Yasmine Bouchène, 23 ans, associée dans une entreprise de design interactif et de digital. Elle est directrice de publication d'alhubeco.com. B. Yasmine s'est confié au Financier en réagissant à la commercialisation imminente de la téléphonie mobile de troisième génération (3G). A elle seule, cette jeune femme chef d'entreprise peut constituer le baromètre de la corrélation TIC-Entreprise de jeune. Le Financier : Vous êtes décrite comme étant la «geek par excellence» en Algérie et vous suivez l'actualité des TIC tout en occupant un poste de responsabilité dans une société moderne et spécialisée dans ce domaine. Comment réagissez-vous à l'annonce imminente du lancement commercial de la 3G? Yasmine Bouchène : Le terme geek est un titre que je porte très mal. Je travaille dans le domaine du web où je suis consultante tout en gérant ma startup. L'annonce imminente de la 3G est bienvenue car elle permettra d'être un des leviers de l'économie digitale et numérique en Algérie. LF : Justement, sur le plan économique, pensez-vous qu'il y aura un saut dans les habitudes des entreprises algériennes, souvent critiquées pour une modeste voire inexistante intégration des TIC ? Y.B. : Il est impératif que les entreprises usent plus des nouvelles technologies et prennent conscience de l'apport qu'elles permettent. Un investissement sur le web aujourd'hui permet à n'importe quelle entreprise, quelle que soit sa dimension, d'acquérir une nouvelle audience et des opportunités. La 3G accroitra le nombre de mobinautes, forçant la main aux entreprises de façon à être présentes sur le web, mais aussi sur mobile LF : D'après vous, quel sera le type d'offres que pourront proposer des entreprises telles que la votre par exemple aux autres PME et sociétés afin d'optimiser l'exploitation de la 3G ? Y.B. : Il s'agira de solutions applicatives, de versions mobiles mais aussi d'installations interactives qui pourront booster le secteur de la communication, de la publicité et bien d'autres. C'est l'économique numérique de l'Algérie, et son potentiel de développement, qui sont en jeu LF : Dans le monde des affaires il est important de maitriser les couts et gérer les trésoreries ce qui pousse les entreprises à tergiverser quant à l'investissement dans des applications mobiles par exemple. Est-ce que vous vous attendez à plus d'ouverture vers les TIC de la part des entreprises et est-ce que les prix des offres sont abordables pour une PME? Y.B. : J'espère une plus grande ouverture des entreprises, et des PME, vis-à-vis des nouvelles technologies. Même si nous constatons déjà un élan encourageant. Les offres sont déjà adaptées aux PME. De nombreuses entreprises se positionnent et ciblent avant tout les PME, qui en utilisant les nouvelles technologies, pourront s'assurer un ROI assez important. Le web et les réseaux sociaux étant des lieux où le client potentiel est souvent présent. LF : L'Algérie est l'un des derniers pays dans le monde à intégrer cette technologie (la 3G). Ce retard a-t-il eu un impact sur vos activités par le passé et comment avez-vous pu gérer cette carence en qualité d'internet ? Y.B. : Le manque d'internet mobile a causé du tort aux utilisateurs en eux-mêmes, qui n'avaient pas la possibilité d'être dans l'instantané. Il a été aussi difficile d'en faire autant, de partager une information sur internet à la minute, si une connexion wifi n'était pas adjacente. Les campagnes publicitaires qui demandaient une connexion internet constante et mobile posaient aussi un souci, mais nous avons toujours su nous adapter afin de palier à ce manque. La 3G a été annoncée pour la première fois il y a 9 ans. Si certains ont perdu espoir, d'autres ont appris à faire sans. LF : L'ère à présent est au développement des contenus et applications nécessitant la 3G. Comment voyez-vous le développement de ce créneau en Algérie ? Est-ce qu'un nouveau marché va réellement émerger ? Y.B. : Le nouveau marché émerge déjà et les entreprises du secteur ne demandent qu'à faire développer ce potentiel davantage. La 3G, l'e-paiement et d'autres outils ne permettront que d'accélérer le processus et de créer une dynamique. LF : Etes-vous optimiste quant à la qualité des offres qui seront proposées incessamment par les trois opérateurs ? Y.B. : Oui, les opérateurs comprennent l'intérêt économique d'un tel lancement et seront dans une optique de concurrence, qui ne sera pas sans nous rappeler les premières heures de la téléphonie mobile en Algérie.