Après deux mois d'enquête dans les écoles d'Alger, une commission de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) a déploré plusieurs défaillances qui ne sont que ‘'le résultat du manque de coordination entre les différents secteurs intervenant dans la gestion des établissements scolaires''. «Une des principales conclusions à laquelle nous sommes parvenues après deux mois d'enquête, c'est qu'il n'y a pas de coordination entre les différents secteurs» intervenant dans les écoles, a affirmé dimanche soir le président de la commission de l'éducation de l'APW, Mohamed Tahar Dilmi. Pour lui, si des établissements ne sont pas encore dotés de chauffages, de terrains de sport, de mobilier neuf, ou souffrent de la surcharge des classes, c'est parce que l'APC, le wali délégué, la Sonelgaz, les directions de wilaya de l'éducation, de la santé et de la jeunesse et des sports ne coordonnent pas leurs actions. Sur les 80 unités de suivi et de dépistage, (UDS), des structures dédiées à la santé scolaire, inspectées par les élus à l'APW, 70 disposent d'un équipement médical, notamment le fauteuil dentaire, acquis sur le budget de wilaya, qui n'est pas fonctionnel depuis deux à sept ans, justement faute de coordination, mais aussi de suivi, selon cette commission. Le résultat de ce manque de concertation est là: «En 2014, au lieu de débattre des questions de pédagogie à la lumière des nouvelles technologies, nous continuons malheureusement de parler de l'électricité, du chauffage et de l'étanchéité dans les écoles», a déploré M. Dilmi. Le chef de la délégation a appelé au changement des mentalités considérant que les différents secteurs sont condamnés à conjuguer leurs efforts ne serait-ce que parce que la wilaya enregistre 760.000 élèves (8% du nombre global à l'échelle nationale). La deuxième principale conclusion tirée par les élus de leur enquête est que la situation générale de l'établissement reflète la personnalité du son directeur. «Au sein de l'école, tout dépend du directeur. S'il veille à la bonne marche de son établissement tout ira bien, s'il traîne le pas, c'est la catastrophe. Nous avons vu des écoles qui méritent d'être fermées une bonne fois pour toute», a-t-il indiqué. Les élus se disent convaincus par ailleurs que la présence de débarras et de décharges sauvages dans les écoles, l'absence d'hygiène surtout dans les blocs sanitaires, et la «démission morale» des parents d'élèves sont des problèmes de gestion courante où le chef de l'établissement joue un rôle prépondérant. D'importants écarts de gestion ont été à ce titre constatés d'une école à une autre qui ont parfois les mêmes moyens, mais dont les gestionnaires n'ont pas la même volonté de réunir les conditions nécessaires à la réussite scolaire de leurs élèves. Ces écarts ont par ailleurs permis aux élus de tirer une troisième grande conclusion de leur travail sur le terrain, à savoir la démystification du fléau de la «violence en milieu scolaire» devenu un thème à la mode ces dernières années. «Avant, nous avions une certaine idée de la violence dans le milieu scolaire. Maintenant, nous sommes convaincus que l'environnement au sein de l'école participe à hauteur de 50% à l'apparition de ce fléau», estime M. Dilmi. «Dans les écoles où le directeur veille à l'entretien, nous avons remarqué que les élèves étaient joyeux et calmes. Mais là où c'est le laisser-aller qui prévaut, les élèves en rajoutent sans modération à la dégradation générale», a-t-il expliqué. Après ce travail d'enquête, l'APW compte organiser prochainement des journées d'études suivies d'une conférence sur les états généraux du secteur de l'éducation dans la wilaya d'Alger pour améliorer la situation dans les 1.500 écoles de la wilaya avec le concours des 45.000 personnes qui les encadrent.