La consolidation de la position financière extérieure de l'Algérie et la reprise de la croissance économique se sont confirmées en 2010, confortant la résilience du pays face aux chocs externes. Le gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci, a affirmé que «les paramètres de la position financière extérieure nette de l'Algérie confirment sa solidité et confortent sa résilience face aux chocs extérieurs, d'autant que la gestion du taux de change (par la Banque d'Algérie) contribue à la stabilité financière externe». L'excédent global de la balance des paiements extérieurs, composée de la balance des paiements extérieurs courants et du compte capital, a quadruplé en 2010, passant à 15,58 milliards de dollars (mds usd) contre seulement 3,86 mds usd en 2009, a-t-il rappelé. La balance des paiements extérieurs courants a enregistré un excédent de 12,16 mds usd en 2010, soit 7,5% du PIB avec une progression des importations qui n'a pas dépassé 4%. Cette performance est surtout le fruit du redressement des prix moyens du baril de pétrole en 2010, qui est passé à 80,15 dollars contre 62,26 dollars en 2009, soit une hausse de 28,73%, ce qui a favorisé une progression de 26,4% des recettes d'exportation des hydrocarbures en 2010. Le compte capital, qui exprime notamment le net des flux des investissements directs étrangers, était excédentaire de 3,4 mds usd en 2010 contre 2,5 mds usd en 2009. Les réserves officielles de change, y compris les avoirs en DTS (droits de tirage spéciaux du FMI), se sont établies à 162,22 mds usd soit 38,33 mois d'importations. Ces réserves étaient de 148,6 mds usd en 2009. Selon le gouverneur de la BA, la gestion sécurisée de ces réserves s'est notamment exprimée par la diversification, depuis 2004, des devises entrant dans leur composition ainsi que des risques. La dette extérieure s'est quant à elle stabilisée à 3,679 mds usd et ne représentait plus que 2,27% du PIB de 2010. Le taux de change effectif du dinar est resté quasiment stable à son niveau d'équilibre à moyen terme. La part des paiements en euros s'est stabilisée à 46% contre 50% pour le dollar. L'appréciation du taux de change effectif réel du dinar a, quant à elle, contribué à limiter l'impact de l'inflation importée sur les prix, selon M. Laksaci qui a reconnu que les prix des biens de consommation à fort contenu d'importation ont cru de 7% de 2010. Baisse de l'inflation Et pour la première fois depuis cinq ans, le taux d'inflation annuel moyen a baissé, passant à 4,1% à l'échelle nationale contre 6,1% en 2009 et à 3,9% contre 5,7% en 2009 pour l'indice du grand Alger. «Contrairement aux années précédentes, l'inflation en 2010 est principalement générée par la hausse des prix des services et des biens manufacturés, même si les biens alimentaires ont subi des hausses substantielles», a expliqué le gouverneur de la Banque d'Algérie. Quant au taux de croissance économique, M. Laksaci a rappelé qu'il avait atteint 3,3% en 2010 contre seulement 2,4% en 2008 et 2009. Cette «reprise confirmée» de la croissance est notamment tirée par la demande intérieure, elle même soutenue par l'accroissement des ressources, même si le secteur des hydrocarbures continuait d'enregistrer une croissance négative, selon le gouverneur. Le PIB hors hydrocarbures progressait, à lui seul, de 6% en 2010 contre 9,3% en 2009. Les dépenses budgétaires ont cru de 6,3% en 2010 après une quasi stabilité en 2009 pendant que les recettes des hydrocarbures avaient augmenté de 20,4%, soit l'équivalant de 66,3% des recettes budgétaires et 64,4% des dépenses. C'est ainsi que le solde des opérations du Trésor est resté déficitaire à hauteur de 0,9% du PIB en 2010 contre un déficit de 7% du PIB en 2009. Mais ce déficit a été compensé par les ressources du Fonds de Régulation des Recettes (FRR) dont l'encours s'était accru de 526,4 mds de DA en 2010 pour atteindre 40,2% du PIB. «Cela renforce la viabilité des finances publiques, en dépit de l'augmentation de la dette publique intérieure en 2010", a commenté M. Laksaci. Les crédits à l'économie distribués par les banques et les établissements financiers en 2010 étaient de 3.671 mds de DA, en hausse de 15,6% par rapport à 2009, ce qui place l'Algérie au rang des pays émergents à croissance rapide du crédit, a-t-il encore rappelé. Le gouverneur a tenu à signaler, dans le même contexte, que l'encours de l'épargne financières des ménages et entreprises privées excédait, à fin 2010, celui des entreprises publiques, y compris celles des hydrocarbures. L'année 2010 a été, par ailleurs, marquée par le retour à l'expansion monétaire après la baisse historique que cette dernière a enregistrée en 2009. L'expansion monétaire avait atteint 13,8% en 2010 contre 3,1% en 2009. La politique monétaire a surtout reposé en 2010 sur «la résorption effective de l'excès de liquidité», a souligné M. Laksaci.