Dans un rapport publié mardi, Fitch Ratings indique que les marchés obligataires nord-africains demeurent étroits et peu développés comparés à d'autres marchés émergents et ce, malgré un environnement économique stable et un cadre réglementaire et fiscal favorable. Néanmoins, la mise en œuvre d'une politique de crédit plus rigoureuse par les banques de la région pourrait, dans les années à venir, favoriser l'expansion des marchés obligataires locaux, en particulier pour les moyennes entreprises. Une des raisons principales du timide développement du marché des obligations d'entreprises nord-africain tient généralement au manque de compétitivité des émissions obligataires par rapport au financement bancaire. La dette bancaire est relativement bon marché et facilement accessible et elle demeure la stratégie de financement prédominante des entreprises d'Afrique du Nord. Celles qui disposent d'une qualité de crédit élevée ainsi que les entreprises publiques ont accès à la fois à la dette bancaire et au marché obligataire à des conditions favorables. Néanmoins, une politique de crédit plus conservatrice des banques pourrait faciliter l'essor des émissions des obligations d'entreprise. «Des conditions d'octroi de crédit bancaire plus restrictives pourraient inciter les moyennes entreprises à s'adresser davantage au marché obligataire pour leur financement», déclare Raymond Hill, responsable de la division Marchés émergents du département Entreprises de Fitch Ratings. «Un mécanisme cohérent de valorisation des obligations et une transparence accrue du marché constitueraient un socle pour l'essor futur des marchés obligataires locaux». La valeur nominale de l'encours d'obligations d'entreprise en Afrique du Nord s'est accrue de 1,9 Mrd USD en 2004 à un montant estimé à 3,6 Mrd USD à fin 2009. Cette croissance résulte essentiellement des émissions récurrentes d'un petit nombre d'entreprises publiques algériennes et de grandes entreprises privées marocaines. Les marchés obligataires de la région bénéficient d'un cadre réglementaire adéquat et d'une bonne infrastructure, toutefois, la participation des investisseurs demeure limitée. Les gestionnaires d'actifs et les banques sont quasiment les seuls investisseurs sur ce marché et l'apport de capitaux y est donc limité. L'agence considère que le développement de la base d'investisseurs avec, notamment, la participation accrue des compagnies d'assurance et des fonds de pension publics, permettrait de renforcer le potentiel des marchés obligataires de la région. L'agence relève aussi les progrès réalisés par ces pays en matière de gouvernance, de divulgation d'informations et de conformité aux normes comptables internationales. Néanmoins, une implémentation plus stricte de ces standards et un renforcement de la protection des droits des investisseurs pourraient favoriser la transparence du marché obligataire et faciliter ainsi son développement.