Les marchés financiers, et particulièrement ceux d'Afrique du Nord, ont été passés en revue par l'agence de notation Fitch. Ainsi, et dans son dernier rapport spécial intitulé "Les marchés obligataires d'Afrique du Nord", l'agence Fitch constate que les marchés obligataires de la région ont pris de l'ampleur au cours des dernières années, mais demeurent réduits et peu développés par rapport à d'autres marchés émergents tels que l'Afrique du Sud. Le crédit bancaire, relativement bon marché et facilement accessible, demeure la stratégie de financement prédominante des entreprises d'Afrique du Nord, comparativement au marché obligataire. Les banques locales ont bien résisté à la crise financière, ce qui a préservé leur capacité à financer les entreprises et n'a pas permis au marché obligataire de se substituer plus largement au crédit bancaire. Cependant, la compétitivité du marché obligataire par rapport au crédit bancaire devrait à terme s'améliorer du fait que les banques nord-africaines commencent à mieux valoriser le risque de crédit et doivent se conformer à des exigences plus strictes de fonds propres. Alors que les entreprises de grande taille et disposant d'une qualité de crédit élevée pourront toujours continuer, selon Fitch, à accéder au crédit bancaire aussi bien qu'au marché de la dette à des conditions favorables, les sociétés de taille moyenne pourraient, dans un contexte d'octroi de crédit bancaire plus conservateur, être tentées de se tourner vers le marché obligataire pour se financer. Dans cette perspective, l'agence estime qu'une meilleure valorisation du risque de crédit ainsi qu'une plus large transparence du marché constitueront le socle d'un développement futur du marché local des obligations d'entreprise. Selon Fitch, le marché algérien de la dette est moins développé que celui des autres pays d'Afrique du Nord. Il n'attirait à l'origine que des entreprises publiques. Sa taille a sensiblement augmenté, mais elle dissimule une concentration très élevée du nombre d'émetteurs. Les instruments du marché algérien de la dette se limitent aux obligations. Les émissions des obligations d'entreprise représentent 96 % des encours obligataires et dépassent largement les émissions des établissements financiers. Pour ce qui est de la Tunisie, qui a connu, entre 1997 et 2003, une évolution positive en termes d'émissions obligataires d'entreprise et de diffusion d'une culture de la notation, le nombre d'émissions a sensiblement diminué depuis 2003. Confronté à une plus grande aversion au risque des investisseurs, le marché obligataire tunisien est devenu plus sélectif vis-à-vis des émetteurs et, de ce fait, seules quelques entreprises ont sollicité le marché depuis 2003 et aucune de leurs levées de fonds n'a eu lieu sans garantie bancaire. Le marché obligataire tunisien est aujourd'hui en stagnation et Fitch n'anticipe pas de renversement majeur de la tendance l'année prochaine. En 2008, l'encours des obligations d'entreprise en Afrique du Nord a atteint 3,7 Mrd USD et son poids a également augmenté, à 1,5 % du PIB, contre 0,1 Mrd USD et 0,1 % en 2003. Cette évolution ne doit cependant pas cacher des disparités entre les trois pays. Le Maroc a progressé régulièrement dans le développement de son marché de la dette en définissant un cadre réglementaire complet et en mettant en place l'infrastructure nécessaire. La dette bancaire demeure la stratégie de financement prédominante dans les trois pays. Le secteur bancaire satisfait l'essentiel des besoins de financement des entreprises et le recours au marché obligataire demeure marginal. Fitch souligne toutefois qu'avec l'orientation des banques nord-africaines vers une meilleure valorisation du risque de crédit et le durcissement des exigences de fonds propres auxquelles elles sont soumises, la compétitivité du marché obligataire par rapport au crédit bancaire devrait à terme s'améliorer.