Le 31 Août dernier, c'était au tour de M. Harroubia, ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche scientifique de passer son oral chez le président de la République. Lors de cette réunion d'évaluation du secteur de l'Enseignement supérieur, le ministre a exposé comme son collègue de l'éducation qui l'a précédé, le bilan de l'année universitaire 2009-2010, la préparation de la prochaine rentrée universitaire et les actions et réalisations projetées au titre du programme quinquennal 2010-2014. Si l'année écoulée a été moins mouvementée dans le palier supérieur, que dans celui de l'éducation nationale, la grogne n'est pas moins présente. Les universités ont tout de même connu quelques jours épars de débrayages. Ceux-ci pourraient peut être augurer d'autres mouvements de contestations à l'avenir. Bilan : des chiffres muets Le ministre a, quant à lui, préféré se focaliser sur les chiffres. La masse d'indicateurs présentés par lui, et qui ont trait au secteur de l'Enseignement supérieur, indiquent que les effectifs étudiants durant l'année universitaire 2009-2010, ont atteint 1.144.285 étudiants inscrits dans les différents cycles de formation supérieure. 1.035.128 d'entre eux, sont étudiants en graduation, 58.174 étudiants en post-graduation et 50.983 étudiants en formation continue. Le million d'étudiant cher aux autorités publiques est donc largement atteint, peut être au détriment du niveau. Si ce n'est plus un secret pour personne que la qualité de l'enseignement scolaire se dégrade, et que le niveau du bac baisse d'année en année, très peu de références sont faites en rapport aux universitaires. Les enseignants pour leur part dénoncent de nos jours un bac social, au même titre que ce qui se fait dans d'autres pays tels que la France. Ses conséquences sont indéniables sur le niveau des universités. Un enseignant pour 28 étudiants et des amphis bondés Justement, en ce qui concerne les enseignants, leurs effectifs sont estimés à 38.000 enseignants, dont 7.401 de rang magistral selon les chiffres du ministre. Le taux d'encadrement lui, est de l'ordre de 01 enseignant pour 28 étudiants, très difficile à croire, si on se réfère, aux classes bondées des universités de Delly Brahim pour ne citer qu'elle. Les capacités d'accueil de l'Enseignement supérieur, se targue néanmoins d'atteindre les 1.160.000 places pédagogiques et près de 470.000 lits d'hébergement. Le réseau est renforcé de trois Ecoles nationales supérieures, de quatre Ecoles préparatoires, de deux classes préparatoires intégrées et de 59 résidences universitaires. 57 écoles doctorales ont été ainsi créées, au même titre que 745 magisters, 82 doctorats (LMD). L'accès a ces formations restent par ailleurs très difficile, étant donné leur nombre restreint, et la grande affluence des étudiants attirés par ces cycles supérieurs, sésames indispensables pour la plupart d'entre eux, afin d'accéder a un vrai travail. Les formations de Master restent inexistantes chez nous , pour les diplômés classiques (ingénieurs et licenciés hors LMD). Ces derniers n'y ont pas accès dans les universités algériennes, et sont obligés de prétendre à des universités étrangères pour y avoir droit. Malheureusement, cette situation encourage grandement la fuite des cerveaux. Pis encore, après la France, la Belgique, la grande Bretagne et le Canada, d'autres pays ont flairé le bon filon chez nous, et proposent des cycles supérieurs aux algériens, la Tunisie en tête. Ceci dit, ils ont été 8.000 diplômés titulaires d'un magister ou doctorat en 2009/2010 en Algérie, soit une augmentation de 27% par rapport à 2008-2009. La formation post-graduée en sciences médicales a connu l'ouverture de 2.365 postes de résidanat, toutes spécialités confondues. Le nombre de diplômés titulaires de Diplôme d'enseignement médical et scientifique (DEMS) s'élève lui à 1.428, soit une augmentation de près de 15% par rapport à l'année 2008-2009. De plus, grâce au programme de formation à l'étranger, 520 maîtres assistants ont pu bénéficié d'une bourse d'étude pour la finalisation de leur thèse. 89 professeurs et maîtres de conférences, d'un séjour scientifique d'une année et 100 étudiants majors de promotion d'une préparation d'un doctorat. LMD, quel bilan? A la faveur d'une réforme des enseignements supérieurs, menée tambour battant, sans prendre compte des avis des principaux acteurs du domaine, le département du supérieur a procédé à l'extension et à l'approfondissement du système Licence Magister Doctorat (LMD),un peu partout. Ainsi 3.421 offres de formation dans les trois cycles LMD, ont été habilitées, 14 filières à inscription nationale dans des disciplines prioritaires ouvertes, ainsi que 06 classes préparatoires en sciences et techniques et en sciences économiques commerciales et de gestion et 03 écoles nationales supérieures en technologies, sciences politiques et journalisme et sciences de la communication. Enfin, la mise en place d'un organe d'évaluation et d'assurance qualité, pourrait déboucher sur un bilan crédible de l'enseignement dans notre pays, qui tarde à être publié. En attendant, le secteur mis sur la généralisation de l'utilisation des technologies de l'information et de la communication, qui devra quelque soit l'évolution des choses, se traduire par un certain développement. Les services en ligne en direction de la communauté universitaire, des citoyens et de l'administration du secteur sont, par ailleurs, présentés comme de prochaines révolutions en la matière. Le système de téléenseignement a connu pour sa part, un développement notable, par l'extension du réseau de visioconférence et des plateformes de e-Learning. Œuvres universitaires: une amélioration notable, malgré…les scandales L'amélioration perceptible en terme d'accueil de transport et d'hébergement des étudiants est visiblement liée aux gros efforts matériels fait par le secteur dans le domaine. Rien qu'en matière de préparation de la rentrée universitaire 2010-2011, le secteur accueillera 237.543 nouveaux bacheliers. L'effectif global prévisionnel serait alors de 1.230.000 étudiants, tous cycles confondus. Les capacités d'accueil globales atteindront 1.302.000 places pédagogiques et près de 558.000 lits d'hébergement, dont 118.000 places et 86.000 lits qui seront réceptionnés à la prochaine rentrée universitaire. C'est donc des moyens en plus pour les œuvres universitaires, malgré les nombreux scandales qui entaché l'année universitaire qui s'est achevé. Pour peu qu'il soit utilisé a bon escient.
