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Me Miloud Brahimi déplore la non-application des décisions du président de la République : La «bureaucratie judiciaire» bloque la dépénalisation de l'acte de gestion
Une «bureaucratie judiciaire» est à l'origine du non-respect des orientations «claires» et «fermes» données par le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, pour dépénaliser l'acte de gestion, a déploré mardi à Alger, le bâtonnier et militant des droits de l'Homme, Me Miloud Brahimi. «Le président de la République a donné des instructions très claires et fermes pour dépénaliser l'acte de gestion, malheureusement, la bureaucratie en générale, et particulièrement judiciaire, les a vidées de leur substance», a indiqué Me Brahimi lors de son passage à l'émission «L'invité de la rédaction» de la chaîne III de la radio algérienne. Pour lui, la lutte contre la criminalité économique ne nécessite pas la création de «grandes commissions», mais plutôt suivre le modèle des grands pays industrialisés qui ont modernisé leur législation en la matière, a-t-il fait comprendre. Me Brahimi qui rejette la criminalisation du délit économique, a appelé, dans le même contexte, à la «suppression» des articles 26 de la loi 06-01 et 29 et 119 bis du code pénal car jugés «complexes». A une question sur la corruption en Algérie, l'avocat a estimé que «le vrai combat à mener contre ce phénomène doit se régler au niveau de la prévention», saluant, par ailleurs, le rôle joué par la presse écrite qui, a-t-il dit, «est une presse qui s'exprime en toute liberté» sur le sujet, chose qui «n'existe pas dans les autres pays du même niveau économique et social». A propos de la criminalité contre les enfants, Me Brahimi, premier président de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, s'est dit «choqué» et «scandalisé» par le fait d'utiliser «le cas dramatique des enfants violentés par des malades mentaux pour essayer de rétablir la peine de mort». Rappelant qu'il était un abolitionniste de la peine de mort, une peine qu'il qualifie d'atteinte «gravissime» aux droits de l'Homme, l'avocat a estimé que le durcissement des peines ne réduirait pas forcement la criminalité contre les enfants, suggérant, à ce propos, d'engager une réflexion pour améliorer les conditions du fonctionnement de la société algérienne. Invité à donner son avis sur le domaine de la justice en Algérie, l'avocat a tenu à préciser que la liberté de la justice était «mal comprise» car son vrai sens, a-t-il noté, était de «permettre au juge d'appliquer toute la loi et non de lui donner la liberté pour ne faire qu'à sa tête». Il a aussi déploré la façon selon laquelle est appliquée la détention préventive qu'il considère comme une «condamnation préventive», en dépit de la «clarté» des textes de loi en la matière. «Il faut dire que les textes qui régissent la détention préventive sont clairs et bons, mais leur application ne l'est pas», a-t-il dit, tout en rejetant l'idée de la suppression de cette détention qui «doit être ordonnée que lorsqu'elle est strictement nécessaire et non d'une manière arbitraire». A propos des droits de l'Homme en Algérie, Me Brahimi a reconnu que le combat des droits de l'Homme est une «réalité», rappelant qu'il a commencé au début des années 1980 et permis de comprendre que ce combat était «indissolublement» lié à la démocratisation du pays. «Il est clair qu'il y a eu beaucoup de progrès et d'avancées en terme de droits de l'Homme et de démocratisation en Algérie, mais il reste beaucoup à faire sur le plan politique, économique, syndical et judiciaire», a-t-il souligné. Concernant les droits de la Femme, le bâtonnier a réitéré la nécessité de l'amendement du Code de la famille pour assurer une «totale égalité» entre l'homme et la femme, même s'il salue les quelques avancées enregistrés dans le domaine. A une question sur la situation de la société civile algérienne, l'invité de la chaîne III de la radio nationale a estimé qu'elle était en «mauvais état» car «décimée, laminée et décapitée» durant les années de terrorisme, ajoutant, toutefois, qu'elle évoluait dans la «bonne direction».