La plupart des pays ont conçu des plans d'action contre une éventuelle pandémie de grippe chez l'homme, mais ces plans, insuffisamment testés, laissent craindre la possibilité d'un échec une fois la pandémie déclenchée, affirme un rapport de l'ONU publié cette semaine. Ce constat, combiné à une récente étude de la Banque mondiale selon laquelle le coût économique d'une pandémie planétaire pourrait atteindre 3 000 milliards de dollars, constitue une source de préoccupation, selon l'ONU. Selon ce rapport annuel, une pandémie modérée pourrait tuer environ 1,4 million de personnes à travers le monde, tandis que le bilan d'une épidémie majeure pourrait atteindre 70 millions de morts. "Considérant que l'état de préparation du monde à une pandémie était quasi-nulle il y a trois ans, le niveau actuel d'alerte et d'action représente un succès majeur", affirme David Nabarro, le coordinateur de la lutte contre la grippe à l'ONU, coauteur du rapport. "Mais davantage doit être fait pour assurer que nous sommes prêts à affronter une crise mondiale de ce type", ajoute-t-il. M. Nabarro souligne notamment "la nécessité que les pays coordonnent mieux leurs efforts pour assurer une continuité de fonctionnement de leurs systèmes économiques, sociaux et politiques, et bien sûr de santé, en cas de pandémie de grippe". Le rapport note, en effet, que les plans de réponse des Etats sont surtout concentrés sur les systèmes de santé. Or, une pandémie aurait un impact sur tous les aspects de la vie quotidienne, du ramassage des ordures ménagères aux transports en commun, aux services communaux, à la banque et au commerce. Le monde est confronté depuis cinq ans à des cas inquiétants de grippe aviaire, causée par le virus très pathogène H5N1 qui pourrait muter en une forme transmissible facilement et rapidement entre humains. Aucun pays n'a fait état depuis le début de l'année de nouvelles infections de volailles par le virus H5N1, contre quatre pendant la même période l'an dernier, indique le rapport. Dans une conférence de presse, M. Nabarro a indiqué qu'à ce jour, le virus de la grippe aviaire n'était plus endémique que dans deux pays: l'Indonésie et l'Egypte. Il refait surface de manière épisodique au Pakistan, dans certaines régions de Chine et d'Inde, en Thaïlande, au Laos, au Vietnam, au Bangladesh et en Corée du Sud. Jusqu'à présent, 245 personnes sont mortes de la grippe aviaire dans le monde depuis l'apparition de la maladie. Le rythme des infections sporadiques et des décès chez l'homme causés par le virus H5N1 a ralenti, avec 28 morts confirmées en 2008 contre 59 en 2007, mais la menace d'une pandémie de grippe chez l'homme demeure toujours. Dans ce sillage, l'Egypte a abrité, samedi et dimanche, la sixième conférence internationale sur la grippe aviaire.Cette conférence est co-parrainée par le gouvernement égyptien et par le Partenariat international de lutte contre la grippe aviaire et pandémique (Ipapi) et la Commission européenne. Elle s'est penchée sur le rôle de la communauté internationale et des organisations non-gouvernementales (ONG) face au virus mortel de la grippe aviaire. La conférence a mis l'accent sur la nécessité de coordonner les futurs efforts pour améliorer les capacités d'action contre une éventuelle pandémie de grippe. A ce propos , les Etats-Unis ont promis de fournir une aide supplémentaire de 320 millions de dollars pour renforcer les efforts internationaux dans la lutte contre la grippe aviaire, a annoncé samedi une responsable américaine en visite officielle en Egypte. Paula Dobriansky, la sous-secrétaire d'Etat américaine pour la Démocratie, a fait cette annonce en Egypte en marge de la sixième conférence internationale sur la grippe aviaire .La somme additionnelle de 320 millions de dollars s'ajoutera aux 949 millions de dollars offerts par les Etats-Unis pour lutter contre la grippe aviaire et celles qui sont pandémiques.