La Police de l'urbanisme et de la protection de l'environnement (PUPE) a relevé plus de 34.400 infractions liées à des agressions contre l'environnement et l'urbanisme durant l'exercice 2011, a-t-on appris mercredi auprès de la direction de la sécurité publique au niveau de la sûreté nationale, qui a constaté un «laisser-aller» des autorités locales dans ce domaine. Dans le secteur d'intervention de la sûreté nationale, les unités de la PUPE ont enregistré, l'année dernière, 34 472 infractions, 14 007 infractions concernent l'environnement et 20 465 l'urbanisme, a indiqué à l'APS le sous-directeur de la direction de la sécurité publique au niveau de la sûreté nationale, M. Madjid Saâdi. Les infractions constatées ont donné lieu à la rédaction de 25 298 rapports transmis aux autorités locales ou à la justice, a-t-il ajouté. Pour les violations des règles de l'urbanisme, le bilan mentionne essentiellement les constructions sans permis (16 432 infractions) tandis que les atteintes aux normes environnementales ont porté en premier lieu sur le manquement aux normes d'hygiène et de santé publique (8.103 infractions). La PUPE, qui dépend de la direction de la sécurité publique de la sûreté nationale, agit «en étroite coordination» avec les services techniques spécialisés des Assemblées populaires communales (APC) et des wilayas, pour la lutte contre toutes les formes d'atteinte à l'hygiène publique, à l'environnement et à l'urbanisme. Ses éléments interviennent sur le terrain «à leur initiative, en collaboration avec les autorités locales territorialement compétentes ou sur requête des citoyens», constatent les infractions et informent, suivant les cas, les services techniques des APC, la wilaya ou la justice qui sont «habilités à prendre les décisions qui s'imposes». «Il y a des infractions nécessitant la constitution d'un dossier et sa transmission directe au parquet», a précisé M. Saâdi. En matière d'urbanisme, les cas de la non conformité des constructions au permis délivrés sont en effet traités directement par la justice, la PUPE étant tenu d'interroger l'auteur de l'infraction et l'autorité qui avait délivré le permis de construire avant de transmettre le dossier au parquet. Les cas de construction sans autorisation sont traités «indirectement» par le tribunal. «Le président de l'APC peut délivrer un permis de démolition en 24 heures à partir du moment de la constatation d'une construction sans permis. Mais s'il tarde à prendre cette décision ou si l'auteur de l'infraction occupe entre temps la construction avec sa famille, la démolition devient impossible sans l'autorisation du procureur de la République», a-t-il expliqué à ce propos. Donc sur les 20 465 infractions liées à l'urbanisme, 5 572 ont fait l'objet de rapports transmis au parquet, a faits savoir M. Saâdi, précisant que, s'agissant de l'environnement, le nombre des rapports adressés au tribunal était de 4 084 (sur les 14 007 infractions constatées), soit un total de 9 656 dossiers. Le sous-directeur de la direction de la sécurité publique n'était pas en mesure de parler de la suite donnée par les tribunaux à ces cas déclarés parce que «la mission de la PUPE s'arrête à la constitution et à la transmission des dossiers». Des villes en souffrances Sur le terrain, malgré les efforts de la PUPE et des autorités locales elles-mêmes, les atteintes à l'urbanisme et à l'environnement ne cessent de s'amplifier. La plus part des villes souffrent, en effet, de la présence de constructions illicites et leurs habitants se plaignent des nuisances provenant des marchés parallèles et du manque d'hygiène publique. De plus, c'est à la police que les citoyens reprochent de tolérer les constructions illicites et les marchés parallèles dans leurs cités. «Les citoyens ignorent la véritable mission de la PUPE et parfois ils ignorent même son existence», a déplore M. Saâdi. Pour justement vulgariser son rôle qui consiste notamment en la stricte application des normes en matière d'urbanisme et de l'environnement «en coordination avec les services techniques des APC et des wilayas», la PUPE participe aux «semaines portes ouvertes» sur la police qu'organise périodiquement la direction générale de la sûreté nationale (DGSN). De l'avis de M. Saâdi, l'impact de cette participation est «très limité» en ce sens que les visiteurs de ces portes ouvertes ne s'intéressent qu'aux matériels de travail de la police, notamment les radars, «pour savoir à quoi s'attendre une fois sur les routes». Selon lui, la PUPE reçoit des requêtes de citoyens, parfois sous couvert de l'anonymat, qui lui reprochent d'être passive devant la prolifération des bidonvilles. D'autres citoyens, a-t-il ajouté, s'adressent à la police, «en dernier recours», pace que leurs requêtes ne sont pas prises en charge au niveau de leurs APC, concernant entre autres les extensions anarchiques aux constructions ou des constructions illicites dont ils sont victimes. «La police n'a pas les prérogatives de démolir des constructions. Elle informe les autorités territorialement compétentes, à savoir le président de l'APC qui doit prendre la décision qui s'impose. La police ne fait que contribuer à l'application de cette décision», a expliqué M. Saâdi à propos des bidonvilles. Sur le même sujet, il fait remarquer que «si le président de l'APC ne prend pas les décisions qui s'imposent au bon moment, le problème se compliquerait», estimant que «la prolifération des bidonvilles vient du fait que des élus locaux d'APC n'assument pas leurs rôles». Pour lui, et contrairement à ce qui est répandu au sein de l'opinion publique, le règlement du problème des marchés parallèles qui portent atteinte à la quiétude des citoyens des villes, relève surtout de la responsabilité des autorités locales plutôt que de la police. M. Saâdi a ainsi souligné que c'est le «laisser-aller des autorités locales (APC et wilayas)» qui empêche d'aller vers une plus grande rigueur dans l'application strict des normes environnementales et urbanistiques telles que définies dans les lois en vigueur.