Mahmoud Saâd El-Bakkary est de nationalité égyptienne. Il a fait l'université de Leipzig où il a obtenu en 2000 le diplôme d'études spécialisées d'entraineur national. De Rome en 1999, il eu le diplôme spécialisé dans les études de schémas tactiques. Son passage en Algérie qu'il connait, a poussé notre journal à l'inviter pour cueillir ses impressions sur tout ce qu'on raconte sur le fameux match Egypte-Algérie. L'ambiance précédant la rencontre Egypte-Algérie devient très tendue maintenant que la guerre psychologique s'est déclenchée à travers les médias interposés, quel commentaire faîtes-vous ? Tout d'abord, je tiens à vous remercier. Cette invitation m'a beaucoup ému, venant d'un journal dont la ville est ma deuxième résidence. Je suis fasciné par la qualité du siège qui est tout simplement formidable. Pour ce qui est de cette ambiance qui fait rage, je crois que cette rencontre a défrayé la chronique en matière d'informations diffusées par les médias des deux pays. Je crois aussi que certains journalistes sont sortis du cadre sportif pour lequel nos deux sélections vont s'affronter afin d'obtenir ce fameux billet qualificatif au mondial 2010. Nul ne doit ignorer que l'histoire de nos deux pays est plus importante que ce match de football. C'est pourquoi, je dois répéter, que quelque soit l'heureux qualifié, je suis certain qu'il aura le soutien de toute la population arabe. En tant que technicien, comment voyez-vous l'issue de ce grand rendez-vous ? A mon avis, ce sera une rencontre qui va déterminer lequel de Saâdane ou de Shehata sera le plus rusé. Car, vous n'êtes pas sans savoir, qu'il s'agit là de leur match ; surtout que tout va se jouer sur le plan tactique. Maintenant, chacun d'eux a une idée précise sur les forces et les faiblesses des deux sélections. Ne pensez-vous pas que le côté psychologique aura son impact ? Exact. Ce facteur sera le point culminant sur lequel chaque staff technique devra y compter. Reste celui qui saura garder intacte sa faculté mentale, notamment vis-à-vis de cette guerre menée par certains journalistes des deux pays. Le reste se fera sur le terrain où chaque joueur aura pour mission de ne laisser aucun détail lui échapper au risque de pénaliser son équipe et son pays. En clair, un travail monstre sur le plan psychologique attend les membres du staff technique des deux sélections. D'aucuns pensent que le premier quart d'heure pourra être décisif, est-ce votre avis ? Tant de scénarios sont prévus par chaque entraîneur. Ce serait une erreur de penser que les quinze premières minutes pourront être décisives. Comme je l'ai dit, tout va se jouer dans ce match, n'importe quel détail sera important. Il faut se rappeler le match aller joué à Blida quand notre sélection a été supérieure en première mi-temps avant de sombrer dans la deuxième. Donc, il faut prendre en considération toutes les données pouvant se produire au cours de cette rencontre. Avez-vous une idée sur la stratégie que va adopter la sélection algérienne ? Je crois qu'elle va aborder ce match avec une tactique mise sur la prudence, ce qui est logique sachant qu'elle évolue hors de ses terres. Je crois que le staff algérien aura plusieurs choix à faire surtout en fonction des éléments qui jouent en Europe.
Et celle que vont mettre en place les Egyptiens ? Misr n'aura pas de choix pour se qualifier que de tout tenter pour l'emporter par trois buts d'écart ou par deux buts afin de garder ses chances pour le match barrage. Une condition qui va l'obliger à jouer l'attaque à outrance, la carte de l'offensive sera et devra être le mot d'ordre chez les hommes de Shehata. Reste à savoir comment ces derniers vont-ils aborder cette grande finale. Vous connaissez très bien les deux équipes, si on vous demande de relever leurs points forts et leurs points faibles… (Il interrompt) Franchement je préfère ne rien dire à ce sujet Epargnez-moi si vous le permettez cette question, car il s'agit d'un point que je dois éviter par respect aux deux entraîneurs et aux deux sélections. Votre sélection, après un départ mitigé, est revenue en force laissant planer le doute alors que d'aucuns la voyaient hors course avant la deuxième manche face à l'Algérie, comment l'expliquez-vous ? Je crois, qu'à mon avis, c'était un passage à vide dû à cette série de nombreux matches joués par la plupart des joueurs. Certains n'ont pas pris suffisamment de repos depuis très longtemps. Ceci a coïncidé avec l'entame des éliminatoires de la Coupe du monde et de la CAN. C'est pourquoi notre sélection avait du mal à retrouver la fraîcheur physique souhaitée. Je dois aussi préciser que l'Egypte est capable de se transcender quand il s'agit de relever un défi comme elle l'a fait au Rwanda et en Zambie. Les Egyptiens sont très optimistes maintenant que tout va se jouer dans cette finale. Croyez-vous qu'ils soient en mesure de mettre plus de deux buts à un rempart qui n'a plié qu'à deux reprises ? Comme vous dîtes tout va se jouer dans cette rencontre, les deux équipes partent donc à chances égales. Certes, l'Algérie compte deux buts d'avance. Mais cela ne veut rien dire maintenant qu'elle risque de flancher comme cela est arrivé à notre sélection à Blida. Rappelez-vous la deuxième période faste de votre équipe qui a mis trois buts en moins de quarante cinq minutes de jeu. A la pause, personne ne donnait chère de la chance de l'Algérie qui a subi le jeu en première mi-temps. Donc, vous voyez, tout reste possible dans une rencontre de football. Les Algériens craignent le mauvais accueil risquant de se produire au Caire, avez-vous une idée sur ce qu'on prépare là-bas ? En tant que citoyen égyptien connaissant la mentalité de mes compatriotes et la qualité de leur générosité quand il s'agit de recevoir des invités- et arabes en plus- je dois affirmer que l'accueil sera très spécial, surtout après tout ce qui a été raconté un peu partout. Nos frères algériens vont être reçus comme cela s'est passé avec la délégation égyptienne à Blida. J'ai eu l'occasion de transmettre mon message à mes compatriotes parce que je connais l'Algérie chez qui j'ai eu l'occasion de driver pas mal d'équipes. Croyez-moi, les Egyptiens adorent tout ce qui est arabe et vont répondre à ceux qui ont voulu semer la zizanie et surtout la fitna entre les deux peuples frères. Votre conjointe est de nationalité algérienne. Dîtes-nous, si vous le permettez, comment vivez-vous l'ambiance précédant cette rencontre ? (Il sourit) Ma femme a un niveau d'instruction très élevé, naturellement elle souhaite la qualification de la sélection de son pays. Chacun de nous taquine l'autre quand il s'agit d'évoquer le nom de l'équipe qui va décrocher le billet qualificatif au mondial de l'Afsud et chacun de nous accepte la réalité du terrain, lui seul pouvant déterminer le sort de l'heureux élu. Vous avez eu l'occasion de prendre en charge pas mal d'équipes algériennes, comment analysez-vous cette expérience ? Il faut savoir qu'avant de venir en Algérie, j'ai travaillé aux Emirats Arabes-Unis. Plus exactement chez le Club Ras El Kheima. Quand à mon expérience algérienne, je crois qu'il est utile de préciser que j'ai pris en main les équipes de l'US Chaouia du CR Beni Thour, du MO Béjaia, de la JSM Skikda et même du GCMascara, mais pour une petite période. C'était une expérience enrichissante et j'en garde de très bons souvenirs. Actuellement, je suis consultant à Nile Sport, en plus je tiens à préciser que je pourrai travailler avec votre compatriote Mecheri Abdallah à qui j'ai donné un accord de principe. Entretien réalisé par A.Houari