La demande de logements se situe à 1,6 millions d'unités, selon Abdelmadjid Tebboune, ministre de l'Habitat et de la Ville qui s'exprimait dans une interview au journal on-line TSA. Selon le ministre, à l'achèvement du plan quinquennal 2010-2014, il ne restera qu'un million de demandes à satisfaire. Et de préciser : «Le plan quinquennal 2010-2014 prévoit la réalisation de 2,6 millions de logements. 900.000 sont des logements ruraux dont 80% sont en chantier. Nous avons donné la première aide. Sur un million de logements sociaux locatifs prévus, nous avons réceptionné 560.000 logements. Les autres sont en chantier. Il y a 350.000 logements promotionnels aidés (LSP et LPA). Les promoteurs ont été choisis, les listes des bénéficiaires fixées. Pour ce type de logement, 78% sont en chantier, les autres ont été réceptionnés. Pour le LPP (logement promotionnel public), on a prévu 150.000 logements et le programme reste ouvert, selon la demande. Pour la formule AADL, il y a 230 000 logements à réaliser, et la demande se situe entre 350.000 et 400.000 unités». M. Tebboune ajoutera que l'objectif des pouvoirs publics est de mettre en chantier tout le programme quinquennal et d'achever au moins 70% des logements avant fin 2014. «Nous allons investir 60 milliards de dollars dans la réalisation de logements sur cinq ans». À propos du fichier national du logement, M. Tebboune assure que celui-ci « existe et il est fonctionnel depuis quatre mois et utilisé par de nombreux ministères. Il est actualisé en fonction de la distribution des logements et de l'octroi des aides de l'Etat pour la réalisation de tout type de logement. Ceux qui ont bénéficié d'un logement, ou d'une quelconque aide de l'Etat y sont inscrits. Depuis la mise en place de ce fichier, il y a moins de contestations des listes de bénéficiaires de logements. Ce fichier permet justement à l'Etat de contrôler les aides au logement et d'assurer la justice sociale ». Les cités dortoirs seront désormais interdites Sur la qualité du cadre de vie, le ministre reconnait qu'au début des années 2000, la priorité était donnée à la quantité. Il s'agissait de loger les gens. Cependant, la crise s'étantatténuée,selon lui, la préoccupation des pouvoirs publics est de « reconstruire le pays, selon les normes internationales. Les cités-dortoirs sont désormais interdites au profit des cités intégrées dotées de tous les équipements nécessaires : poste, dispensaire, écoles, espaces verts, parkings, téléphone, restaurants, crèches, mosquée, etc. Des cités où l'on vit. Nous avons l'ambition de rattraper les cités construites lorsque l'assiette foncière le permet.» Pour arriver à cette norme de qualité, le ministre dira : «Nous allons obliger les promoteurs à prévoir des places de parkings, à utiliser des matériaux produits localement et interdire l'utilisation de la quincaillerie d'importation lorsque sa substitution par la production locale est possible. Aujourd'hui, le bâtiment algérien est intégré à 75%. La construction de logements doit profiter à la production nationale. Mais il n'est pas facile d'allier la qualité et l'urgence de la résorption de la crise du logement». Mais pour le ministre, tout le problème «est de trouver des entreprises nationales capables de le faire. Nous utilisons encore des procédés de construction archaïques et des matériaux datant de la Deuxième Guerre mondiale comme le parpaing. L'entrepreneur de bâtiment doit disposer de moyens modernes de réalisation, investir dans la fabrication du béton, adopter les nouvelles techniques de réalisation qui nous fassent gagner du temps et qui raccourcissent les délais de réalisation.» Entreprisesalgériennes : la nécessaire mise à niveau Dans ce sens, le ministre dira que «sur les 5.000 entreprises de BTP recensées, il y a une centaine dont la qualification varie entre 7 et 9, 400 ont des qualifications de 6 à7 et le reste, donc la grande majorité, sont des tâcherons aux moyens de réalisation rudimentaires». Et de poursuivre dans un véritable constat de carence des entreprises algériennes: «En 2012, nous avons eu 1.700 appels d'offres infructueux dans le bâtiment. Des zones entières comme les Hauts-Plateaux et le Sud sont désertées par les entreprises qui sont concentrées dans les grandes villes du Nord. Plus de 50% des entreprises algériennes n'ont pas de moyens de construire des logements en hauteur. Elles ne disposent pas de coffrages métalliques, de centrales à béton, etc. Maintenant, le bâtiment est usiné. Celui qui veut des projets doit moderniser ses moyens de réalisation. Je constate amèrement que l'Algérie a régressé en termes de rapidité et de qualité de construction de logements. Dans les années 1980, nous avions des entreprises qui faisaient de la préfabrication lourde comme l'ex-DNC, Ecotec, etc.» Pour les projets ambitieux exigeant une haute qualité d'intervention, l'appel aux entreprises étrangères semble être le choix adopté par les pouvoirs publics. Une short-liste d'une trentaine d'entreprises étrangères est retenue. Toutes les entreprises étrangères ont répondu à l'appel, selon le ministre : «Pour le moment, l'Italie, le Portugal, l'Espagne, la Turquie et la Chine sont présents. La France pas encore ! Les entreprises françaises proposent des prix trop élevés alors que les groupes portugais, italiens, espagnols s'adaptent à notre marché. Je ne comprends pas l'attitude des groupes français. Leurs prix ne sont pas justifiés. Il y a des taxes en France qui n'existent pas en Algérie. Les coûts de la main d'œuvre, de l'énergie et des matériaux sont inférieurs de 90% par rapport à la France. Nous ne demandons pas la charité et nous n'acceptons pas la spéculation.». Et d'ajouter, comme pour rassurer les candidats : « Les entreprises qui viennent travailler en Algérie ont la garantie d'être payées, de transférer leurs bénéfices et de gagner de l'argent.»