Correspondance spéciale, Noureddine Ramzi D'ores et déjà, le Mexique estime à 70 millions de dollars les pertes reliées à la grippe A. Mais la vie a tendance à reprendre progressivement son cours normal. Dans un entretien télévisé, dimanche soir, le chef de l'État a annoncé que le pays était sur le point de «surmonter» l'épidémie, félicitant les autorités pour avoir géré «rapidement et correctement» la crise. «Nous sommes en mesure de surmonter cette situation d'urgence si délicate», avait-il déclaré, non sans prudence: «Nous ne crions pas victoire». À partir de là, les Mexicains respirent mieux… Ils peuvent, d'ores et déjà, manger dans les restaurants sans la contrainte du «take out» imposé depuis quelques jours. Mais les grands rassemblements pour les spectacles restent sérieusement contrôlés. Et depuis lundi dernier, les Mexicains pouvaient pousser un soupir de soulagement. Les sourires reviennent sur les visages et, bien que très fréquents encore, les masques chirurgicaux ont tendance à laisser voir des visages radieux. En effet, les autorités ont annoncé avec prudence le déclin de la grippe porcine et la réouverture prochaine des commerces, après plusieurs jours d'angoisse. Et que ce soit à Riviera del Maya ou à Playa del Carmen, les baigneurs commencent à faire le plein bien que ce ne soit pas la meilleure période pour se pavaner sur le sable doré. C'est dire que l'activité économique, paralysée depuis plus d'une semaine, reprend progressivement dans le pays latino-américain, considéré comme la couveuse mondiale du virus. Le gouvernement s'est penché, lundi, sur les écoles, fermées à Mexico depuis le 24 avril. Le ministre de la Santé, José Angel Cordova, a confirmé la «tendance à la régression» de l'épidémie, sans écarter toutefois une «possible résurgence», qui pourrait se manifester dans «les prochains jours ou plus tard». Pour l'heure, le bilan est de 26 morts, soit 4 de plus, et 701 malades contre 568 la veille. Cette hausse est due au rattrapage du retard accumulé dans les analyses médicales des cas. Originaires pour la plupart de la capitale et de ses environs, les personnes décédées, dont 16 femmes, sont âgées de 21 à 40 ans. Les restaurants et cafétérias vont rouvrir aujourd'hui dans la capitale, une mégalopole de 20 millions d'habitants, qui tournait au ralenti afin d'éviter la propagation du virus A (H1N1). Mais le Mexique en entier reste sur le pied de guerre : «Nous devons rester en alerte, les activités vont reprendre peu à peu et non d'un coup». Un livret officiel exhorte notamment les propriétaires des établissements à imposer le port du masque aux serveurs et respecter une certaine distance entre les tables, afin d'éviter une forte concentration de clients. Les autorités avaient décrété, le 28 avril, la fermeture au public des quelque 35.000 restaurants, ainsi que celle des cafés, bars, cinémas, théâtres et autres discothèques de Mexico. La fréquentation des hôtels s'est effondrée à 10% dans la capitale et les plages ont été désertées, en particulier dans la péninsule atlantique du Yucatan, avec plus de 70% d'annulations. La crise sanitaire pourrait coûter un demi-point de PIB au Mexique, soit une perte de 70 millions de dollars. Le gouvernement doit encore se prononcer sur le cas des écoles, fermées depuis le 24 avril à Mexico et le 27 dans l'ensemble du pays. Mais la reprise des classes sera graduelle. Selon le chef de l'État, il faut «d'abord les nettoyer». «Personne ne doit penser que le 6 mai sera le retour à la situation d'avant le virus», a souligné, à cet égard, M. Avila, excluant la réouverture des classes sans une totale «sécurité sanitaire».