Des professionnels de l'assurance catastrophes naturelles (CAT-NAT) ont estimé jeudi que ce marché a connu une progression ces dernières années mais qui reste insuffisante en termes de nombre de souscripteurs. Le marché des assurances CAT-NAT «progresse mais il n'est pas encore arrivé à un niveau satisfaisant», a déclaré à la presse M. Hadj Mohamed Seba, PDG de la Compagnie centrale des assurances (CCR), en marge d'un séminaire international sur ce thème. Rendue obligatoire en 2004, après le séisme de Boumerdes, le produit d'assurance CAT-NAT a connu un développement en termes de canaux de distribution et de garanties financières qui ne s'est pas pour autant traduit par des ventes importantes de contrats d'assurance. Selon des chiffres déjà fournis par la CCR, 8% des installations industrielles et commerciales et 4% des habitations (287.000 habitations) sont assurées contre les catastrophes naturelles, «des taux de souscription en deçà des attentes», estime-elle. Les contrats doivent raisonnablement couvrir au moins 50% des biens et risques assurables, selon la centrale de réassurance. Six ans après sa mise en place, le système algérien de l'assurance CAT-NAT doit être évalué en vue d'en apporter des correctifs réglementaires en mesure de doper ce segment d'assurance, a soutenu M. Kamel Marami, directeur de l'assurance au ministère des Finances. Si les primes collectées dans cette branche d'assurance ont évolué positivement à 1,2 milliard de DA en 2010, contre 1 milliard DA en 2009, le marché de cette assurance «est encore en phase d'évolution», note-t-il à ce propos. Encore, relève M. Marami, le système d'assurance CAT-NAT, qui existe depuis 2004, ne peut être testé qu'en cas de grands sinistres. Les inondations survenues après cette date à Ghardaïa en 2008 et à EL Bayadh en 2011 étaient des sinistres d'envergure moyenne qui ne peuvent indiquer sur l'efficacité de ce système, selon lui. M. Seba a par ailleurs, appelé à revoir la garantie de l'Etat dans l'assurance CAT-NAT. «Sa poursuite ou sa suppression mérite d'être débattue», a-t-il suggéré. Les compagnies d'assurance sont les premiers garants en cas de sinistres, mais l'Etat intervient en dernier ressort, en cas d'un déséquilibre financier de tout le système d'assurance et de réassurance, explique-t-on lors de ce séminaire. Garantie de l'Etat «Le temps est venu pour repenser cette garantie de l'Etat de manière à assurer la pérennité du système d'assurance et éviter des répercussions négatives sur les finances publiques», a-t-il dit. Lors de cette rencontre tenue, dix ans après la survenance des inondations de Bab El-Oued, il a été souligné la nécessité de développer l'assurance contre les catastrophes naturelles en Algérie, connue pour sa vulnérabilité sismique et son exposition permanente aux inondations et à des degrés moindres aux glissements de terrains. En Algérie, le système des assurances contre les CAT-NAT couvre un patrimoine immobilier et industriel d'environ 4 trillions de DA (4.000 milliards de DA), selon des chiffres fournis par la CCR. Le tremblement de terre qui a frappé la wilaya de Chlef (ex El Asnam) en 1980 a occasionné des pertes économiques de 2 milliards de dollars, celui de Mascara survenu en 1994 a causé 50 millions de dollars de dégâts matériels sans compter les pertes humaines. Toujours selon les chiffres de la CCR, les inondations de Bab El Oued à Alger de 2001 ont coûté 544 millions de DA, alors que celles de Ghardaïa en 2008, se sont chiffrées à 250 millions d'euros et récemment celles d'El Bayadh à 6 milliards de DA. Le tremblement de terre de Boumerdes en 2003 reste à ce propos la plus importante catastrophe naturelle en termes de pertes matérielles avec 5 milliards de dollars de dégâts recensés.