Le coup d'envoi de la campagne d'évaluation des ressources halieutiques nationales, qui sera réalisée par des chercheurs algériens, a été donné dimanche à Alger par le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, Abdallah Khanafou. Cette campagne, qui démarrera le 17 octobre prochain, sera effectuée par le bateau de recherche algérien, baptisé du nom du Chahid Grine Belkacem, avec à son bord 11 chercheurs algériens assistés de deux Sud Coréens. Il s'agit de la première sortie de ce bateau, acquis par le ministre en février et qui va effectuer cette fois une évaluation des ressources pélagiques ou poisson bleu (sardine, sardinelle, allache, anchois, bogue et bonite). Cette campagne s'inscrit dans le cadre de l'actualisation des données des précédentes campagnes effectuées en Algérie pour connaître ses ressources halieutiques. La première a été réalisée en 1974 par l'Organisation des Nations unies pour l'Agriculture (FAO), suivie par une campagne menée par un institut norvégien en 1979, la troisième tait l'oeuvre de l'Institut français des sciences et techniques de pêche et la dernière en 2003 et renouvelée en 2004, effectuée dans le cadre de la coopération algéro-espagnole. Cette dernière avait estimé à 220.000 tonnes le stock pêchable. D'après M. Khanafou, la nouvelle évaluation 100% algérienne va permettre à son secteur de «conforter» les données obtenues lors des précédentes campagnes. «Nous comptons (à travers cette campagne) de conforter ces chiffres s'ils sont réels, ou du moins, avoir une idée sur nos stocks pêchables», a-t-il dit lors d'un point de presse à l'issue de la cérémonie d'envoi de cette prospection. Cette campagne et les autres qui suivront vont permettre au secteur d'élaborer des plans de gestion de la ressource et définiront s'il y a lieu d'injecter ou pas de nouvelles unités de pêche, de maintenir les moyens actuels, de définir les périodes du repos biologique ainsi que de connaître les raisons de la diminution de la ressource. Selon le ministre, le recul de la ressource a fortement diminué la production halieutique ces dernières années mettant à l'arrêt 50% de la flottille dans certains ports de pêche. D'après les chiffres du ministère, la production de poissons a atteint 78.000 tonnes en 2010 en baisse de 20% par rapport à 2009. Des cartes localisant le stock pêchable seront établies à l'issue de ces évaluations pour les soumettre aux professionnels. «Nous devons convaincre les professionnels que c'est la seule issue pour préserver cette ressource, qui est certes renouvelable, mais il y a des conditions pour qu'elle le demeurera», a indiqué le ministre, affirmant que cette démarche va oeuvrer à lutter contre la pêche illicite et à la dynamite. La deuxième prospection dont la date n'a pas encore été définie, va porter sur l'évaluation des ressources des poissons des fonds. Le programme sectoriel s'étalant sur cinq ans prévoit au moins deux campagnes de prospection par an, a indiqué le directeur de la Pêche et de l'aquaculture au centre national de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNDPA), M. Fliti. Ce chercheur estime «insuffisant» le nombre de campagnes effectuées jusqu'à présent. La norme étant, selon lui, d'effectuer au moins trois prospections par an, et ce, en raison des changements climatiques qui interviennent dans les fonds marins influant sur l'état de la ressource. «De récentes recherches ont évalué la hausse de la température dans la mer Méditerranée à un demi degré», a fait valoir M. Fliti. Outre l'évaluation du potentiel halieutique national, Grine Belkacem profitera également aux chercheurs et universitaires.