit en-deçà du seuil de la pauvreté. Plusieurs dizaines de millions de Mexicains vivent avec moins de 5 dollars par jours. Cette situation expliquent l'engagement de plus en plus important des couches déshéritées dans la guerre des cartels, car plus « rentables », à condition de ne pas tomber dans le piège. L'assassinat des 72 migrants n'a pas manqué de susciter toute une série de réactions, par exemple celle de la Haute commissaire des Nations Unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, qui a fermement condamné vendredi l'assassinat en série dans le nord du Mexique et a appelé les autorités à prendre les mesures nécessaires pour stopper ces crimes. L'année dernière, le Rapporteur spécial sur les droits humains des migrants a estimé que 400.000 migrants transitaient par le Mexique chaque année. La plupart sont victimes des gangs transnationaux également impliqués dans le trafic de drogue. Beaucoup de migrants n'atteignent jamais leur destination. Selon la Commission interaméricaine des droits de l'homme, environ 18.000 migrants se sont fait kidnapper en 2009 alors qu'ils transitaient par le Mexique. La majorité de ces personnes sont des femmes et des enfants.