Photo : Riad Par Samira Imadalou Lancé en 2003, le marché obligataire est en phase de connaître un développement après une période d'accalmie. C'est du moins l'avis des experts en la matière. La réussite des emprunts lancés dans ce cadre par des opérateurs privés et publics pour un montant global (jusqu'à présent) de trois milliards de dollars devrait booster ce marché caractérisé, ces deux dernières années, par une certaine léthargie. Devrait–on donc s'attendre à une reprise ? A ce sujet, on se montre optimiste du côté des spécialistes. Et pour cause : on estime qu'il est beaucoup plus simple pour l'économie que les banques entrent dans ce marché. Un marché qui donne un peu d'oxygène aux entreprises. Pourquoi ? Tout simplement parce qu'un emprunt, qu'il soit lancé au grand public ou aux instituions, a une durée de vie plus longue q'un emprunt classique. Ce qui permet donc à l'entreprise de souffler et de mener dans de bonnes conditions ses projets. Le plus important, c'est que l'emprunt est une manière de mettre un terme à l'assistanat. Car, faut-il le rappeler, le processus d'assistance aux entreprises sur lequel s'est engagé l'Etat ces dernières années a fait oublier à ces entités économiques l'importance de l'emprunt mené jusqu'à présent chez le privé par Cevital, Arab Leasing Corporation, Dahli et, enfin, le groupe ERTHB Haddad qui a réussi à lever 6 milliards de dinars au bout d'une opération qui a duré deux ans. D'autres opérations similaires seront lancées par Haddad qui compte au total lever 30 milliards de dinars. Pour booster ce marché, des efforts devraient être consentis, toujours de l'avis des experts, que ce soit en matière de communication ou de procédures administratives. C'est ce qui explique d'ailleurs la léthargie que connaît ce marché depuis quelques années. Car, en dépit des résultats positifs enregistrés jusque-là, l'accès des entreprises privées au marché obligataire en Algérie reste limité en raison des conditions d'entrée dans ce segment financier. Ces conditions d'encadrement de ce marché concernent essentiellement celles liées à la transparence de la situation financière de l'entreprise et à ses projections financières qui doivent être en mesure de dégager des cash-flows pour rembourser l'emprunt lancé en Algérie. Aussi, le règlement de la COSOB n'autorise le recours à ce mode de financement qu'aux entreprises possédant un statut de société par actions (SPA), excluant ainsi 95% des entreprises privées algériennes organisées en société à responsabilité limitée (SARL) de ce produit financier. La COSOB est invitée à lâcher du lest. L'hachemi Siagh dont le cabinet Strategica a eu à chapeauter les différents emprunts lancés l'a souligné lors de la clôture de l'emprunt du groupe ETRHB Haddad.Cette situation n'est pas propre à l'Algérie. En effet, dans un rapport publié fin octobre dernier par une agence internationale, Fitch Ratings avait indiqué que les marchés obligataires nord-africains demeurent étroits et peu développés comparés à d'autres marchés émergents. Une des raisons principales du timide développement du marché des obligations d'entreprises nord-africain tient généralement, selon le même rapport, au manque de compétitivité des émissions obligataires par rapport au financement bancaire. On s'attend à ce que la mise en œuvre d'une politique de crédit plus rigoureux par les banques de la région favorise, dans les années à venir, l'expansion des marchés obligataires locaux, en particulier pour les moyennes entreprises.