«Oh mon Dieu, nous n'avons jamais vu cela auparavant « s'est exclamé un des agents enquêteurs dans ce qui fut le début d'un attentat qui aurait pu être catastrophique pour les 278 passagers du A330 de Delta AirLines, la compagnie propriétaire de Northwest, vendredi dernier à Detroit, dans le Michigan. On parle d'un «explosif d'un type nouveau et difficile à détecter». Au fur et à mesure que l'enquête avance, plusieurs éléments ne trouvent toujours pas de réponses à part le fait que l'auteur présumé de l'attentat raté, une vingtaine de minutes avant l'atterrissage de l'avion en provenance d'Amsterdam, est un jeune de 23 ans, élève-ingénieur en mécanique de la prestigieuse University College de Londres, originaire du Nigeria. Le comble, sans être sur la «black list» des voyageurs vers les États-Unis, il était bel et bien sur la «watch list» américaine depuis deux ans. Et sans aucun problème, semble-t-il, il a réussi à obtenir un visa d'entrée aux États-Unis délivré par les autorités compétentes à Lagos. À Amsterdam où il était en transit, il n'a pas, non plus, fait l'objet d'un contrôle qu'impose pourtant la «watch list». De quoi soulever une brochette de questions quant à l'efficacité des systèmes de contrôle au niveau de certains aéroports dont celui d'Amsterdam qui se présente comme étant l'un des mieux équipiers en Europe. L'auteur des faits est Abdul Farouk Abdulmutallab, ou Oumar Farouk Abdulmutallab, âgé de 23 ans. Il se serait présenté au FBI comme ayant des liens avec Al-Qaïda, mais selon plusieurs sources, la police fédérale américaine examine en priorité l'hypothèse qu'il ait agi seul. L'University College de Londres (UCL) a confirmé, samedi matin, qu'un étudiant portant cette seconde identité avait effectué des études d'ingénieur dans l'établissement entre 2005 et 2008. Il aurait aussi affirmé s'être procuré l'explosif au Yémen, pays où il aurait aussi pris ses ordres. Il est le fils d'un banquier récemment retraité. Pour avoir fréquenté pendant un laps de temps assez réduit au moins deux aéroports dans des continents différents, Abdulmutallab a fait déclencher une vaste enquête internationale. Les autorités nigérianes s'engagent à y contribuer le plus efficacement possible et, de son côté, la police britannique fouillait dès samedi matin, entre autres, un immeuble de haut standing où le présumé terroriste aurait séjourné dans un quartier chic de Londres. Abdulmutallab aurait collé sur sa jambe de la poudre explosive qu'il voulait faire exploser en la mélangeant avec un liquide contenu dans une seringue. Le suspect «aurait pu être en contact avec l'imam américain (Anwar) al-Aulaqi», installé au Yémen, et dont le nom a été cité dans l'affaire de la fusillade qui avait fait 13 morts et 42 blessés sur la base militaire de Fort Hood (Texas) le 5 novembre dernier. De spéculation en spéculation, toutes les questions sont aujourd'hui permises à la lumière de ce qui s'est passé quelques minutes avant l'atterrissage du A330 à Detroit. Le moins averti se demande alors comment un tel individu, recensé dans les bases de données des services de sécurité américains a pu embarquer à Amsterdam à bord d'un avion à destination des États-Unis sans qu'il fasse l'objet d'un contrôle plus serré. Voilà pour la première. Quant à la seconde, on se demande tout bonnement comment se fait-il que le présumé auteur de l'attentat ait bénéficié d'un visa d'entrée en Amérique. Deux interrogations qui pourraient remettre en cause toute l'efficacité et la fiabilité des services de sécurité et surtout la question de la coordination à divers niveaux. Comme pour disculper certains départements directement impliqués dans l'organisation de la sécurité on met déjà en avant le fait que le suspect a utilisé «un engin relativement sophistiqué» et d'un nouveau type que les appareils de contrôle n'ont pas pu détecter. D'où une des premières réactions spontanées : « On n'a jamais vu cela auparavant ! «. Par Abdelkader DJEBBAR de Detroit - USA