L'Union générale des travailleurs algériens (Ugta) vient d'élaborer une série de propositions visant à «consolider et améliorer» le pouvoir d'achat des citoyens algériens, rapporte l'APS citant la centrale syndicale. L'Ugta a formulé une série de propositions de «prise en charge durable et rapide» de la problématique du pouvoir d'achat et son influence sur le bien être individuel et collectif, à même de «permettre une offre stable et accessible pour les ménages à revenu modeste», souligne-t-on. «La maîtrise des prix des produits alimentaires de large consommation est loin d'être un acquis, ce qui induit la caducité de certains efforts de l'Etat tendant à l'amélioration des conditions sociales», estime l'Ugta. Ainsi, sept propositions ont été élaborées à cet effet, portant en premier lieu sur l'»ouverture et l'organisation des marchés de gros des fruits et légumes». Cette première proposition vise à «densifier» le réseau de distribution en multipliant, notamment, les marchés de gros en vue d'»atomiser les marchés, évitant ainsi de créer un déséquilibre et l'existence de goulots d'étranglement». Pour arriver à une meilleure organisation du marché des fruits et légumes, la «réactivation de l'OFLA», à titre d'exemple, est jugé comme un dispositif susceptible de «permettre de juguler les prix autour d'un niveau socialement acceptable et économiquement viable», estime l'Ugta. La seconde proposition concerne la «réactivation de l'Office national d'importation et d'exportation» des produits d'alimentation. Cet office, initialement appelé ONACO, distributeur public de ces produits, est destiné à réguler les prix et les marges de bénéfices des produits d'importation tels que les légumes secs, le café, le thé ou le sucre. Parmi les propositions faites par l'Ugta figure aussi, l'»ouverture et l'organisation de la filière viandes», car celle-ci est actuellement «désorganisée, ce qui engendre une forte spéculation sur les prix», souligne-t-elle. Ainsi, la création d'un office de régulation et de commercialisation de viandes «aurait un impact direct sur les prix à la consommation d'un côté, et d'un autre côté, elle encouragerait la production nationale qui trouverait une régularité des débouchés des produits d'élevage et dérivés pour permettre également d'alimenter la filière production lait et dérivés». Dans le même objectif, l'Ugta propose également la «réouverture et la réhabilitation des grandes surfaces en partenariat avec le secteur privé national». Outil considéré comme «très important» pour la régulation des prix des produits de large consommation, ce dispositif de grands magasins serait efficace pour «venir à bout des spéculations qui rongent le pouvoir d'achat et créerait en parallèle des postes d'emploi», souligne la centrale syndicale. La «relance des coopératives de consommation et le réexamen du crédit à la consommation», est également proposée. La relance de ce dispositif faisant partie de l'économie sociale, et dont l'»expérience a fait ses preuves par le passé», aurait un effet bénéfique sur la stabilisation des prix des produits de large consommation et la production nationale, selon l'Ugta. Soutenir la production nationale du ciment et les matériaux de construction est aussi citée dans les suggestions. Une enquête menée par l'Ugta sur un échantillon représentatif, a montré que 10% du budget d'un ménage sont consacrés aux charges locatives. Cette proposition fait suite aussi aux changements sociaux et l'évolution de la population qui prédisent un accroissement de la demande en logement. Afin d'éviter des pressions et les tensions sur le marché de l'immobilier, l'Ugta propose de «soutenir fortement» le prix du ciment et les matériaux de construction produit localement. La septième proposition porte, quant à elle, sur les «facilitations fiscales et douanières», vu l'importance de réexaminer la fiscalité et les taxes douanières afin de les mettre en cohérence avec les objectifs d'encouragement de la production nationale, de création d'emplois, et de défense du pouvoir d'achat des citoyens. Selon l'Ugta, les pouvoirs publics sont toujours confrontés à la réalité économique qui fait que l'»inflation et la spéculation guettent et amoindrissent l'effet des salaires sur le pouvoir d'achat, rendant presque caduques les différentes augmentations sur le bien être des populations». Les subventions des prix de certains produits de large consommation peuvent être un moyen de venir en aide aux citoyens démunis, indique-t-elle, mais il faut, toutefois, s'assurer qu'elles se traduisent par de réelles baisses de prix sur les marchés et qu'il ne soit laissé aucune chance à certains milieux affairistes de profiter de la situation économique et sociale actuelle pour s'enrichir davantage sur le dos de l'Etat et des consommateurs.