Le tout Oran, ou presque, a accompagné hier, mardi 2 octobre 2012, le regretté Freha Abdelkader à sa dernière demeure au cimetière d'Aïn Béida. L'ancien footballeur à la «tête d'or» connu par ses fans sous le pseudonyme de «Béka», a rendu l'âme à 70 ans presque révolus, lundi dernier suite à une méchante maladie qui ne lui a laissé aucune chance. Né dans le quartier emblématique d'El Hamri, le 28 octobre 1942, Béka est venu au monde pour être footballeur et rien d'autre. A en juger par ses étonnantes prouesses, on pourrait croire que si le football n'existait pas, le regretté Abdelkader l'aurait inventé. Ses premiers pas, il les fera au sein de l'équipe de son quartier et de son cœur, le Mouloudia Club Oranais (MCO), au poste d'attaquant qui donnera, durant toute sa carrière sportive, beaucoup de mal aux défenses des équipes adverses et faisant le bonheur des milliers de supporteurs, tant au niveau de l'équipe de son quartier qu'à celui de la formation nationale. Beaucoup se souviennent que c'est lui qui avait sauvé l'honneur en marquant l'unique but de l'équipe nationale contre la prestigieuse formation brésilienne sous la conduite de la légende du football mondial le roi Pelé, au cours du match amical qui s'est déroulé en 1969 à Oran. C'était l'un de ses premiers matches sous le maillot vert de l'équipe nationale où il s'était remarqué face aux magiciens brésiliens de la balle ronde mondiale. Il avait alors 23 ans. Engagé comme « récupérateur parmi l'équipe des Hamraoua, Béka est très vite installé, par l'entraineur de l'époque, Cheikh Ouadah qui l'avait très vite remarqué, au poste d'avant-centre où il faisait un étonnant travail de véritable snipper ; ne ratant que très rarement les filets adverses, dès que le ballon arrive aux pieds ou… à la tête, bien sûr. Alors qu'il semblait ne pas faire de gros efforts sur le terrain, il était vraiment exceptionnel que Béka puisse rater son coup, souvent admirablement servi par Hmida, Krimo et d'autres non moins prestigieux parmi ses camarades en compagnie desquels il gouttera à la joie de remporter le championnat d'Algérie 1970-71 et la coupe d'Algérie en 1975. Parallèlement, il sera sélectionné pas moins de neuf fois par l'entraineur de l'équipe nationale, à laquelle il fera d'ailleurs honneur sous le mythique numéro 9, devenu une sorte de référence pour les jeunes admirateurs qui s'évertuaient à tracer ce numéro sur leur maillot en guise de porte bonheur. Son jeu à la brésilienne, ses dribles ingénieusement menés lui valurent une grande réputation bien méritée, d'ailleurs. Il sera sélectionné neuf fois comme avant-centre au sein de l'équipe nationale à laquelle il fera honneur. « Ses qualités de jeu de tête lui ont donné le surnom de «Tête d'Or» et le défunt possédait le sens du but et l'opportunisme. Son habileté et son aisance technique du seul pied droit et sa tête magique lui permettaient des gestes techniques qui enthousiasmaient le public oranais ». Au MC Oran, Fréha forma avec Mehdi, Hmida, et Krimo et ensuite Belkedrouci l'une des plus belles pointes d'attaque du football algérien de cette époque. Il fut sacré Meilleur buteur deux saisons (68 et 69) consécutives (15 buts) avec ses compères Mehdi et Sid Ahmed Belkedrouci. Le coach du club hamraoui en 70-71, le portugais Carlos Gomes, ex-gardien de but de la JS Djijel, subjugué par «Béka», avait déclaré, un jour, «Donnez-moi le MCO et Fréha et je serai champion d'Algérie». Gomes prendra les rennes du MCO et cette année-là, effectivement, le club d'El Hamri sera champion d'Algérie, pour la première fois de son histoire. A 34 ans, à peine révolus, Béka décida de se retirer des compétitions, non sans cesser de supporter son club favori. Sa retraite est intervenue après un cours passage à l'USM Oran, le club doyen de la ville, qui avait fait longuement parlé de lui durant l'occupation, en tenant la dragée haute à plusieurs équipes de quartiers européens formées de joueurs Pieds-noirs, que les joueurs algériens se faisaient un devoir national de gagner. La disparition Fréha Abdelkader, est ressentie par tous comme une grande perte pour le sport en général et pour le football national en particulier.