Les banques françaises ont relativement bien traversé la crise financière malgré des résultats annuels mitigés, mais le niveau élevé des créances douteuses reste un problème en 2010, indique l'agence Fitch dans un rapport publié mercredi. "Les provisions pour créances douteuses ont vivement augmenté en 2009 dans toutes les grandes banques françaises et Fitch s'attend à ce que leur niveau reste élevé en 2010", affirme Eric Dupont, directeur senior à la division Institutions financières de Fitch. La majorité des problèmes des banques françaises proviennent des portefeuilles de crédit internationaux, en particulier sur les prêts à la consommation, pointe Fitch dans son rapport. Si le résultat d'exploitation de BNP Paribas, Crédit Agricole et Crédit Mutuel est jugé "satisfaisant", celui de la Société Générale était faible et celui de BPCE négatif. "Bien que la France soit sortie de la récession au premier semestre 2009, la reprise économique s'avère fragile. Le chômage est élevé (autour de 10%), les faillites d'entreprises ont augmenté de 11% en 2009 et les aides mises en place par le gouvernement pour certains secteurs cessent progressivement", poursuit le bureau d'études, qui ajoute que BNP Paribas ("AA/Négative/F1+"), Société Générale ("A+/Stable/F1+") et Crédit Agricole ( "AA-/ Stable/F1+") ont toutes trois des filiales dans des pays d'Europe centrale et de l'est ou en Russie et la banque verte est également présent en Grèce. "Dans l'ensemble, ces filiales ont enregistré de mauvais résultats ces derniers temps et les banques ont entrepris des réorganisations en Ukraine (BNP Paribas et Crédit Agricole), en Grèce (Crédit Agricole) et en Russie (Société Générale)", poursuit Eric Dupont. L'autre point noir est l'explosion des provisions pour créances douteuses, alors que leur niveau devrait rester élevé cette année, selon Fitch. "La majorité des problèmes apparaît au sein des portefeuilles de crédit internationaux, en particulier sur les prêts à la consommation, mais les portefeuilles de prêts aux entreprises affichent également des taux de défaut en hausse", explique le spécialiste, qui note toutefois que la qualité d'actifs des portefeuilles de prêts à l'habitat en France a bien résisté. A cela s'ajoutent les imposants portefeuilles titres, qui recèlent encore des produits de mauvaise qualité et illiquides, même si ce sont la Société Générale et BPCE qui portent principalement ces actifs "encore importants par rapport aux fonds propres". "En l'absence de plus-values exceptionnelles, le résultat net de Société Générale aurait été juste à l'équilibre et les pertes de Groupe BPCE auraient été bien plus élevées", rappelle Eric Dupont. Cependant, les banques françaises, qui ne dépendent que modérément des programmes d'accès à la liquidité de la Banque Centrale Européenne, ne sont ainsi que peu dépendantes d'un changement de politique monétaire. En outre, les ratios de solvabilité des grandes banques françaises se sont améliorés et elles ont presque toutes levé des fonds propres en 2009, même si Fitch rappelle que les propositions du Comité de Bâle pourraient affecter ces ratios, notamment du fait des activités de banque d'investissement bien développées. Fitch ratings ajoute que les banques hexagonales bénéficient d'une note de soutien extérieur "A+", qui empêche leur note de défaut émetteur de descendre sous ce plancher, "à moins que Fitch ne modifie son appréciation de ce soutien".