Un engouement pour le travail du cuir est remarqué depuis ces dernières années dans la wilaya de Jijel où le nombre d'artisans activant dans ce créneau s'est «accru progressivement», a-t-on appris en marge du salon national du cuir qui se tient dans cette ville. Le nombre de ces artisans est ainsi passé de 91 en 2009 à 180 en 2012, a indiqué à l'APS le directeur de la chambre de wilaya de l'Artisanat et des métiers (CAM), lors de la cérémonie d'ouverture de ce salon en présence des autorités locales. Le système productif local (SPL), mis en place, s'est ainsi révélé un «catalyseur» qui a permis de relancer cette activité notamment dans la commune côtière de Sidi Abdelaziz (est de Jijel) où le travail du cuir occupe une bonne partie de la population, notamment des jeunes, a-t-on appris de même source. Les mesures incitatives se rapportant au créneau de l'artisanat et des métiers, initiées par le ministère de tutelle, sont également un autre facteur positif ayant milité en faveur de la relance, de la promotion et du développement de ce créneau artisanal. De même, les mécanismes mis en place par l'Etat par le biais des dispositifs de création d'emploi (ANSEJ, ANGEM et CNAC) se sont révélés une aubaine pour l'activité du cuir, comme en témoignent des jeunes artisans de la commune de Sidi Abdelaziz, rencontrés par l'APS, lors de cette 4ème édition du salon du cuir ouverte mercredi au musée Kotama, dans le centre de Jijel. Selon la coordinatrice locale de l'ANGEM, cette agence dénombre dans ses registres une quarantaine d'artisans se consacrant au travail du cuir et qui ont bénéficié d'aides financières pour promouvoir leur activité. En outre, la présence de deux importantes tanneries – mégisserie (l'une publique située à Jijel et l'autre privée implantée à El Milia) est considérée comme un pourvoyeur incontournable de matière semi-finie. Ces deux entreprises dont la réputation n'est plus à démontrer ont réussi à placer leurs produits dans de nombreux pays (Europe, Asie, Amérique du Nord et latine). Ce salon devenu une tradition à Jijel constitue, selon les responsables locaux du Tourisme et de l'artisanat, un cadre approprié pour faire connaître les capacités de production de ce matériau noble et très prisé, en dépit des agressions ou invasions d'articles en semblant de cuir ou simili cuir «made in» et, du reste, d'une durée de vie éphémère. Cette 4ème édition est marquée par la participation de 80 artisans provenant d'une vingtaine de wilaya, contre 65 artisans (15 wilayas) lors de l'édition de 2011, 65 artisans (15 wilayas) et 51 artisans de 11 wilayas (édition de 2009), organisée dans la ville de Jijel. Ce salon dont la tenue coïncide avec le déroulement de la saison estivale et dans le cadre de la célébration du cinquantenaire de l'indépendance nationale est ouvert de 8 h 30 à 23 h 00, afin de permettre aux visiteurs de constater de visu la richesse du patrimoine national du cuir, et de faire des achats de souvenirs ou d'objets en cuir. Le visiteur découvrira à loisir des chaussures de luxe pour hommes, femmes, enfants, des mallettes et valises haut de gamme, des ceintures, des vestes en cuir, jusqu'aux selles pour chevaux dont la fantasia a toujours été un des repères culturels et identitaires dans certaines régions du pays. L'un des fidèles participants à ce salon, Belaidi Hafif venu d'Oran s'est dit «fier et content» de prendre part à cette manifestation qui permet, outre l'exposition de produits, d'échanger des expériences et des idées sur l'artisanat et le travail du cuir. Spécialisé dans la fabrication de la chaussure et des babouches (belgha) depuis 1968, cet artisan qui tient une boutique à Hai El Badr (ex-cité Petit) avec ses deux enfants, s'il reconnaît que la matière première ne fait pas défaut déplore toutefois le manque de main d'œuvre. Burouis Tahar de Sidi Abdelaziz, spécialisé dans la production de ceintures en cuir, déplore pour sa part «l'exportation frauduleuse» de cuir semi fini, ce qui, selon lui, constitue une «grave atteinte» à l'artisanat national. De son coté, El Ezaoui Mahmoud, venue de la lointaine Illizi, a bravé des milliers de kilomètres pour venir à Jijel présenter des produits de cuir, savamment ciselés dans le Tassili N'ajjer.