A. Nawel L'utopie est sur le point de devenir réalité. En effet, le projet écologique «Desertec» sera présenté demain, à Munich (Allemagne). Si ce projet sera maintenu, l'Algérie, à l'instar des pays du MENA (Middle East & North Africa), va exporter de l'énergie propre vers l'Europe. Il faut savoir que le projet «Desertec», d'un coût global de 400 milliards d'euros, vise à fournir, d'une manière durable, à l'Europe, le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord des énergies renouvelables. Le procédé industriel de cette initiative porte sur la production d'énergie électrique par des centrales thermiques solaires situées principalement dans le nord de l'Afrique ainsi que des parcs éoliens au large de cette région d'Afrique et du nord de l'Europe, alors que l'énergie produite devrait être transportée aux centres de recharges européens par des lignes de transport de travées de haute tension et de courant direct (HVDC), selon une étude élaborée par le groupe allemand Siemens. Le projet prévoit aussi la construction de plusieurs centrales solaires de taille moyenne entre 50 et 200 MW sur une vingtaine de sites s'étendant du Maroc à l'Arabie saoudite. Le coût de cet investissement a été estimé à 400 milliards d'euros jusqu'en 2050, dont 350 milliards d'euros pour la construction des centrales et 50 milliards pour les lignes de transmission nécessaires, selon Siemens. Développé pour la première fois dans les années 1970, le concept «Desertec » a été relancé à partir de 2000 et fait actuellement l'objet «d'intenses débats», relève-t-on. Dans ce sens, une nouvelle initiative «Desertec II», qui comprend un nombre d'entreprises de renom, a été mise en place avec pour objectif de développer, à moyen terme, «un concept technique et économique pour l'énergie solaire de l'Afrique», a-t-on expliqué. D'après des données contenues dans l'étude, la production mondiale d'électricité devrait passer de 21.000 Térawatt/heure (TWH) en 2008 à 37.000 TWH en 2030. Les énergies fossiles continueront de représenter «l'épine dorsale» de cette production malgré leur régression de 68% en 2008 à 60% à la faveur d'une croissance de la part des énergies renouvelables. Développement durable : énergies renouvelables «Desertec» est appelé à reconsidérer la part des énergies renouvelables dans notre consommation d'énergie; non parce que nous sommes consommateurs ou avides de faire des économies, mais parce que l'exploitation des énergies renouvelables ne se fera pas sans l'accroissement de la production locale des énergies et de leurs diversifications. A cet effet, pour 2030, environ 40% des investissements dans les centrales électriques à travers le monde devraient être consacrés pour le développement de sources d'énergies renouvelables. Cette évolution s'explique, selon l'étude, par le changement climatique, la flambée de la demande mondiale en électricité et la «pénurie» de combustibles fossiles. Parmi ces énergies alternatives, l'éolien sera, de loin, le plus utilisé pour produire de l'énergie dans le monde entier avec une part de 49%, suivie par le solaire (28%), la biomasse (19%) et la géothermie (3%). La capacité des parcs éoliens installés Onshore passera de 94 GW en 2007 à 660 GW en 2030, tandis que celle des parcs installés en mer (Offshore) passera de 1 GW à 85 GW durant la même période. De son côté, l'énergie solaire devrait afficher le plus haut taux de croissance avec plus de 28%. Le développement de cette source continuera d'être «fortement stimulé par les subventions du monde entier qui ont déjà conduit à de substantielles réductions de coûts», a souligné Siemens. Ainsi, ajoute-t-on, le marché des centrales solaires thermiques devrait dépasser dix milliards d'euros d'ici à 2015.