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Alimentation en eau potable : La gestion déléguée à mi-parcours
Publié dans Le Financier le 14 - 01 - 2011

L'expérience de la gestion déléguée de l'eau pour les grandes villes algériennes est à mi-parcours. Devant le Conseil de la nation, le ministre de l'hydraulique a affirmé que l'alimentation en eau potable a été améliorée, depuis que sa gestion a été confiée à des opérateurs étrangers dans les wilayas d'Alger, Annaba, Constantine et Oran.
Cela sera un autre son de cloche à la radio chaîne trois. Faisant le bilan de la gestion déléguée de l'eau, le ministre dira qu' « à Oran, la SEOR donne satisfaction. » Elle sera d'ailleurs la seule qui trouve grâce aux yeux du ministre. A l'autre bout du pays, la SEATA, une société algéro-allemande crée pour les besoins du programme de délégation de la gestion de l'eau et de l'assainissement dans les wilayas d'Annaba et Tarf, est carrément hors du coup. Les Annabis seraient aujourd'hui rationnés de manière drastique. Constantine, gérée par les eaux de Marseille connaît elle aussi des problèmes encore plus graves. Selon le directeur de l'hydraulique des quantités industrielles d'eau potable finissent dans les oueds. « Un gaspillage de cette nature, dans un pays à qui l'on prédit un avenir sombre en matière de ressource hydrique. Ce type de gaspillage devrait être classé comme un crime économique grave.» Souligne un écologiste. Qui nous apprendra que des études locales et internationales prévoient que l'Algérie devra importer 10% de ces besoins en eau à l'horizon 2025.
Pour les besoins de cette expérience de gestion, quatre entreprises furent montées en 2006/2008. Des sociétés de droit algérien, créées par l'Algérienne des Eaux (ADE) et l'Office National de l'Assainissement(ONA) du coté algérien et différents partenaires étrangers.
Suez Environnement pour Alger, qui donnera la SEAAL, est la plus ancienne entreprise de gestion déléguée de l'eau créée en avril 2006. La SEAAL serait en principe en bout de course au courant de l'année 2011. Le montant du contrat signé en novembre 2005 était de 117,7 millions d'euros. Au titre de ce contrat la SEAAL devait rétablir une distribution de l'eau en H24. Remettre en état de fonctionnement les ouvrages relatifs à l'eau potable et à l'assainissement. Mettre en place et étalonner un système d'indicateurs de performance et de qualité des services de l'eau potable et de l'assainissement. Assurer le management de SEAAL selon les conditions du contrat.
La gestion déléguée de l'eau fut élargie aux autres grandes villes à partir de cette expérience. Une expérience qui semblait avoir donné satisfaction. Aujourd'hui l'avenir de cette entreprise est, dit-on, compromis. Selon les connaisseurs, c'est le démarrage dans l'exécution du contrat que des engagements n'ont pas été honorés.
A quelques mois de la fin du contrat Suez Environnement ne risque pas de rattraper les retards accumulés durant 5 ans. C'est sur la base d'un cahier des charges élaboré avec l'aide du bureau d'étude ýde la Banque mondiale que furent établis les contrats pour les autres grandes ývilles du pays. A l'époque, les autorités en charge du secteur soulignaient qu'à ýleurs yeux la priorité était dans le transfert de technologie. A Oran c'est une ýentreprise espagnole «Agbar» qui sera retenue comme partenaire, suite à un ýappel d'offres.
Le contrat a la particularité de rémunérer l'attributaire sur la ýbase d'un fixe et une variable liée à la performance. Le contrat d'une durée de 5 ýans avec une phase transitoire de 6 mois. Période durant laquelle la SEOR devait ýpréparer un plan de développement. Le montant global du contrat est de 30,5 ýmillions d'euros. Depuis avril 2008, date d'entrée en vigueur du contrat, la SEOR ýn'a pas encore résolu tous les problèmes de distribution et d'assainissement. Il ýfaut dire aussi que la ville est en pleine transmutation et l'on nous promet ýencore bien des changements.
Certes, aujourd'hui les Oranais peuvent se dire ýsatisfaits, l'eau coule dans les robinets. Les vendeurs d'eau, qui faisaient partie ýdu folklore oranais, ont presque tous disparus.
Est-elle potable ? Pas vraiment, mais ýcertainement plus propre avec moins de microbes et autres bestioles. «L'eau ýdu robinet sert pour le nettoyage, mais pas pour le café et le thé» nous dira un ýcafetier du coté d'Eckmühl. Les responsables de la SEOR garantissent, pourtant, la pureté de l'eau potable servie aux abonnés, affirmant que plusieurs analyses sont effectuées plusieurs fois par jour sur des prélèvements opérés à différents stades depuis l'arrivée de l'eau jusqu'au robinet. En fait, il aurait une cartographie de la qualité de ýl'eau à Oran. Dans certains quartiers la qualité est bonne et l'on peut cuisiner ýavec cette eau, dans d'autre elle l'est beaucoup moins.
C'est particulièrement ývalable pour Oran ouest alimentée à partir de la nappe de Brédéah. Malgré le ýtraitement par osmose de cette eau, le taux de sel reste relativement important. ýSelon certaines sources, il varierait entre 5 et 8 gr par litre. Selon le ministre des ressources en eau, la dotation actuelle par habitant est de 60 litres par jour. Une dotation appréciable puisqu'elle represente 1 fois et demi la recommandation planché de l'OMS «40l». Devant l'APN , M. Sellal avancera d'autres chiffres, la distribution actuelle serait de 162 litres par jour et par habitant et elle devrait atteindre 175 litres en 2014.
Il y a de quoi se mêler les pinceaux dans les chiffres annoncés par le ministre. Finalement le citoyen ignore qu'elle est la dotation réelle en eau que lui alloue les pouvoirs publics. Une dotation de 162 litres par jour et par habitant, nous place au niveau des peuples les mieux nantis. Des pays qui baignent dans l'eau pour ainsi dire et qui se trouvent dans l'hémisphére nord en général et sont donc très bien dotés par la nature. Cela n'est pas vraiment notre cas.
En principe, et nul ne sait d'ailleurs pourquoi, les ingénieurs hydrauliciens nationaux ont décrété pour les agglomérations urbaines, une valeur moyenne de la dotation unitaire de 150 litres par habitant et par jour. Beaucoup de spécialistes s'interrogent sur cette norme du type «copier coller», qui ne repond pas vraiment à nos besoins ni à nos ressources hydriques et qui s'avére, peut-etre, du gaspillage faute d'etude sur la consommation en eau.


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