Le crédit-bail est en pleine expansion au Maghreb. Si, pour l'heure, le Maroc et la Tunisie jouent presque dans la cour des grands, l'ouverture des marchés algérien et libyen offre un énorme potentiel de croissance. C'est la conclusion à laquelle est arrivé un site d'information spécialisé qui assure que le crédit-bail « devient une alternative crédible au crédit bancaire au Maghreb ». Selon le site en question, l'activité est déjà en phase de maturité au Maroc et en Tunisie, où sa contribution à la formation brute de capital fixe (FBCF) s'est établie respectivement à 14,5 et 13,8% en 2009. Avec ces taux proches de la moyenne européenne (15%), les deux pays jouent déjà dans la cour des grands. Au Maroc, l'encours comptable net des actifs immobilisés en crédit-bail a atteint 2,72 milliards d'euros en 2009, en progression de 13% en glissement annuel, selon la même source. Les perspectives qu'offre le marché algérien du leasing attise bien des convoitises, y compris chez nos voisins. C'est ainsi que la société Tunisie Leasing envisage de renforcer son maillage du territoire algérien, à travers la création de cinq nouvelles agences, et de rejoindre la cote de la Bourse d'Alger en 2011. « L'Algérie reste pour nous un marché stratégique qui présente des potentialités trois fois plus importantes que le marché tunisien », explique Ahmed Abdelkafi, PDG de Tunisie Leasing. Institutionnalisé il y a une dizaine d'années, le marché du crédit-bail algérien offre des marges de rentabilité confortables, pouvant dépasser 8%, surtout que les PME restent le parent pauvre du système bancaire local. Preuve des perspectives de croissance séduisantes du marché algérien: les acteurs étrangers, comme les banques françaises Société Générale, BNP Paribas et Natixis, ou encore la Portugaise Banco Espirito Santo, s'y bousculent depuis quelques années. Ce n'est apparemment pas le cas pour le marché tunisien qui soufre déjà d'une certaine saturation. S'il est vrai que la concurrence acharnée entre les établissements financiers tunisiens ont largement démocratisé le crédit-bail, il n'en demeure pas moins qu'elle a considérablement réduit la rentabilité des sociétés de leasing, limitée à 4% en moyenne l'an passé, note notre source. Conséquence : les sociétés tunisiennes sont plus que jamais condamnées à trouver des relais de croissance en dehors de leurs frontières. Alors qu'Hannibal Lease lorgne l'Afrique de l'Ouest, d'autres acteurs restent en embuscade pour les marchés voisins à fort potentiel, notamment algérien. En Tunisie, où le crédit-bail a été introduit en 1984 avec la création de Tunisie Leasing, la production du secteur a atteint 540 millions d'euros en 2009, en hausse de 23% par rapport à 2008. En dépit de la réduction des délais d'amortissement, qui ont été ramenés en 2008 à sept ans pour l'immobilier, à quatre ans pour les équipements et à trois ans pour les véhicules, le secteur reste l'instrument de financement privilégié pour les PME. D'autant plus, que la forte pression concurrentielle dans un marché exigu, comptant dix sociétés de crédit-bail et vingt banques commerciales, a rendu les produits de leasing plus compétitifs. « Le crédit-bail connaît un franc succès auprès des PME en raison d'une fiscalité avantageuse, des très courts délais de déblocage des financements qu'il offre et, surtout, de la baisse de son coût sous l'effet de la forte concurrence entre les diverses catégories d'établissements financiers », indique M. Slimane Bettaïeb, directeur général de l'Arab Tunisian Lease (ATL), qui détient 16, 5% de parts de marché, derrière Tunisie Leasing (22%) et la Compagnie Internationale de Leasing (17%). Pour ce qui est du Maroc, après une croissance moyenne de 15% entre 2004 et 2008, les financements débloqués par les six sociétés de leasing marocaines durant l'exercice écoulé ont cependant baissé de 1,4% par rapport à 2008. Ce recul est imputable à la baisse de la demande dans les branches des véhicules utilitaires et du transport. « L'activité a été légèrement affectée par le ralentissement économique, qui a obligé certains opérateurs à reporter leurs projets d'investissement en attendant d'avoir plus de visibilité. C'est notamment le cas des entreprises exportatrices et des transporteurs », note une récente étude de l'Association professionnelle des sociétés de financement marocaines (APSF). Dans le lot, seule Maroc Leasing a tiré son épingle du jeu, grâce à sa fusion avec Chaâbi Leasing. La société, fondée en 1965, a vu sa production augmenter de 65% à 337,24 millions d'euros et ses parts de marché atteindre 26%. Elle s'est ainsi hissée au rang de leader du marché marocain, aux dépens de Wafabail, filiale d'Attijariwafa Bank. Selon les professionnels du secteur, le marché du leasing marocain devrait reprendre sa marche en avant à partir de 2010, dans le sillage du retour à une croissance économique vigoureuse. Enfin, la Libye, dont le parlement a adopté en avril dernier une loi ouvrant la voie au lancement du leasing, suscite déjà les convoitises de la première société de Leasing tunisienne et de sa consœur marocaine Wafabail.