Abdelaziz Bouteflika, Président de la République, a recommandé aux pays africains, présents, lors de la 19ème Conférence africaine des ministres de l'Industrie (CAMI), qu'une Afrique industrielle contribuera à répondre aux «aspirations légitimes» de la jeunesse africaine à l'emploi. Dans un message, lu en son nom par Mohamed Ali Boughazi, conseiller auprès de la présidence de la République, que ce «développement doit passer par la promotion de l'investissement et la mobilisation de l'épargne nationale et internationale pour le renforcement des capacités industrielles nationales, notamment dans l'exploitation et la transformation des ressources locales». La mise à niveau et la modernisation des entreprises ainsi que l'adoption des normes de qualité dans le management et dans la production, sont aussi des étapes incontournables du développement industriel, selon M. Bouteflika. Mais, «une mobilisation des forces des gouvernements, des investisseurs nationaux et des entreprises étrangères, qui acceptent de s'inscrire dans les stratégies nationales et régionales de développement», est recommandée afin de réussir un tel défi, a-t-il souligné Cette mobilisation implique, a-t-il ajouté, la contribution de l'ensemble des acteurs qui font le développement industriel: «les gouvernements qui arbitrent, fixent les priorités sociales et fournissent les incitations et l'environnement adéquats, les investisseurs nationaux qui conduisent la croissance économique et les entreprises étrangères qui acceptent de s'inscrire dans les stratégies nationales et régionales de développement». Le rôle de l'Etat dans l'investissement doit se conjuguer à «l'apport du partenariat économique public-privé dans la relance de la production», a-t-il encore précisé qu'il n'y avait pas d'»antinomie» entre ce rôle de l'Etat et le fonctionnement d'une économie ouverte à la concurrence et fondée sur la liberté d'entreprendre. Il a, dans ce sens, souhaité que le plan d'action que la 19ème CAMI proposera de mettre en œuvre soit «un véritable levier pour la relance de la croissance industrielle en vue de faire de l'Afrique un continent tourné vers un développement industriel favorable à l'entreprenariat et à l'esprit d'initiative à même de répondre aux attentes légitimes des peuples africains». «Notre ambition est que notre continent entre de plain-pied dans le concert des économies industrialisées», a-t-il dit. La tenue de cette rencontre à Alger témoigne, selon M. Bouteflika, de «la concertation des pays africains sur le développement de l'Industrie», une concertation qui permet au continent de «parler d'une même voix lorsqu'il s'agit d'aborder les questions actuelles de son développement ou lorsqu'il s'agit de tracer les grandes lignes de son avenir», est-il félicité. Rappelant les «réalisations» de l'Afrique en matière de croissance économique durant les dernières années où les taux moyens de croissance tournaient autour de 6%, avant que la crise financière internationale ne les fasse tomber à une moyenne de 2,5%, le président a noté que ces performances n'auraient pu être réalisées sans les «efforts soutenus déployés par l'Afrique pour relever les défis de développement». Il suffira, donc, pour dépasser les effets de la crise mondiale qui a «frappé durement les pays africains», de «renouer avec cette dynamique pour réaliser l'aspiration de nos sociétés, c'est à dire un développement accéléré et durable de nos économies», a-t-il soutenu. Cependant, la crise économique internationale, si elle «a gelé la progression des revenus et remis en cause les résultats obtenus (en Afrique) sur le front de la lutte contre la pauvreté», n'a pas manqué de «repositionner» éminemment l'Industrie en tant que «secteur incontournable» du développement économique, a fait remarquer M. Bouteflika. Cette «résurgence industrielle», selon les termes du président, a été le fait que la plupart des pays, développés ou émergents, ont bâti leur stratégie de sortie de crise sur le soutien à l'Industrie, a-t-il rappelé. La conjoncture internationale a donc conduit à ce que «les problématiques industrielles se retrouvent de nouveau en bonne place tant dans l'agenda des Gouvernements que dans celui de l'ensemble des institutions internationales», s'est-il encore réjoui. Ceci dit, les résultats réalisés par les pays africains jusqu'à présent «restent encore en deçà des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) et profondément marqués par des disparités régionales», a-t-il par ailleurs souligné. C'est que les économies africaines, explique-t-il, restent souvent exposées à des facteurs externes, comme les aléas climatiques ou les «soubresauts» des marchés spéculatifs, ainsi qu'aux retournements de la conjoncture économique internationale. Le retard enregistré en matière d'infrastructures en Afrique constitue une autre source de ralentissement de la croissance économique ayant marqué le continent, selon M. Bouteflika. «La faiblesse des infrastructures économiques, notamment celles nécessaires à l'Industrie et au Commerce, que ce soit au niveau de l'Energie, des Transports, de la Distribution ou des Communications, a indéniablement ralenti et bridé la croissance de l'Afrique», a-t-il regretté. Il importe, dès lors, soutient le président, de se «consacrer au développement des infrastructures pour réduire les disparités entres les pays africains, accroître l'attractivité de leurs économies et accélérer leur croissance». Ces défis, qui permettront de «réduire la pauvreté, améliorer les conditions de vie et assurer une distribution équitable du pouvoir d'achat» dans un continent fort de plus d'un milliard d'habitants, ne «sont pas insurmontables, au regard de la richesse de l'Afrique en matière de ressources naturelles et de diversité des espaces », a-t-il enfin assuré.