Le président Commission nationale consultative pour la promotion et la protection des droits de l'homme (CNCPPDH), Farouk Ksentini, a indiqué, samedi à Alger, que l'Etat a dépensé 10 milliards de dinars pour indemniser les victimes de la tragédie nationale. Invité de l'émission «Forum de la télévision», M. Ksentini a indiqué que 9,94 milliards de dinars ont été dépensés pour la prise en charge des victimes de la tragédie nationale et ont concerné 12.311 dossiers de familles ayant perdu un des leurs du fait du terrorisme et 11.104 dossiers de personnes ayant perdu leur emploi pour implication dans des actes terroristes. M. Ksentini a estimé, à cet effet, qu'il était impératif de reconnaître «les efforts considérables» déployés par l'Etat pour la prise en charge de toutes les catégories touchées par le terrorisme lors des années 90. Par ailleurs, le président de la CNCPPDH a évoqué la situation des droits de l'homme qui englobent, a-t-il dit, «les droits de l'Etat et les droits de la société et des personnes», soulignant que «l'Etat, premier défenseur des droits de l'homme, doit être fort pour mener à bien cette mission». Il a estimé, en outre, que les droits de l'homme en Algérie «connaissent une amélioration considérable», reconnaissant toutefois qu'il existe encore des «insuffisances» du fait, notamment, du «colonialisme qui a dépossédé les Algériens de tous leurs droits». «Après l'indépendance, a-t-il expliqué, l'Etat se trouvait dans l'obligation d'assurer les droits collectifs au dépens des droits individuels». M. Ksentini a indiqué que la commission qu'il préside «a, dès sa création, donné la priorité aux dossiers des disparus et aux victimes de la tragédie nationale. M. Ksentini a estimé, par ailleurs, que les ONG et les organisations internationales ont insisté sur le volet politique des droits de l'homme en omettant le volet social en raison de leur «appartenance à des Etats qui ne connaissent pas les problèmes du Tiers-Monde». «Je rejette catégoriquement toute ingérence dans les affaires intérieures du pays», a-t-il dit dans ce contexte, soulignant que les organisations internationales «qui affirmaient que les forces de sécurité luttaient contre l'opposition démocratique avaient commis une grave erreur de jugement car ces derniers menaient une lutte contre le terrorisme». L'avocat a, par ailleurs, abordé la question de la liberté de la presse, affirmant que «cela est un acquis irréversible car la presse contribue au développement du pays». «Il ne peut y avoir de démocratie sans liberté», a-t-il affirmé. Les prisonniers algériens en Libye M. Ksentini a indiqué, à ce propos, qu'il soutenait personnellement «la liberté absolue d'expression qui s'abstient de toute injure ou diffamation», appelant à cette occasion la presse à «s'impliquer dans le combat contre la corruption». Après avoir précisé que la législation protégeait le journaliste car la constitution confère à l'Etat le devoir de protéger les personnes, M. Ksentini a regretté l'absence d'une loi relative à cette question. Il a saisi l'occasion pour réaffirmer son rejet de la sanction d'emprisonnement du journaliste contrevenant proposant en contrepartie l'introduction d'une amende. Il a affirmé, dans ce sens, l'intégration, dans le prochain rapport annuel à soumettre au président de la République, d'une recommandation pour l'annulation de la sanction d'emprisonnement du journaliste. A une question sur le phénomène des «haraga», l'avocat s'est dit contre la sanction d'emprisonnement des jeunes qui quittent le pays, estimant qu'une amende serait suffisante. Regrettant l'ampleur qu'a prise ce phénomène, M. Ksentini a indiqué que pour faire face à la situation il «convient de protéger nos jeunes, de les prendre en charge et de les impliquer dans le développement du pays». Par ailleurs, l'invité de la télévision a estimé que «la non-application» des dispositions de la convention relative à l'extradition des prisonniers algériens dans les prisons libyennes était «une question douloureuse», rendant la partie libyenne responsable du «gel de la convention». Il a demandé, à cette occasion, à la Libye d'accélérer le transfèrement des prisonniers algériens pour épargner aux parents de ces derniers les coûts de leur déplacement pour des visites (100.000 dinars pour chaque famille). A une question sur l'amnistie générale, M. Ksentini a répondu que cela «relevait des compétences du président de la République», indiquant qu'il espérait toutefois son application. Le «retour de la paix civile est fondamentale et l'intérêt de la nation est au dessus de toute considération», a-t-il insisté à ce propos.