Un nouveau rapport d'Oxford Business Group relève la croissance du secteur du tourisme en Algérie en mettant en exergue les importantes réalisations du secteur, dont la part des opérateurs privés constitue le fer de lance d'une économie diversifiée. Au vu du nombre croissant de projets hôteliers, d'une stratégie résolument axée sur les activités touristiques de niche et des nouvelles lois fixant un cadre juridique et encourageant une croissance durable, force est de constater que les autorités algériennes travaillent d'arrache-pied pour renforcer le potentiel touristique du pays, secteur jusque-là trop peu exploité. Alors que la Tunisie et le Maroc voisins figurent depuis longtemps parmi les destinations habituelles des tours opérateurs et de la clientèle du tourisme de luxe, le secteur touristique algérien a dû subir les conséquences des troubles qui ont secoué les années 1990 et accuse maintenant un retard en termes de recettes et de nombre de visiteurs. Les résultats enregistrés par le secteur cette année semblent toutefois prometteurs. Mohamed Amine Hadj Saïd, Directeur Général de l'Office National du Tourisme (ONT), a déclaré que l'Algérie avait, à la mi-octobre, accueilli 1,3 million de touristes et espérait atteindre les 3 millions de visiteurs d'ici la fin de l'année, ce qui représenterait une augmentation par rapport aux 2,5 millions enregistrés en 2011. Le gouvernement cherche à étendre l'offre touristique et s'est fixé à cet effet un ensemble d'objectifs visant à améliorer l'hébergement et les attractions touristiques, aussi bien au niveau de la qualité que de la quantité. D'après le Ministère du Tourisme, l'Algérie comptait, fin 2011, 1200 hôtels avec au total 90 000 chambres, contre 72 000 en 2010. L'Algérie a débloqué 1 milliard de dollars pour rénover son parc hôtelier public, auxquels s'ajoute une enveloppe de 5 milliards pour la construction de 750 hôtels répartis sur 48 sites dans l'ensemble du pays. Le Ministère espère ainsi ajouter 86 000 lits supplémentaires à travers le pays. Selon Hadj Saïd, le Plan Qualité Tourisme Algérie lancé en 2009 prévoit également un projet de modernisation du parc hôtelier avec un investissement prévu de 70 milliards de dinars (681 millions d'euros) pour la rénovation et la modernisation du secteur. La création de plusieurs instituts de formation aux métiers du tourisme est également à l'étude : l'enseignement dispensé permettra d'offrir aux visiteurs des services conformes aux standards internationaux. Il existe à l'heure actuelle trois instituts publics de ce type en Algérie, avec une capacité totale de près de 900 places pédagogiques. Sept nouveaux instituts de formation, répartis sur l'ensemble du pays, sont en projet. Ce soutien accru du gouvernement algérien au secteur du tourisme n'est pas passé inaperçu à l'étranger. Le groupe hôtelier français Accor a inauguré récemment un hôtel Novotel à Constantine. La chaîne prévoit au total l'ouverture de 20 nouveaux hôtels, de marque Novotel et Ibis, dans le pays. Elle a déjà ouvert de nombreux établissements dans des villes de province comme Oran et Tlemcen. D'autres chaînes hôtelières lui ont emboîté le pas. L'Algérie devrait accueillir bientôt le premier projet de la société InterContinental Hotels Group, qui prévoit à Alger l'ouverture de l'hôtel Holiday Inn-Cheraga Tour d'ici 2014. De même, le groupe hôtelier hollandais Golden Tulip collabore avec le groupe algérien Ramdani pour l'ouverture d'un hôtel 5 étoiles de la marque Golden Tulip dans la ville côtière de Skikda, avec une livraison prévue courant 2013. La stratégie algérienne vise à renforcer l'attractivité des produits touristiques de niche, comme par exemple le tourisme culturel, ce qui permettrait de diversifier la gamme de visiteurs et de réduire les effets de la saisonnalité. La ville d'El Ouata fait l'objet d'une initiative de ce genre, avec la mise en avant de son artisanat (poteries, paniers tressés à la main, bijoux) et de ses gravures préhistoriques. Le gouvernement a également établi une « zone d'expansion touristique » sur un périmètre de 20 hectares autour d'El Ouata dans le but d'attirer les investisseurs privés dans la région. L'artisanat est au cœur de la stratégie adoptée par les autorités touristiques pour augmenter l'offre de produits de niches, et, selon certaines estimations, ce sont quelques 13 600 emplois qui pourraient être créés à court terme dans le secteur. À l'occasion de la célébration de la Journée Mondiale du Tourisme qui a eu lieu le 11 octobre, Mohamed Benmeradi, le Ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'Investissement, a déclaré que l'Algérie préparait la mise en œuvre d'une stratégie « ambitieuse et réaliste » pour réglementer le développement du secteur à l'avenir. Prenant pour référence le plan national de promotion du secteur touristique adopté par le gouvernement en 2008, dont l'objectif était de voir une nette augmentation des chiffres du secteur d'ici 2030 tout en évitant « un tourisme anarchique et non contrôlé », les autorités planchent sur la mise en place d'un cadre juridique qui permettrait d'assurer la protection du littoral, la conservation des plages et des forêts et la protection des sites culturels et archéologiques. Plus spécifiquement, le nouveau système législatif mettra l'accent sur le développement d'un tourisme durable avec des lois relatives à l'utilisation des plages à des fins touristiques ainsi qu'aux zones d'expansion touristique. Grâce aux mesures prises pour renforcer les produits touristiques de niche de manière durable et à l'accroissement des capacités du secteur, l'Algérie a de bonnes chances d'atteindre son objectif d'accueillir un nombre croissant de touristes. La Tunisie, qui se cantonne depuis longtemps au modèle touristique « plage et soleil » des voyages organisés, a souvent souffert de baisses saisonnières d'activité ainsi que des ralentissements économiques dans ses marchés émetteurs – des écueils que l'Algérie, qui jette actuellement les bases de sa croissance touristique à venir, espère bien éviter.