En dépit des difficultés de l'Algérie à susciter l'intérêt lors d'enchères récentes, le potentiel en gisement de gaz de schiste va augmenter l'attrait déjà important du pays, en particulier si les révisions envisagées pour la loi sur les hydrocarbures sont adoptées. Selon les responsables de la société d'énergie publique algérienne (la Société nationale pour la recherche, la production, le transport, la transformation et la commercialisation des hydrocarbures, Sonatrach), les réserves en gaz de schiste pourraient s'élever à 2 billions de mètres cube, en se basant sur des tests effectués sur une surface de 180 000 kilomètres carré dans trois régions. Les réserves de gaz naturel conventionnel s'élèveraient quant à elles à 4,5 billions de mètres cube, selon l'agence américaine d'information sur l'énergie (la US Energy Information Agency). Le gouvernement algérien est désireux de puiser dans ses réserves potentielles de gaz et de faire face dans le même temps au défi que pose le déclin des investissements dans ce domaine. Par conséquent, le gouvernement a déclaré vouloir amender en janvier prochain la loi nationale sur les hydrocarbures de 2005, qui restreint l'investissement provenant de l'étranger dans les projets énergétiques d'exploration et d'extraction. L'amendement proposé, qui fait partie de l'un des huit ensembles de mesures législatives majeures devant être révisées cet automne, est actuellement en cours d'examen auprès du parlement algérien nouvellement élu. Les détails de cette proposition de révision n'ont pas encore été rendus publics. Cependant, les responsables de la Sonatrach et les membres du gouvernement ont indiqué que la nouvelle structure offrirait des mesures incitatives pour l'exploration de ressources non-conventionnelles supérieures à celles qui sont offertes pour le pétrole et le gaz conventionnels. Le PDG de la Sonatrach, Abdelhamid Zerguine, a confirmé que les propositions de révision incluent des réductions d'impôts et un partage plus équitable des coûts et des risques assumés par la société pétrolière. Avec la loi actuelle, la Sonatrach ne partage aucun des risques liés aux projets d'exploration de ressources géologiques conventionnelles. Le projet de loi devrait également offrir de nouvelles opportunités aux entreprises pétrolières étrangères capables d'apporter les niveaux d'expertise et de technologie nécessaires, en plus d'une définition claire des ressources en gaz de schiste et d'un cadre pour les investisseurs qui découvriraient du gaz de schiste en recherchant des ressources conventionnelles. Si les réserves en gaz de schiste s'avèrent aussi importantes que les premières estimations le laissent présager, cela devrait permettre d'élargir de manière significative les perspectives de l'Algérie en matière de ressource énergétique et ainsi l'aider à faire face à une production en baisse dans ses champs de pétrole et de gaz arrivés à maturité. Les investissements provenant de l'étranger dans les nouveaux projets d'exploration ont diminué ces dernières années après l'amendement introduit en 2006 à la loi nationale sur les hydrocarbures, qui stipule que la Sonatrach doit détenir une part majoritaire dans toutes les joint-ventures d'exploration et d'extraction. Selon les observateurs, ce contexte restrictif pour les investissements est à l'origine de la baisse de l'intérêt porté par les entreprises étrangères au cours des trois dernières sessions d'appels d'offres. En 2008, quatre lots avaient été alloués, puis trois en 2009, pour tomber à deux en 2010. L'exploitation du gaz de schiste étant chère et nécessitant une utilisation importante de technologies, l'état a reconnu que la participation des entreprises étrangères était un facteur essentiel pour aider l'Algérie à développer le savoir-faire dont elle a besoin pour développer ce secteur et former une main d'œuvre qualifiée. Le gouvernement n'a plus qu'à espérer maintenant que sa décision de réviser une nouvelle fois la loi sur les hydrocarbures va apporter de nouveaux investissements et projets d'exploration, dans un contexte où il cherche à assurer une production suffisante sur le moyen-terme. Plusieurs pays, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine, l'Ukraine et la Pologne, se tournent vers l'exploration du gaz de schiste, après que les avancées en matière technologiques ont rendu ces ressources plus profitables. L'extraction du gaz de schiste requiert l'injection à haute pression d'eau, de sable et de produits chimiques dans la roche sédimentaire par un procédé appelé ‘fracturation hydraulique' ou ‘fracking'. En dépit de la complexité de ces opérations, les ressources non-conventionnelles représentent un potentiel important pour l'Algérie, au vu des prix élevés du gaz à l'échelle mondiale, et des niveaux prometteurs des réserves pour ces ressources. Le forage d'exploration pour le gaz de schiste a déjà commencé en Algérie ; et de premiers résultats positifs sont de bon augure pour de futures découvertes. La société irlandaise de pétrole et de gaz Petroceltic International (PCI) a utilisé avec succès la technique de la fracturation hydraulique sur son champ d'Ain Tsila au sud-est de l'Algérie en 2011. Cette opération a boosté le débit de son puits AT-7 à 4,9 millions de pieds cube par jour (mmcf/j) et a plus que doublé le débit du puits AT-8, de 15,4 mmcf/j à 38,6 mmcf/j. En 2011, la Sonatrach a signé un accord international avec la société canadienne Talisman Energy et la société italienne Eni afin d'explorer ses ressources non-conventionnelles. En s'appuyant sur des estimations antérieures, Eni a confirmé le potentiel en réserves de gaz de schiste en Algérie, déclarant que le partenariat évaluerait la faisabilité technique et commerciale de leur développement. Sonatrach a aussi annoncé en juillet qu'après être entrée en discussion avec Royal Dutch Shell et ExxonMobil, elle s'attend à signer des accords de collaboration avec les deux entreprises pour l'exploration de gaz de schiste d'ici à la fin de l'année. L'exploitation des ressources en gaz de schiste en Algérie requerra des investissements considérables et une augmentation des capacités technologiques. Néanmoins, cela apportera de nombreuses opportunités pour créer des joint-ventures avec des entreprises pétrolières étrangères si le volume des réserves s'avère aussi important que les estimations préliminaires de la Sonatrach le laissent présager. Par sa volonté d'amender la loi sur les hydrocarbures, le gouvernement indique son intention de mettre à profit ces nouvelles opportunités en ressources non-conventionnelles, dans le cadre de sa politique de gestion de l'industrie des hydrocarbures à moyen-terme.