La nouvelle s'est propagée telle une trainée de poudre : Kacem Elimam vient de rendre l'âme. Des jeunes et moins jeunes accourent dans tous les sens de la ville, en cette douce soirée d'automne: «Kacem est mort». Ce qui n'était que rumeur devient réalité. Oran vient de perdre l'un de ses derniers géants. Pourtant, El Bahia a déjà connu pire. Les Alloula, Wahby, Sirat, Hasni et autres lions ravis eux aussi, mais Elimam au-delà de son engagement sans limites, pour son club de toujours le MCO, est un symbole d'une ville en quête de son identité perdue. Son amour pour sa ville, pour son pays, pour son club, on en fait une véritable icône, un emblème. Parfois critiqué, très souvent adulé, Elimam ne laissait personne indifférent. Il façonnera son club à la l'image de sa ville: chatoyant et spectaculaire. Avec lui, le MCO était une marque déposée, «un label». De tous les terrains foulés, on saluait ce football flamboyant, offensif et spectaculaire à l'image de la beauté de sa ville. Qui d'entre nous n'a pas été une seule fois dans sa vie, subjugué par les performances de ce club ? Qui d'entre nous n'a pas senti son épiderme frissonné à l'écoute du «Paso Doblé» ? Qui d'entre tous les Oranais et Oraniens, n'a pas été fière des exploits et autres titres récoltés par le 1er club de l'Ouest? Rencontré, un après midi au stade Zabana, du nom d'un autre illustre d'Oran, Elimam Kacem me prendra par la main : «Viens fiston, je vais te montrer quelque chose». De son imposante stature, il me désignera du doigt la tribune d'honneur, qui a vu un autre emblématique président siéger : «c'est ici qu'était assis Santiago Bernabeu (Real de Madrid). De cette anecdote, je retiendrais cette fierté d'un oranais baigné par le riche passé de sa ville, mais également empreint d'une tristesse mal déguisée d'un présent… anonyme et ingrat. En perdant Kacem, Oran vient de perdre un de ses illustres enfants. En enterrant Elimam, El-Bahia enterre une partie de son âme. Une âme faite de joie, de bonheur, d'une ville reconnue jadis, comme l'une des plus grandes métropoles de la Méditerranée. Merci Kacem. Adieu Président.