Le PDG d'Air Algérie Mohamed Salah Boultif s'est déclaré hier favorable à un compromis, sans hausse salariale, lors des négociations «directes» prévues avec le personnel navigant commercial en grève la semaine dernière. Le ministère des Transports algériens avait annoncé samedi ces négociations dans un communiqué. Prévues à 14H00 GMT à Kouba, dans la banlieue d'Alger, au siège d'une filiale d'Air Algérie, selon le secrétaire général du Syndicat national du personnel navigant commercial (SNPNC) Yassine Hamamouche, ces négociations «butteraient sur une faiblesse financière de Air Algérie». La compagnie «espère trouver un compromis» sur les revendications des employés, a déclaré M. Boultif à la radio algérienne. Il a assuré disposer «d'une marge de manœuvre». Mais il n'est pas favorable à une hausse des salaires supérieure aux 20% déjà accordées par la compagnie à l'ensemble de ses 9.000 personnels. «Je n'irai en aucun cas contre les intérêts de l'entreprise», car on ne peut «traiter de manière corporative» cette question, a-t-il dit. Les revendications catégorielles du personnel navigant commercial -hôtesses de l'air et stewards- portent sur deux volets: une hausse de salaire supérieure aux 20% déjà attribuées et un nouveau statut. Pour ce qui est du statut, ces personnels réclament d'être alignés sur celui des pilotes puisqu'ils sont soumis à la même mobilité et aux mêmes risques en matière de sécurité. Pour l'heure, ils sont payés comme le personnel au sol. Le SNPNC avait aussi réclamé et obtenu la levée de toutes les mesures disciplinaires et les licenciements contre le personnel en grève. Interrogé sur les pertes subies par la compagnie lors de cette grève menée du 11 au 14 juillet, M. Boultif les a chiffrées sur le réseau international à 31,7 millions de dinars (3,17 millions d'euros). Ce surcoût n'engendrera pas de problèmes financiers à Air Algérie dont la situation financière n'est «pas extraordinaire» mais «pas catastrophique» non plus, a assuré M. Boultif. Vendredi, les vols d'Air Algérie, qui avaient immobilisé dans les aéroports européens, essentiellement français, des milliers de vacanciers d'origine algérienne, ont repris. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia avait promis la veille aux grévistes par l'entremise d'un médiateur, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA, syndicat officiel), Abdelmadjid Sidi Saïd, de répondre à leurs revendications. Optimisme et scepticisme Le PDG de la compagnie nationale de navigation aérienne, Air Algérie s'est dit «optimiste» sur l'issue des négociations directes, estimant qu'un accord «sera certainement trouvé avant la fin de la journée». Il a précisé que trois points seront à l'ordre du jour de ces négociations. Il s'agit en premier lieu d'aller vers une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs d'Air Algérie. En ce sens, il a souhaité la mise en place d'un nouveau bloc opération. Le deuxième point concerne l'alignement du statut du PNC sur celui des pilotes et copilotes, alors que le troisième point qui sera discuté portera sur la création d'une direction autonome du PNC. Le PDG d'Air Algérie a rappelé que la situation financière de l'entreprise «ne permet pas de répondre favorablement à leur revendication principale qui est une augmentation de 106 % des salaires», appelant les représentants du collectif du PNC à faire preuve de bon sens et en insistant sur les compromis possibles en préservant les intérêts et travailleurs ainsi que ceux de l'entreprise. Afin de ne pas léser le reste des travailleurs d'Air Algérie, M. Boultifa souhaité que les négociations ne concernent pas exclusivement le personnel navigant mais l'ensemble des travailleurs de l'entreprise publique qu'il dirige depuis peu. Refusant une approche «corporatiste», il a plaidé pour «une augmentation (des salaires) harmonieuse et homogène», tout en relevant que la situation financière de l'entreprise ne permet pas une augmentation dépassant les 20 % annoncés il y a quelques jours. Le PDG d'Air Algérie a indiqué que la situation est redevenue normale sur l'ensemble du réseau de la compagnie, après quatre jours de grève observée par le PNC qui a engendré des pertes estimées à près de 32 millions de dinars. Les négociations directes entre le collectif du PNC et la direction d'Air Algérie débutent dimanche après-midi à 14 heures à Alger.