Droits sportifs, service public et déontologie ont dominés les débats. Les droits sportifs, la notion de service public ainsi que la déontologie dans les médias audiovisuels publics ont dominé samedi les travaux des séances plénières de la 19e session annuelle de la Conférence permanente de l'audiovisuel méditerranéen (COPEAM) qui se tient à Marrakech (335 km au sud de Rabat) autour du thème : «Mutations dans les sociétés euro-méditerranéennes : les médias en mouvement». Dans la session «La Méditerranée : un espace de libre circulation des citoyens et des contenus» l'ensemble des intervenants ont posé la problématique des «diktats» que subissent les médias publics de la part des détenteurs de droits TV lors de l'organisation des compétitions sportives notamment de football (coupe du monde, coupe d'Afrique etc). Ils se sont posé plusieurs questions à ce sujet notamment, quels sont les droits des pays du sud de la Méditerranée sur leur équipe nationale dont on ne peut diffuser les matchs en raison des prix exorbitants exigés par les détenteurs des droits de diffusion ? Où est la dignité des peuples à qui on prive l'image de son équipe nationale à cause d'un comportement hautement commercial ? et que faire face au chantage de ces télévisions qui imposent leurs prix à chaque compétition internationale ? Tewfik Khelladi, directeur de l'Etablissement public de télévision algérienne (EPTV), a dans son intervention appelé à la coordination des actions des responsables de télévisions publiques pour faire face à cette situation notamment au niveau des fédérations nationales mais aussi internationales. «Nous devons avoir une même appréhension et une même attitude afin de garantir le droit du téléspectateur à l'image», a-t-il souligné avant de reconnaitre qu'actuellement «nous sommes incapables de calculer le juste prix d'une compétition sportive». Il a, à cette occasion soutenu l'idée de la «mise en place d'un front» lancée par Faiçal Laraichi, président-directeur général de la Société nationale de la radio télévision marocaine (SNTR) pour exprimer son refus du comportement des détenteurs des droits de transmission des grands rendez-vous sportifs «sans payer le prix exigé». M. Khelladi a également estimé que les télévisions de service public dont la problématique est devenue «existentielle» devaient se préparer à défendre leurs droits par des offres communes afin de diminuer les prix et en s'associant avec d'autres opérateurs (téléphonie, agences de publicité etc) pour drainer des finances et garantir l'accès à des compétitions sportives et maintenir ainsi leur mission de service public. Lors de la session «les nouvelles situations : quels changements pour les médias de service public ?», les participants ont soulevé plusieurs questions notamment celles relatives à la définition du service public, à la différence entre télévision étatique et télévision publique et les grands défis que rencontraient les médias notamment celui ayant trait à leur indépendance vis-à-vis du pouvoir politique. Le futur des médias… Ils ont notamment insisté sur l'importance du dialogue avec la société civile pour garantir le futur de ces médias, la nécessité de sa réforme et l'importance de la production de qualité ainsi que la diffusion de la diversité de la société. Les intervenants ont d'autre part reconnu, en leur qualité de responsables des télévisions publiques que «certains habitudes» étaient difficiles à éliminer et que le changement pouvait prendre du temps. La troisième session plénière «l'information et la déontologie» avait été marquée par l'intervention du journaliste et écrivain algérien Badreddine Mili dans laquelle il a «exhumé de l'oubli» la charte de Séville (2005) initiée par la télévision algérienne qui avait posé un certain nombre de règles déontologiques et d'éthiques. Il a estimé qu'en dehors du «confort moral» que cette charte avait pu prodiguer, «rien -ou si peu- ne changea dans les lignes éditoriales». M. Mili a fait remarquer que «durant les années qui suivirent l'adoption de la charte, les médias publics, avaient, de nouveau raté l'occasion de traiter, de façon mesurée et équilibrée, des phénomènes de société comme l'islamophobie, la stigmatisation des minorité, la mise à l'index des rites et traditions religieuses, et des événement graves comme l'invasion de Ghaza, le massacre imposé par Israël». Selon lui, les gains arrachés par la Charte de Séville, s'avérèrent, «à l'épreuve des défis, bien tenus, donnant à mesurer l'écart séparant la théorie de la pratique». La conférence (30 mars-1er avril) se déroule en présence de responsables des chaînes de télévision et des stations radio dans les pays du bassin méditerranéen, d'experts en communication, de professionnels des médias et de la communication, de représentants d'organisations régionales et internationales concernées par l'information et la communication, ainsi que de représentants de sociétés de production télévisuelle et cinématographique. La COPEAM, qui a été créée au Caire en 1996, fédère une grande diversité d'acteurs du monde de l'audiovisuel et de la culture représentant pas moins de vingt-six pays du bassin méditerranéen.