Au grand dam de son président Réda Hamiani, habitué à avoir des positions tranchées à l'égard de la politique économique du gouvernement, le Forum des chefs d'entreprises a décidé d'adopter dorénavant un ton plutôt conciliant vis-à-vis de l'exécutif. L'Assemblée générale ordinaire de l'organisation s'est en effet exprimée pour la participation aux réunions tripartites regroupant gouvernement, UGTA et associations patronales. Une rencontre que le FCE avait auparavant boudée se démarquant de la position prise par les autres organisations patronales (CAP, CIPA, CGEOA…) qui ont toujours été partie prenante de la démarche. «L'assemblée générale du FCE a mandaté le Conseil exécutif à répondre positivement si les autorités lui demandent de participer aux réunions de la Tripartite», a annoncé le président du FCE, non sans un pincement au cœur, lors de la traditionnelle conférence de presse organisée à l'issue de l'AGO. Cette nouvelle position tranche fondamentalement avec les prises de position du Forum qui n'avait pas hésité à plusieurs reprises à exprimer des points de vue pas toujours partagés par les autorités. Pour justifier la nouvelle orientation prise par l'organisation, M. Hamiani a d'ailleurs tenu à préciser que les «membres de l'AG se sont positionnés, à une écrasante majorité, pour une participation à la Tripartite». Cette fois-ci M. Hamiani, est, semble-t-il, dépassé et contraint de suivre la voix de la majorité des adhérents à l'organisation, même s'il est parait loin de partager la démarche. Certes, Hamiani assure que le FCE «continuera à étayer ses prises de décisions, représenter fidèlement l'état des entreprises algériennes et refléter aussi fidèlement que possible leurs positions». Mais, «le FCE n'est pas dans l'opposition» et il «adhère entièrement à l'analyse et à l'orientation économique ainsi souhaitée par les autorités». Pour que les choses soient dorénavant très claires pour tout le monde, Hamiani affirme à qui veut l'entendre que le FCE est un «allié du pouvoir». Il faut dire que c'est là un tournant pour l'organisation patronale. Il est vrai que la nouvelle orientation des pouvoirs publics, prônant le patriotisme économique, conforte, quelque part, le FCE dans ses positions connues jusque-là et lui donne des «arguments» pour son alignement officiel. Il faut cependant se remémorer les péripéties qu'a connues l'organisation il y a quelques mois et qui ont failli y créer l'implosion. Cela donne une tout autre lecture. Le FCE a-t-il payé ainsi les conséquences de la crise née au sein de l'organisation et qui a poussé un certain nombre d'entreprises nationales à quitter ses rangs ? Selon toute vraisemblance, beaucoup de membres du FCE s'alignent sur les positions des chefs d'entreprises publiques qui ont claqué la porte de l'organisation. Sans aller jusqu'à quitter, eux aussi, le FCE, ces derniers auraient pesé de tout leur poids sur l'AGO et auraient fait le nécessaire pour que cela «ne se reproduise pas». C'est dire que les «participationnistes» ont pris du poids au sein de l'organisation. Pour M. Hamiani «la participation est destinée à marquer la disponibilité au dialogue» du FCE et le «souci du Forum d'être très positif dans une logique de concertation économique permanente qu'il souhaite avoir avec les autorités en tant que partenaire économique ». Tout y est dit.