“Donnez-moi Fréha et le MCO et je serai champion d'Algérie !", cette déclaration de l'entraîneur portugais, Carlos Gomez, sous la forme d'un immense défi illustrait à elle seule la grandeur, le talent et le génie personnalisé d'un attaquant hors du commun appelé Fréha Abdelkader, ravi aux siens et à toute l'Algérie du football, hier tôt le matin à l'âge de soixante-trois ans à l'issue d'un combat qu'il savait, pourtant, perdu d'avance face au mal du siècle qu'est le cancer. Des combats, toute la famille Fréha en avait pourtant tellement mené, elle qui compte dans ses rangs le légendaire Benyoucef, martyr, tombé au champ d'honneur et dont l'ex-stade Saint-Eugène porte le nom, le téméraire et si respecté moudjahid, Mohamed dit “Sentah" et assurément le plus connu de la fratrie, Abdelkader dit “Béka", le buteur mythique du MCO et son inégalable “tête d'or". Admis dans la nuit du dimanche au lundi aux urgences médico-chirurgicales de l'hôpital d'Oran, Fréha est décédé hier à l'aube et sera enterré aujourd'hui après la prière du dohr au cimetière d'Aïn El-Beïda. Né en 1949, Abdelkader Fréha avait fait les beaux jours du Mouloudia d'Oran dont il était une icône et sous le maillot duquel il remporta le premier championnat et la première Coupe d'Algérie de l'histoire du club, respectivement en 1971 et en 1975 aux côtés des tout aussi inoubliables Larbi, Meguenine, Bouhadji, Djelly, Kechra, Chaïb, Embarek, Mehdi, Krimo, Yahiaoui, Ounès, Kara, Sabi, Bessah, Boudellal, Bouziane et Houari Beddiar, dont il était, de longues décennies durant, l'ami le plus proche. Trois fois meilleur buteur du championnat national en 1968, 1969 et 1971 avec à chaque fois quinze buts, l'inégalable Fréha qui était connu aussi bien pour son exceptionnel jeu de tête que par son adresse face au but était un personnage écouté et très respecté de la cité oranaise. L'on se souvient, d'ailleurs, de ses sages interventions à chaque fois que le Mouloudia traversait une crise, de ses conseils aux différents responsables qui se sont succédés à la tête du prestigieux club oranais et de ses prises de position souvent juste et justifiées. International à six reprises, Fréha avait également marqué de son empreinte l'histoire de l'EN en étant l'auteur du but égalisateur face au légendaire Santos FC du roi Pelé lors de sa virée à Oran, plus précisément le 9 février 1969 au stade Ahmed- Zabana. Sa bonne humeur, son sens de l'humour, sa simplicité aussi bien en tant qu'idole mouloudéenne ou, après sa retraite sportive, en tant qu'agent de la Sonelgaz, son très beau parcours sous le maillot rouge et blanc, son palmarès fort éloquent et sa forte personnalité faisaient, en ce sens, de feu “Béka" un personnage à part dans l'histoire du grand MCO. En retrait de l'actualité du club depuis plus de cinq ans, Fréha Abdelkader manquera très certainement aussi bien aux siens qu'à tous ceux qui l'ont connu et assurément aimé, aussi bien sur un terrain de football qu'en dehors. R. B.