Faire un parallèle entre les années 1980 et aujourd'hui pour ce qui concerne la wilaya de Jijel, née du découpage administratif et territorial de 1974, permet de dire sans hésiter que cette région réputée fermée, a enregistré des évolutions résultant de l'effort d'investissement consenti par l'Etat au fil des années, pour son développement harmonieux et équilibré. Entre les atouts dont dispose cette wilaya —qui accueille jeudi le Premier ministre Abdelmalek Sellal pour une visite de travail et d'inspection—, et ses ambitions affichées, il reste beaucoup à faire dans de nombreux domaines socio-économiques nés des exigences nouvelles. Une remarque restée dans les annales, émise par un haut responsable du pays dans les années 1980 selon laquelle «Jijel est en retard d'un plan» reste encore de mise. Même le citoyen anonyme est d'avis avec ce constat où des lacunes se font jour pour permettre une mise à niveau de cette wilaya qui ne souhaite qu'avancer. De par sa position géographique stratégique autour du bassin méditerranéen et l'importance de son réseau infrastructurel combiné à la diversité des milieux physiques avec la richesse des ressources naturelles, Jijel est appelée à jouer un rôle moteur non-négligeable dans la dynamique d'intégration et de développement régional, notamment dans la promotion des échanges euro-africains. A ce titre, le grandiose port de Djendjen, opérationnel au début des années 1990, s'avère un élément moteur dans la stratégie future de développement de cette wilaya de 2.398 km2 et disposant d'une façade maritime de 120 km. Le réseau routier appelé à faire une «percée de taille» Longtemps considéré comme l'épine dorsale de toute entreprise de développement, le réseau routier, s'il a connu de notables avancées, est appelé à faire une «percée de taille» avec la future pénétrante autoroutière entre le port de Djendjen et la wilaya de Sétif. Ce tronçon de 100 km de routes à double voie, devant traverser trois wilayas (Jijel, Mila et Sétif), constituera le sésame du désenclavement qui a de tous temps freiné l'essor socio-économique et culturel de la wilaya et d'un important hinterland (arrière pays). Longtemps «prisonnière» de la faiblesse du maillage de son réseau routier ou de son état physique, cette région septentrionale, au relief montagneux, veut dépasser toutes les difficultés pour se mettre au diapason du développement socio-économique et culturel au profit de ses populations, dont une importante frange est éparpillée dans des zones rurales et montagneuses, souvent difficiles d'accès en raison des reliefs et de la topographie des lieux. Bénéfique tout autant pour Jijel que ses wilayas limitrophes, cet axe autoroutier sera aussi une bouffée d'oxygène pour le port de Jijel dont les activités ont pris de l'ampleur depuis ces dernières années. Dans ses programmes d'action sur le terrain, la wilaya de Jijel a pris, ces dernières années, le taureau par les cornes avec le lancement d'un ambitieux programme de réhabilitation, de modernisation et de mise à niveau de son réseau routier intra et extra wilaya, à l'image de la RN 43 dont la chaussée a été élargie et dédoublée pour répondre au trafic de plus en plus croissant, généré par le développement de certaines activités économiques, notamment au niveau du port de Djendjen. Il va sans dire qu'à Jijel, tous les espoirs sont fondés sur la future pénétrante autoroutière, entre le port de Djendjen et l'autoroute est-ouest sur plus de 100 km, axe appelé à jouer un rôle éminemment important dans l'intégration économique et spatiale de la région et permettre de relier directement les installations de ce port à l'autoroute, au niveau de la wilaya de Sétif (RN 5), selon les responsables en charge du secteur des travaux publics. La «cerise sur le gâteau» est indubitablement la double voie ferrée express, projetée en parallèle à cette bretelle autoroutière, qui mettra fin à un enclavement séculaire et non moins légendaire vécu par l'antique Igilgili. Avec cette voie ferrée, Jijel ne sera qu'à un «jet de pierre» de la capitale des Hauts-plateaux, soit une demi-heure de rail, estiment les responsables de la wilaya. Un autre atout, et non des moindres, est celui des ressources hydriques qui fait la fierté de cette région du nord-est, l'une des plus pluvieuses en Algérie. L'une des plus pluvieuses du pays Les précipitations moyennes annuelles enregistrées dans la wilaya se situent entre 800 et 1.200 mm/an et atteignent exceptionnellement les 1.800 mm/an avec une saison des pluies qui dure environ six (6) mois. Véritable réservoir hydrique, la wilaya de Jijel, qui dispose de plusieurs barrages en fonction aussi bien pour l'AEP que pour l'irrigation des terres agricoles, sera à partir de juin 2014 au rendez-vous pour le transfert des eaux du barrage de Tabellout (en cours de réalisation) vers l'ouvrage hydraulique en construction à Draa Diss, en construction dans la wilaya de Sétif. Cette échéance avait été fixée par le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib, lors de sa visite dans la région à la mi-avril dernier, rappelle-t-on. Ce transfert acheminera annuellement un volume de 189 millions de m3 de la retenue de Tabellout vers celle de Draâ Eddis, non loin d'El Eulma, dans la wilaya mitoyenne de Sétif et permettra d'alimenter la région céréalière d'El Eulma au moyen de 42,5 millions de m3 (soit 23%) destinés à l'alimentation en eau potable (AEP) et de 148 millions de m3 (soit 77%) pour l'irrigation de 30.000 hectares de terres agricoles. Les ouvrages hydrauliques réalisés ou en cours de lancement, comme celui d'Irdjana (86 millions de m3), inscrit dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, augure de lendemains meilleurs pour cette région. Dans la dynamique de développement enclenchée ces dernières années, des efforts ont été engagés pour booster l'essor de la région, mais il reste toutefois beaucoup à faire pour assurer la satisfaction des besoins sans cesse croissants des populations. Il s'agit, entre autres, des besoins en logements où il y a manifestement une forte demande, en infrastructures de santé, sportives, d'éducation, de loisirs, d'électrification, de raccordement en eau potable, d'emploi… des actions de désenclavement, au sens propre du terme. Dans cette wilaya, de grands espoirs sont aussi fondés sur la zone de Bellara, en friche depuis l'annonce du projet de complexe sidérurgique et puis de zone franche. En dépit des insuffisances constatées çà et là, la situation géographique et stratégique de la région et ses atouts naturels incontestables pour sa promotion, des efforts devraient encore être déployés pour une meilleure valorisation des ressources locales et la redynamisation des infrastructures structurantes existantes notamment, le port de Djendjen, la liaison autoroutière Jijel-Hauts plateaux, l'aéroport Ferhat Abbas, la valorisation des zones pour le développement du secteur du tourisme, considéré comme un socle de l'activité économique de la wilaya.