Le salon WEST EXPO a ouvert ses portes le 26 mars 2013 au centre de convention d'Oran. Ce rassemblement qui se veut être le carrefour économique de l'ouest a vu la participation de nombreuses entreprises publiques et privées ainsi que d'institutions à la périphérie du monde économique de l'Oranie. Cette manifestation, accueillie très favorablement par l'ensemble des participants, montre tout l'intérêt et toute la dimension et l'envergure que prend la wilaya d'Oran, profitant de la présence à ce salon de Monsieur Karim CHERIF Président Directeur Général et aussi Président de la Fédération Nationale des Hôteliers Algériens, qui a bien voulu répondre à nos questions : Le financier : Avant de parler de «WEST EXPO» et de ses retombées sur notre ville, vous êtes surtout Président de la Fédération Nationale des Hôteliers, quel est l'apport de votre association au développement du secteur du tourisme et de l'hôtellerie dans notre pays ? Karim CHERIF : La Fédération Nationale des Hôteliers dont je suis le Président est une association nationale nouvellement créée. Elle a été le fruit d'un rassemblement de plus de 360 exploitants hôteliers représentant tous les secteurs d'activités confondus regroupant les opérateurs publics et privés venant des 48 wilayas de notre pays. A l'instar des pays à vraie vocation et à vraies traditions touristiques, ce sont les différents intervenants et l'ensemble des parties prenantes et acteurs du monde du tourisme qui font les politiques du secteur, à savoir les fédérations professionnelles, les syndicats d'initiative, les offices du tourisme, les organisations d'hôteliers, les restaurateurs, les cafetiers, les night-clubs et tous les organismes et organisations professionnels qui activent à la périphérie du secteur du tourisme. Le Ministère du Tourisme n'intervenant que pour coordonner, réguler, contrôler, sanctionner et, surtout, participer à la conception de la promotion de la destination du pays. La création de la Fédération Nationale des Hôteliers vient clôturer la chaîne touristique dans notre pays et permettra à notre corporation de poser les problématiques, les contraintes, les préoccupations, mais aussi les propositions que nous pensons être à même d'améliorer le secteur. Je pense que nous avons besoin d'un cadre organisé et formel qui puisse, de manière professionnelle, dégager des propositions et un plan de charge capable d'augmenter l'attractivité de notre destination, mais aussi d'améliorer la qualité de la prestation de nos établissements hôteliers. Il est évident qu'il reste beaucoup à faire aussi en termes de la qualité de la prestation, de la formation de la ressource humaine, de l'expertise et de l'hygiène des produits touristiques. Notre fédération est aussi là pour défendre et préserver les intérêts moraux et matériels de tous les exploitants hôteliers. Le Financier : De ce point de vue, pensez-vous que l'Algérie puisse, à terme, ambitionner de devenir, à l'instar de nos voisins, une vraie destination touristique ? Karim CHERIF : Je voudrais répondre à votre question pour vous dire que je suis fondamentalement optimiste quant au devenir d'un secteur qui est maintenant compris comme une véritable alternative à la dépendance aux hydrocarbures et une source de revenus importante en devises pour notre pays. Toutefois, la comparaison avec nos voisins immédiats qui ont intégré depuis plus de 50 ans le tourisme comme une priorité stratégique nationale est difficile. En effet, comme je vous l'ai dit, le tourisme est avant tout un état d'esprit, une culture et des modes de fonctionnement sociaux qui s'enracinent dans le vécu quotidien et qui a des conséquences dans la perception et dans l'image que véhicule un pays. Nos voisins immédiats dont vous parlez ont «sanctuarisé» le tourisme comme un vecteur essentiel de leur développement. Ils ont privilégié un tourisme que l'on peut appeler de masse avec un accès sans contrainte envers les flux d'investissements étrangers. Nous ne pouvons pas lutter avec des pays qui, par exemple, permettent l'entrée des ressortissants étrangers en les dispensant de visas. Vous comprendrez, concernant uniquement ce point, que notre légitime politique de réciprocité nationale assise sur des considérations qui nous sont propres pourra difficilement appliquer cette mesure. Il nous reste donc à développer un tourisme alternatif différent construit sur la recherche de l'authenticité. Il est possible, pour un pays comme le nôtre qui ne manque pas de ressources financières, de trouver les moyens en concertation avec l'ensemble des acteurs et des professionnels du tourisme en liaison avec les pouvoirs publics de réfléchir à des plans d'action pluriels et multisectoriels pour doter notre pays d'un cadre législatif et incitatif clair et irréversible qui permettrait de faire décoller définitivement notre secteur.