B. Rayane : En l'espace d'un an, votre excellence s'est rendue à Oran deux fois, pourrait-on comprendre qu'il y a intérêt particulier pour la région de l'Oranie ? M. Giampaolo Cantini : J'ai effectué plusieurs visites institutionnelles en Oranie au cours des premiers mois de 2009 afin de préparer les «Journées italiennes d'Oran», une série d'événements à caractère économique et culturel, à développer dans la «Capitale de l'Ouest» du 3 au 6 octobre 2009. L'idée naît du constat de l'envergure de la ville Oran pour la vie économique et culturelle algérienne et de la nécessité d'accroître, sur le terrain, la présence des Institutions chargées de promouvoir les relations bilatérales entre l'Italie et l'Algérie, l'Ambassade d'Italie en premier lieu. B. Rayane : Ce sont les potentialités agricoles, d'investissement ou autres qui vous attirent ? M. Giampaolo Cantini : L'Oranie est l'une des régions les plus dynamiques du pays en termes d'industrie énergétique (je me réfère au secteur de la pétrochimie, aux nouveaux trains LNG, etc.), agroalimentaire (la filière du lait notamment, la viticulture, la production d'huile d'olive), manufacturière et du bâtiment (Oran compte d'importants projets de développement dans les prochaines années). B. Rayane : Les actions de coopération et de formation lancées dernièrement en collaboration avec l'ICE, à savoir la formation portant sur l'oléiculture, précédée l'année dernière par le séminaire sur l'extrusion plastique, peuvent-elles être considérées comme une nouvelle étape d'échanges et de coopération? M. Giampaolo Cantini : L'Ambassade d'Italie et l'ICE, dans le cadre de leurs activités de promotion du «Made in Italy», ont conféré une place importante au volet formation qui demeure un critère pour améliorer tant l'aspect gestion que les processus de production en Algérie et renseigne quant au niveau de collaboration entre les réalités économiques des deux pays avec le soutien de leurs plus hautes Autorités. Le volet formatif, à travers ces initiatives, se trouve être un excellent vecteur d'insertion des technologies italiennes sur le marché algérien et répond à une exigence hautement appréciée par les opérateurs des différents secteurs pour lesquels il ne s'agit plus d'acheter des machines uniquement mais de s'informer et de se former dans tel ou tel secteur d'activité. B. Rayane : Mis à part celles-ci, prévoit-on d'autres actions similaires ? M. Giampaolo Cantini : Le rendez-vous d'Oran peut donner un aperçu précis de ce que nous prévoyons en termes de développement de la présence économique italienne en Oranie. Le programme économique auquel nous avons pensé pour les «Journées Italiennes» est axé principalement sur les caractéristiques et les spécificités de la Région Oranie afin qu'il puisse stimuler le lancement de formes concrètes de collaboration. Dans ce contexte, un séminaire est prévu par la Chambre d'Arbitrage de Milan, avec la collaboration des Chambres de Commerce et d'Industrie d'Alger et d'Oranie, en présence d'opérateurs économiques de la région, d'étudiants universitaires, d'avocats et responsables d'entreprises, en vue d'exposer les activités et les méthodologies d'arbitrage et de conciliation lors de rapports et de contrats commerciaux. En référence au secteur agricole, des conférences sont prévues sur le développement de l'industrie laitière, la mécanisation agroindustrielle et l'oléiculture. Nous avons aussi demandé à la Wilaya d'Oran de faire une présentation des opportunités de participation aux entreprises italiennes sur le plan du développement des infrastructures et des travaux publics prévus en Oranie lors du prochain quinquennat. Un autre secteur, au centre de l'attention, sera celui de la pêche, compte tenu du grand intérêt des réalités productives italiennes souhaitant explorer des formes de collaboration dans ce domaine en Algérie. B. Rayane : Votre longue expérience dans le secteur des PME/PMI, n'intéresse t-il pas nos entreprises ? M. Giampaolo Cantini : Une présence remarquable de sociétés italiennes s'active déjà sur le marché algérien (depuis les 80 enregistrées en 2004, nous sommes actuellement à 160 environ!) et en cas de réunion de certaines conditions, il y aurait une croissance accrue des PME/PMI italiennes en Algérie. Nous prévoyons de déployer davantage nos efforts précisément à cet effet. B. Rayane : Comment et qu'est-il prévu dans ce sens ? M. Giampaolo Cantini : L'Algérie, qui aspire à diversifier sa structure économique, ne peut que se reposer sur l'apport et le savoir-faire de ces PME/PMI et sur le développement de formes authentiques de partenariat. De nombreuses entreprises italiennes (notamment les PME) sont disposées à investir en Algérie et à y transmettre la logique du système typique de notre expérience de succès des districts industriels et sont grandement intéressées par les opportunités que leur offre le marché algérien. Il y a, en Algérie, des conditions plus favorables qu'ailleurs pour le développement d'un tissu productif de PME: meilleure disponibilité de matières premières, énergie moins chère, ressources humaines. B. Rayane : Le volume des échanges commerciaux de 11,6 milliards d'euros est qualifié de record historique par l'ICE, cela ne peut confirmer la position de l'Italie comme deuxième partenaire après les USA, qu'en dites-vous ? M. Giampaolo Cantini : C'est vrai! La présence économique italienne en Algérie a considérablement augmenté en 2008. Cette année, on a enregistré une augmentation de 62,7% en termes d'exportation. C'est la première fois que la valeur globale de 3 milliards d'euros d'exportation a été dépassée. L'Algérie devient la première destination commerciale pour les exportations italiennes en Afrique! L'Algérie est également la deuxième destination des entreprises italiennes de travaux publics. B. Rayane : Pourrait-on prévoir encore une hausse de ce chiffre en 2009 ? M. Giampaolo Cantini : C'est ce que nous souhaitons. Pour l'avenir, notre objectif est d'aller plus loin, bien au-delà des traditionnelles formes de coopération dans les domaines de l'énergie, des travaux publics et du commerce en général. L'intérêt de l'Italie réside dans l'investissement productif, dans la promotion d'une véritable présence de ses PME/PMI dans des secteurs diversifiés tels que l'agriculture, la sidérurgie, l'agroalimentaire. B. Rayane : Je vous laisse le dernier mot M. Giampaolo Cantini : Le mot clé est Partenariat ! L'apport italien en matière de PME, de transfert de technologie et de savoir-faire, de formation, et de diversification de l'économie algérienne peut-être décisif, à l'enseigne d'une logique «gagnant-gagnant» et d'un partenariat entre égaux. Entretien réalisé par B. Rayane