L'opposant tunisien Mohamed Brahmi a été enterré samedi à Tunis alors que se poursuivaient les manifestations de colère après le retrait d'au moins 52 députés de l'Assemblée nationale constituante. Mohamed Brahmi a été assassiné jeudi dernier dans le deuxième crime politique perpétué en Tunisie après celui de Chokri Belaid le 6 février dernier. Parallèlement à ces obsèques auxquelles étaient présentes des personnalités politiques et syndicales, des milliers de tunisiens ont manifesté dans les rues de Tunis scandant des slogans dénonçant «le crime politique» et appelant au renversement du Gouvernement, le jugement des assassins du défunt Brahmi, et à identifier les commanditaires de cet assassinat qu'ils ont qualifié de «planifié». Les manifestants ont revendiqué également la «dissolution» de l'Assemblée constituante, le «renversement» du Gouvernement et la fin de la légitimité de la transition, alors que des hélicoptères survolaient le ciel de Tunis. Avant la mise en terre du défunt, une voiture de la police a explosé du coté de la Goulette, devant le centre des garde-frontières maritimes, dans la banlieue de Tunis, sous l'effet d'une bombe artisanale, selon une source sécuritaire. Dans le Gouvernorat de Gafsa, une personne é été tuée et cinq autres ont été blessées au cours d'affrontements vendredi soir entre manifestants et forces de l'ordre, alors que dans le gouvernorat de Monastir les manifestants ont demandé un changement de gouvernement, la dissolution de l'Assemblée constituante et la formation d'un gouvernement de salut national. La coalition politique du «Front populaire», le mouvement «Nidaa de Tunis» ainsi que d'autres formations politiques avaient décidé de former une haute institution «de salut national» qui serait chargée d'achever la rédaction de la constitution dans un délai de deux mois avant de le soumettre à un référendum populaire et de dissoudre l'Assemblée constituante. Cette institution serait chargée également, selon ses initiateurs, de former un Gouvernement de salut national dont les membres très restreints n'auront pas le droit de présenter leur candidature aux prochaines élections, et dont la présidence serait confiée à une personnalité nationale indépendante de consensus dont le programme d'action comporterait des mesures urgentes à prendre dans les domaines économique, social, politique et sécuritaires et la préparation «d'élections démocratiques, intègres et transparentes». Au total, 52 députés se sont retirés de l'Assemblée constituante, dont 42 du mouvement «Nidaa Tounès» et 10 de l'Alliance démocratique.