1- Chaîne III- Qu'est ce que le G20 ? Je rappelle que l'on ait passé du G7, puis au G8 en incluant la Russie, puis au G20. Le G20 regroupe les pays les plus riches de la planète représentant 87% du PIB mondial, 60% de la population de la planète, mais seulement 10% des Etats du monde qui sont eux représentés à l'ONU. Les pays membres du G20 sont les suivants : Afrique du Sud, Allemagne, Arabie saoudite, Argentine, Australie, Brésil, Canada, Chine, Etats-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, République de Corée, Royaume-Uni, Russie, Turquie, Union européenne (UE). Le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, le Comité monétaire et financier international (membre d'office) et le Comité de développement du FMI et de la Banque mondiale (membre d'office), participent eux aussi aux réunions du G20, l'Espagne ayant été invitée par le passé comme observateur. Actuellement, le G20 est la principale tribune de discussion pour la gestion et le contrôle de l'ordre économique international. II – Qu'en est –il des résolutions du G20 à Séoul ? L'ordre du jour du sommet du G20 à Séoul, du moins selon le programme initial qui était scindé essentiellement en deux parties. La première partie devait traiter de sujets déjà abordés lors du sommet de Pittsburgh aux USA : la coopération pour la politique macro-économique, la réforme des systèmes de réglementation financière et la réforme des Institutions financières internationales. Concernant le deuxième volet, il devait aborder la lutte contre la crise, les questions liées au développement, notamment le modèle à créer pour une croissance durable et équilibrée de l'économie internationale et la mise en place de filets de protection financière internationale. Pour lutter contre les crises la coordination des politiques de chaque pays, il est absolument nécessaire au niveau budgétaire, financier, monétaire et par rapport à la stratégie de sortie de crise, force est de constater que le sommet s'est terminé sans résolutions concrètes. Bien que la société économique mondiale soit passée d'un monde unipolaire à un monde multipolaire, les sujets qui fâchent n'ont pas été abordés ni au sommet de Pittsburg, ni au sommet de Séoul. La question est la suivante : la présidence française d'une année (2011) sera t- elle capable de revoir le système monétaire mondial issu des années 1945, ce qui est souhaitable pour l'avenir de l'humanité ? III- La refonte du système monétaire international a-t-elle été abordée ? L'entrée des pays émergents, de la Russie, de l'Inde, du Brésil, de la Corée du Sud, de la Turquie et surtout de la Chine, actuellement deuxième puissance économique mondiale en termes de production intérieure brut- PIB), qui prennent des parts de plus en plus importantes dans la production et le commerce mondial, qui bouleversent l'échiquier mondial, mais dont l'impact ne se fera sentir qu'entre 2015/2020 sous réserve de l'élargissement des couches moyennes porteuses de développement dans ces pays, ce qui entraînera également des bouleversements politiques . Certes, la Chine est devenue depuis fin juillet 2010 la deuxième puissance économique mondiale dépassant de peu le Japon confronté à un nouveau ralentissement de sa croissance, alors qu'en 2005, le PIB chinois était équivalent à la moitié, seulement, de celui du Japon. Mais attention aux illusions de court terme, le PIB par tête d'habitant avec 3.600 dollars (2.800 euros) en janvier 2010, représente moins de 10% de celui des Américains avec 46.000 dollars et l'indice du développement humain donne encore un écart plus important. Mais ce qui est une réalité dans la mondialisation, on peut être pour ou contre, est bien là. Avec cette interdépendance accrue des économies et les effets de la crise d'octobre 2008, l'ont bien démontré, touchant tous les pays directement ou indirectement, il y a urgence d'une nouvelle régulation, tant économique, que sociale mondiale supposant des institutions supranationales adaptées à la nouvelle reconfiguration mondiale. Ce qui explique, sous la pression des pays émergents, la modification des quotas au niveau du Conseil d'administration du FMI, et cela ne concerne pas seulement l'économie, mais également la politique puisque bon nombre de pays du tiers monde demandent que certains pays par continent soient représentés au Conseil de sécurité de l'ONU. Pour l'Afrique il est anormal qu'un seul pays soit représenté au G20 en l'occurrence l'Afrique du Sud et pour le monde arabe, l'Arabie Saoudite. Tout cela pose la problématique de la refonte des relations économiques internationales issues des Accords de Breeton Woods de 1945, notamment la fin de la suprématie du dollar par la création d'une monnaie supranationale, la lutte contre l'inégalité du partage de la richesse mondiale, sans oublier le problème lancinant de la protection de l'environnement qui touche les pays les plus pauvres. IV- L'on parle actuellement de la guerre des monnaies, c'est quoi au juste ? La monnaie, étant un signe pouvant prendre plusieurs formes, à travers les systèmes financiers tant locaux qu'internationaux, joue le rôle comparable au sang dans un corps humain ou toute circulation sanguine, pouvant bloquer le corps humain ou l'économie en tant que moyen et non comme fin de développement. Cela explique en partie, car il existe des liens dialectiques entre la sphère réelle et la sphère financière, tant la crise mondiale de 1929, ou devant le manque de confiance, les ménages se sont précipités pour retirer leurs épargnes, accentuant la crise. IKl en est de même pour la crise des prêts hypothécaires d'aout 2007, où des titres ont été adossés qu'à des entrées virtuelles où pour l'économiste Gary Gorton, lors de la conférence de 2009 de la Banque de la Réserve Fédérale d'Atlanta, intitulée « Slapped in the Face by the Invisible Hand; Banking and the Panic of 2007» », les titres liés aux crédits hypothécaires ont connu un véritable gonflement, passant de 492,6 milliards de dollars en 1996 à 3.071,1 milliards de dollars en 2006 et que plus de 20 trillions [1 trillion = 1.000 milliards] de dollars de dettes titrisées ont été vendues entre 1997 et 2007. Cette situation a paralysé le marché inter- bancaire, les banques ne se prêtant plus ou très peu craignant que leurs homologues soient dans une ligne rouge expliquant que face à la paralysie du marché, les Banque centrales sont intervenues début août 2007 en injectant plusieurs centaines de milliards de liquidités, afin d‘éviter le blocage de l'économie mondiale. Au niveau international, existent des monnaies non convertibles et des monnaies internationales convertibles acceptées lors des transactions internationales. Ainsi, la moyenne 2008/2009, 65% des réserves de change des Banques centrales étrangères sont détenues en dollars, contre seulement 25% en Euros, surtout depuis 1971, du fait que le dollar a été déconnecté vis-à-vis de l'or. Les Etats-Unis d'Amérique restent pour l'instant, il ne faut pas être utopique, la première puissance et la locomotive de l'économie mondiale. La politique de dépréciation du dollar correspondant à une politique volontaire, afin d'essayer de réduire le déficit commercial et de limiter la valeur réelle des USA de leur endettement mondial, libellé en dollars. Une forte remontée du dollar face aux principales monnaies mondiales, supposerait une forte hausse des taux d'intérêts de la Fed et une baisse de la création monétaire, en contradiction avec le programme du nouveau président US où l'économie américaine est caractérisée par un fort déficit budgétaire. Ce qui permet aux Etats-Unis de ressembler à une banque d'investissement qui se finance massivement en émettant de la dette( planche à billets) tout en investissant en actifs risques étrangers (stocks, investissements directs). Cependant existe une tendance contraire à cette dominance actuelle, expliquant la guerre des monnaies qui se fera de plus en plus vivace, certainement entre 2015/2020 avec l'entrée du Yuan chinois. Cependant pendant une période transitoire, et ce au détriment de l'Europe si la cotation de l'Euro dépasserait les 1,50 dollar un euro , sinon plus, l'on pourrait assister à une stratégie convergente à travers le duo USA/Chine, notamment à travers les bons de trésor représentant environ 45% de la dette totale externe des Etats-Unis où sur 2.450 milliards de dollars (juin 2010) de réserves de changes chinois, une grande partie est libellée en dollars et les Chinois dépendant pour une grande fraction de leurs exportations des USA. Tout dérapage élevé du dollar pénaliserait le rendement des bons de trésor chinois déposés aux USA. Cette situation arrange les USA, car toute reconversion des réserves de changes chinois autre que le dollar entrainerait une chute importante du cours du dollar. Car, existe une loi économique, toute dévaluation, pour une économie productive, dynamise les exportations et toute réévaluation les freine, actuellement les cotations en baisse tant de la monnaie américaine que chinoise pénalisant un euro fort. La guerre des monnaies n'est pas étrangère à la lutte pour le contrôle des marchés au niveau mondial. Cependant l'expérience de la crise de 1929 où chaque pays ayant dévalué, cela a entrainé l'accélération de la crise au niveau mondial. Nous devons avoir une vision systémique globale, des respécialisations au niveau de chaque espace économique entre les actuels pays développés et les pays émergents, grâce à leurs forts taux de croissance, l'avenir appartenant à la connaissance créatrice de forte valeur ajoutée à moyen terme, peuvent être profitables à l'expansion de l'économie mondiale sous réserve comme souligné précédemment d'une nouvelle régulation mondiale synchronisant la dynamique économique et la dynamique sociale, supposant de nouvelles institutions plus démocratiques au niveau mondial. Un protectionnisme généralisé ne ferait qu'accélérer la crise mondiale. V – La guerre des monnaies concerne t- elle l'Algérie ? Bien que le système financier algérien soit déconnecté des réseaux internationaux et il ne faut pas s'en réjouir, les Banques algériennes étant actuellement des guichets administratifs, et la Bourse d'Alger n'étant pas une véritable Bourse des valeurs, Sonatrach qui représente la véritable richesse du pays n'étant pas cotée en Bourse où souvent des entreprises publiques structurellement déficitaires représentant plus de 98% des cotations, achètent des entreprises déficitaires et ayant été renflouées grâce au trésor via la rente des hydrocarbures et les Banques publiques représentant plus de 90% des crédits octroyés à l'économie, malades de leurs clients, les entreprises publiques nécessitant des recapitalisations répétées, espérant que l'entrée récente de Alliance assurances puisse bouleverser ces comportements rentiers, la guerre des monnaies pourrait avoir de graves répercussions sur l'Algérie. Dans la mesure où une fraction des réserves de change algériens estimées à 150 milliards de dollars, qui selon le ministre des Fiances devant l'APN en novembre 2009, 80% des réserves sont placés à l'étranger dont 45% en euros, 45% en dollars, 5% en yen et 5% en livres sterling la Banque d'Algérie, pour ces placements ayant joué intelligemment, il faut le reconnaitre sur la loi des grands nombres. Encore faudrait-il être attentif au taux d'intérêt notamment la FED américaine et la Banque centrale européenne variant entre 0,25% et 1,5%, pondéré par le taux d'inflation mondial donnant un taux négatif pour le rendement réel. Se pose cette question existant trois visions : la première est de les garder dans les Banques centrales occidentales ; la deuxième option est de les injecter dans les circuits de développement. Et enfin la troisième option est d'investir à travers la création de fonds souverains du fait de la faiblesse des capacités internes d'absorption. Comme les importations algériennes sont libellées à environ 60% en euros et 98% des exportations représentées essentiellement par les hydrocarbures (la part hors hydrocarbures étant presque nulle 2/3% dont 60% de déchets ferreux et semi ferreux), malgré une forte dévaluation du dinar montant une économie foncièrement rentière et que le blocage est d'ordre systémique. D'où d'ailleurs l'urgence d'un débat national ouvert concernant tant la gestion de la rente des hydrocarbures, afin de préparer l'après hydrocarbures qui vont à l'épuisement dans 16 ans pour le pétrole et 25 ans dans le cas le pus optimiste. Et pour le gaz cela sera fonction des vecteurs couts/prix (14/15 dollars pour le GNL le million de BTU et 10/11 dollars pour les canalisations (GN), alors que le prix du gaz non conventionnel fluctue depuis plus d'une année entre 4/5 dollars), de la forte consommation intérieure qui représenterait environ 75% des exportations entre 2016/2020 et des possibilités d'autres énergies substituables, ainsi que la gestion des réserves de change. Aussi, engageant l'avenir de la Nation, les autorités algériennes doivent être très attentives tant aux nouvelles mutations énergétiques mondiales qu'à la guerre des monnaies vu l'impact qu'elles pourraient avoir sur l'économie algérienne. *Thème du débat dossier économique de la Radio internationale algérienne chaine III Invité de la semaine -Docteur Abderrahmane MEBTOUL Professeur d'Université –Expert International- Economiste –