L'exploitation du gaz schiste est-elle une folie industrielle ? C'est en tout cas ce que souligne une incroyable enquête américaine publiée par le quotidien américain The New York Times le 26 février dernier. L'exploitation du gaz schiste est-elle une folie industrielle ? C'est en tout cas ce que souligne une incroyable enquête américaine publiée par le quotidien américain The New York Times le 26 février dernier. Dans la cohorte des grands pays producteurs de gaz, le recul de ce gaz dit non conventionnel est bigrement bénéfique pour l'économie algérienne, à court et à long termes. L'Algérie, qui est considérée comme un acteur majeur du marché gazier, peut se frotter les mains car la mobilisation contre l'extraction du gaz schiste est lancée dans les grands pays tels que les Etats-Unis, le Canada, la France…. Ceci pourrait avoir un effet boomerang sur le marché et devrait rééquilibrer les prix, qui sont en chute libre depuis l'avènement de cette nouvelle technique non conventionnelle, vers 2008-2009. En effet, cette enquête a lancé une véritable bombe contre laquelle la mobilisation grandit partout dans le monde. Non seulement les preuves d'effets néfastes sur la santé publique s'allongent, mais l'enquête révèle aussi que l'eau rejetée par les puits est très radioactive. L'Algérie a été sceptique, à travers son ancien ministre de l'Energie, Chakib Khelil, quant à l'aboutissement de l'exploitation de ce gaz non conventionnel avant de se jeter dans la course. En fait, l'arrivée massive de gaz non conventionnel sur le marché de l'énergie a provoqué un affaissement des prix sur le marché libre (en moyenne deux fois plus faibles que sur le marché des contrats à long terme). En effet, vers 2008-2009, le prix du gaz naturel s'est écroulé, quand la production de ce gaz de schiste est entrée en vigueur et a fait croître l'offre assez rapidement. Ceci a été considéré comme une vraie «Révolution» sur le marché du gaz. Et les nouvelles techniques d'extraction dans les roches souterraines ont dopé la production des Etats-Unis, dont les réserves sont désormais estimées à plus de 100 ans, et bouleversent les équilibres mondiaux. Selon une étude publiée par le cabinet IHS Cera, ces techniques dites «non conventionnelles», ont permis de plus que doubler l'estimation de ressource disponible en Amérique du Nord, à 85.000 milliards de m3. «C'est la plus grande innovation en terme d'énergie depuis l'an 2000», a estimé Daniel Yergin, président d'IHS Cera, lors de la conférence CeraWeek à Houston (sud des Etats-Unis). «On a vu le gaz naturel passer d'une situation d'offre limitée, à une situation d'abondance. Cela modifie la nature de la concurrence dans l'énergie, cela modifie le débat», a-t-il ajouté. Alors qu'ils ne représentaient que 1% de la production américaine en 2000, les gaz de schiste atteignent aujourd'hui 20% de la production et pourraient dépasser 50% d'ici 2030, selon l'étude d'IHS Cera. Des forages radio actifs près de chez vous ! L'Algérie, après qu'on ait crié à la boutade, à la machination, véhiculée par une certaine presse de l'Energie, mise sous l'égide des majors de l'industrie pétrolière et gazière, s'est finalement lancée dans la course. Selon le canevas de Sonatrach, des forages expérimentaux seront lancés bientôt au nord du pays. Il faut dire qu'actuellement on se plait à mettre en avant les réserves conventionnelles de l'Algérie et le développement des techniques de forage n'a pas encore été effectif. Toutefois, le recours aux nouvelles technologies en matière d'exploration constitue un atout pour accroître les capacités de production des hydrocarbures et élargir les possibilités d'exploration, notamment dans le nord du pays. Ainsi, l'ex ministre de l'Energie et des Mines, avait annoncé qu'un programme pour l'exploitation des gisements de gaz non conventionnels est en cours de lancement. Il avait précisé, à ce sujet, que Sonatrach était en train de former ses cadres sur ces techniques d'extraction des gaz non conventionnels. Mais Sonatrach n'est pas la seule dans cette course. La compagnie française Total portait un intérêt particulier aux gisements. En effet, Total avait affiché son intérêt pour l'acquisition de positions dans le gaz de schiste en Algérie comme elle avait acquis des positions en France, au Danemark, en Argentine, au Maroc, en Tunisie… D'après plusieurs interlocuteurs, la production algérienne de gaz schiste n'est pas encore entrée en vigueur. Les risques de pollution environnementale ne sont donc pas potentiels. Avisés, plusieurs présidents d'associations écologiques de la wilaya d'Oran ont déclaré qu'ils combattront avec bec et ongles l'extraction de gaz schiste, si vraiment les techniques de production s'avèrent vraiment polluantes. Les dessous d'une technique « non conventionnelle» Le New York Times a consacré de gros moyens au déchiffrage des quelque 30.000 pages de documents confidentiels provenant de l'agence américaine de protection de l'environnement, l'EPA, et de différentes sources internes à l'industrie qu'il s'est procurés. La version on-line du quotidien New York Times publie également une carte qui recense la radioactivité présente dans 149 des quelque 200 puits installés dans l'Etat de Pennsylvanie et recense 42 puits dont l'eau rejetée dépasse la norme autorisée pour l'eau potable en radium, 4 dans le cas de l'uranium, 41 dans celui du benzène, 128 les dépassent pour le « gross alpha » (des radiations causées par les émissions d'uranium et de radium). Le quotidien américain a également réalisé un reportage vidéo où l'on voit des habitants des montagnes rocheuses (Colorado) obligés de déménager parce que les gaz de schiste les ont « empoisonnés ». Nausées, diarrhées, saignements de nez… ils se disent contaminés par les fuites provenant des extractions réalisées autour de chez eux. « C'est comme si nous brûlions les meubles pour chauffer la maison », dit John H. Quigley, qui a quitté le mois dernier son poste de secrétaire du Département de Pennsylvanie de la Conservation et des Ressources Naturelles. « En nous éloignant du charbon pour nous rapprocher du gaz naturel, nous essayons d'obtenir un air plus pur, mais nous produisons des quantités énormes d'eaux usées toxiques, contenant des sels et des matériaux radioactifs naturels. Et nous n'avons aucune assurance qu'un plan ait été prévu pour traiter ces déchets ». Dans la cohorte de cette enquête, le documentaire de l'américain Josh Fox, Gasland, diffusé cette année aux Etats-Unis, a révélé au grand public les dégâts de la fracturation hydraulique, la technique de forage développée par la société Halliburton avec des images choc comme l'embrasement de l'eau sortant d'un robinet d'une maison située sur une zone d'exploitation. Le film, produit par HBO, a reçu un prix spécial du jury au dernier festival du film indépendant Sundance et nominé pour le prix du meilleur documentaire pour la 83ème cérémonie des Oscars.