Ce qui n'était que soupçon s'est confirmé lundi soir après la revendication par Al Qaîda de la tentative avortée à bord de l'avion des Northwest Airlines. Al Qaîda dans la péninsule arabique a revendiqué lundi soir la tentative d'attentat perpétrée par un jeune Nigérian sur un vol Amsterdam-Detroit, qui aurait affirmé avoir été entraîné dans un camp du réseau extrémiste au Yémen. Dans son communiqué, mis en ligne sur des sites islamistes, Al Qaîda affirme que Umar Farouk Abdulmutallab, «le frère nigérian, est passé à travers toutes les barrières de sécurité pour son opération, brisant le grand mythe du renseignement américain». «Il a utilisé une technique d'explosifs développée par les moujahidine dans les ateliers d'Al Qaîda dans la Péninsule arabique», basée au Yémen, ajoute le texte, sans toutefois en apporter la preuve matérielle. Le réseau extrémiste reconnaît qu'une «erreur technique» est à l'origine de l'échec de la tentative de faire exploser l'avion. Umar Farouk Abdulmutallab, 23 ans, a tenté vendredi de faire exploser un avion de ligne américain, en provenance d'Amsterdam, qui s'apprêtait à atterrir avec ses 278 passagers et 11 membres d'équipage à Detroit (nord des Etats-Unis). Il a avoué avoir injecté à l'aide d'une seringue un liquide chimique dans de la pentrite, un explosif très puissant qui peut être activé par un détonateur ou une très forte chaleur. La poudre explosive était cachée le long de sa cuisse et ce procédé lui aurait permis de passer les contrôles de l'aéroport d'Amsterdam-Schipol, jugés très rigoureux. Ce jeune Nigérian musulman, fils d'un riche banquier et étudiant brillant, aurait affirmé au FBI avoir bénéficié d'un entraînement au Yémen dans le réseau d'Oussama Ben Laden, selon des enquêteurs cités par les médias. Les Etats-Unis se sont toutefois montrés prudents quant à un lien entre l'attentat manqué et Al Qaîda. Al Qaîda, qui a revendiqué les attentats du 11 septembre 2001, a renforcé sa présence au Yémen depuis plusieurs années, profitant de l'instabilité d'un pays où le gouvernement central doit faire face à une rébellion dans le nord et des revendications séparatistes dans le sud. La famille d'Umar Farouk Abdulmutallab a confirmé qu'il s'était rendu dans ce pays cet été, d'où il a coupé les ponts avec ses proches. La revendication de cette organisation régionale, née de la fusion en janvier des branches saoudienne et yéménite d'Al Qaîda sous la direction du Yéménite Nasser al-Wahashi, intervient alors que Sanaa a intensifié sa lutte contre le groupe, après plusieurs années d'inaction. Entre le 17 et le 24 décembre, l'armée yéménite a tué 68 combattants jihadistes lors d'opérations dans l'est du pays, selon des sources militaires. Selon la presse américaine, l'armée yéménite est entraînée par des membres des forces spéciales américaines depuis un an. Le Yémen, pays d'origine d'Oussama Ben Laden, a été le théâtre ces dernières années d'attentats, la plupart revendiqués par Al Qaîda, contre des missions diplomatiques, des installations pétrolières et surtout des touristes étrangers. C'est aussi dans le port d'Aden qu'un commando d'Al Qaîda avait attaqué le destroyer américain USS Cole en octobre 2000, provoquant la mort de 17 marins. Washington ainsi que ses alliés dans la région, Arabie Saoudite en tête, s'inquiètent de voir le Yémen devenir un sanctuaire pour Al Qaîda comme le fut l'Afghanistan. Le Yémen est devenu «une base régionale potentielle d'opérations à partir de laquelle Al Qaîda peut planifier des attentats, entraîner des recrues et faciliter les mouvements de ses agents», avait averti en octobre Michael Leiter, directeur du National Counterterrorism Center (Nctc), un organisme gouvernemental américain. Riyadh, qui avait réussi à démanteler la cellule d'Al Qaîda dans le pays, est d'autant plus inquiet que le chef de la lutte antiterroriste, le prince Mohammed Ben Nayef Al-Saoud, a échappé à un attentat perpétré fin août par un membre du réseau.