L'Office algérien interprofessionnel des céréales (OAIC) mène actuellement une opération de prospection du marché des céréales en vue d'anticiper ses importations d'orge, après une sécheresse exceptionnelle qui a frappé les zones agropastorales entre 2010 et 2011, selon l'APS citant le directeur de l'office, Nouredine Kehal. «Nous sommes en train de prospecter le marché et voir sur le terrain quelles sont les prévisions de production d'orge pour cette année en vue d'arrêter une véritable stratégie d'approvisionnement par l'importation», a indiqué M.Kehal, précisant que la commande d'achat d'orge sur le marché international serait d'au moins 50.000 tonnes. Interrogé si l'Algérie allait importer de l'orge cette année, pour la première fois après la production record de 2008/2009, le directeur de l'OAIC, qui effectue une visite d'évaluation de la production céréalières à travers le pays, a indiqué que l'importation était un «complément» à ce qui est produit localement. Expliquant les raisons de ces importations, M. Kehal a indiqué que la sécheresse ayant frappé les zones agropastorales en 2010 jusqu'à avril 2011 avait privé le cheptel ovin de végétation, ce qui a contraint l'OAIC de tripler ses approvisionnements en orge pour les éleveurs de cette région connue pour l'élevage ovin. Selon ce responsable, en année normale, l'office distribue entre 2 et 3,5 millions de quintaux (Mqx) par an, alors qu'entre 2010 jusqu'à fin avril 2011, l'OAIC a fait sortir de ses silos plus de 10 Mqx dont plus de 3 Mqx ont été vendus entre janvier et avril de l'année en cours. «Nous venons de sortir d'une campagne de pâturage des plus sèches depuis 1962. Donc il fallait sauver ce troupeau», note-t-il, en soulignant que cette situation avait été gérée par «la mise à la disposition des éleveurs des quantités d'orge supérieures à ce qui ce fait d'habitude». Quelque 22 millions de têtes d'ovins ont été ainsi sauvées grâce à un programme de régulation mis en place par l'OAIC, le seul fournisseur à approvisionner les éleveurs en orge. La sécheresse, qui a affecté les zones agropastorales réputées pour leurs production d'orges, est également responsable d'une «mauvaise» récolte attendue pour cette année. «Concernant cette année, les perspectives de production (d'orge) sont en dessous de la moyenne», a affirmé M. Kehal. Autre facteur poussant l'opérateur public à anticiper ses achats d'orge, les perspectives haussières des prix sur le marché international, en raison de la sécheresse qui a affecté l'Ukraine, premier exportateur mondial d'orge. «Toutes les études disponibles tablent sur des perspectives haussières parce que le premier exportateur au monde (l'Ukraine Ndlr) est affecté par la sécheresse», a dit ce responsable. Donc, «faut-il attendre la nouvelle récolte et une flambée des prix pour sortir sur le marché ou anticiper les achats?», s'est il interrogé. «Gérer c'est prévoir, prévoir c'est anticiper», a-t-il ajouté, en assurant que l'Algérie «dispose encore de quantités suffisantes pour couvrir les besoins du marché national pour plusieurs mois». Durant la campagne agricole 2008-2009, l'Algérie a produit quelque 61 Mqx de céréales dont 24 Mqx d'orge, 24,3 Mqx de blé dur et 11,3 Mqx de blé tendre. Grâce à cette production record, l'Algérie avait constitué des stocks d'orge pour trois années et en avait même exporté en 2009 environ 11.000 tonnes. La production céréalière de l'Algérie a baissé en 2009/10 à près de 46 Mqx. Selon le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, M. Rachid Benaïssa, la campagne céréalière 2010/2011 sera une «année bonne en blé dur, satisfaisante en blé tendre et difficile en orge».